Tunisie – Europe : Un accord stratégique pour de nouvelles perspectives
C’est bouclé ! De longs mois d’intenses discussions entre Tunis et Bruxelles, soutenues par Rome et La Hay ont fini par aboutir à la signature dimanche à Carthage d’un «mémorandum d’entente sur un partenariat stratégique et global». Cet accord qui met fin à une «incompréhension » par l’Europe d’un contexte tunisien spécifique, rétablit les ponts d’une coopération mutuellement bénéfique.
La voie de la Tunisie a finalement été entendue. Réitérée à maintes reprises par le président Kais Saïed, rappelant les fondamentaux de la souveraineté de la décision nationale, le rééquilibrage des rapports Nord-Sud, et une meilleure gestion, et plus efficace, de la question migratoire dans sa globalité, elle trouve écho et attention pour être consignée dans un accord stratégique.
Au-delà des montants financiers annoncés, l’Europe engage, dans une vision nouvelle, plus exhaustive et substantielle, un soutien effectif et pluriel en faveur de la Tunisie. De son côté, la Tunisie, saluée pour ses efforts, apportera sa pleine coopération à la lutte contre la migration irrégulière. Les deux parties conviendront d’un dispositif de migration circulaire organisée en faveur des Tunisiens pouvant être admis en Europe.
D’ores et déjà, deux rendez-vous sont annoncés : la tenue dimanche prochain à Rome d’une conférence de haute niveau sur la migration, en réponse à l’initiative lancée par le président Saïed. Aussi, un Partenariat de Talents sera mis en œuvre pour promouvoir la migration légale dans l’intérêt des deux parties, en fonction des besoins mutuels et au profit des secteurs d’activités et des métiers identifiés conjointement.
«C’est un package substantiel qui est un investissement dans une prospérité partagée, la stabilité et l’avenir des générations», s’est félicitée Ursula von der Leyen, présidente du conseil de l’Union européenne, ravie de cet accomplissement. Revenue à Tunis pour la deuxième fois en près d’un mois, avec les chefs de gouvernement italien et néerlandais, elle a tenu à souligner toute l’importance de cet accord, à travers ses différentes dimensions.
Booster l’économie tunisienne et renforcer ses capacités de résistances aux aléas de la conjoncture, soutenir la transition climatique et énergétique, promouvoir les échanges entre les jeunes avec notamment plus de bourses d’études et de stages Erasmus en Europe, accroître les investissements et autres axes majeurs s’ajoutent à des aides financières pour plus d’un milliard d’euros.
En sept pages, le mémorandum signé au nom de la Tunisie par Mounir Ben Rejiba, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, et, au nom de l’Union européenne, par Olivér Várhelyi, Commissaire européen à l’élargissement et à la Politique de voisinage, détaille les engagements réciproques. Il exprime surtout une volonté commune d’ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les deux parties, réinstallant la Tunisie dans la place qu’elle mérite à Bruxelles. L’Union européenne se mobilisera aux côtés de la Tunisie. Ce regain d’attention et cet esprit de partenariat qui tient compte des positions exprimées par le président Kais Saïed débloquera sans doute de nombreux dossiers notamment financiers et de coopération laissés en suspens, même avec d’autres institutions. En tout premier lieu, les négociations de prêt entre la Tunisie et le FMI repartiront d’un nouvel élan pour aboutir rapidement à un dénouement favorable.
Sur la question migratoire, composante importante de l’accord, la Tunisie a réitéré sa position de ne pas être un pays d’installation de migrants en situation irrégulière et réaffirmé également sa position de ne garder que ses propres frontières. La lutte sera renforcée contre la migration irrégulière, visant particulièrement les réseaux criminels de passeurs de migrants et de trafiquants d’êtres humains. Un partenariat opérationnel renforcé, dont le contenu est en cours de discussion portera sur une gestion efficace des frontières, le développement d’un système d’identification et de retour des migrants déjà présents en Tunisie vers leurs pays d’origine. Aussi, les deux parties œuvreront à améliorer davantage la coordination des opérations de recherches et de sauvetage en mer.
Par ailleurs, la Tunisie et l’Union européenne conviennent de soutenir davantage le retour et la réadmission de l’UE des nationaux tunisiens en situation irrégulière, dans le respect du droit international, de leur dignité et des droits acquis, et s’engagent à travailler de concert à leur réintégration socio-économiques notamment par l’aide à la création de projets économiques viables et ayant un impact sur le développement local et la création d’emplois.
De nouvelles perspectives s’ouvrent entre la Tunisie et l’Union européen. Un grand pas vient d’être franchi. Il doit se suivre et s’accélérer.
Télécharger le «mémorandum d’entente sur un partenariat stratégique et global»
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