Clôture de l’exposition des œuvres de la collection de Abdelkader Fahem: L’Afrique au faîte de son art à Nabeul
Par Rached Khayati - Après son vernissage le 11 août dernier, l’exposition d’une partie de la collection d’Abdelkader Fahem sur l’Art Africain à l’espace JEELEN ART & EVENTS HOME à Nabeul a pris fin vendredi 8 septembre 2023. Une cérémonie de clôture rehaussée par la présence de Tahar Belkhodja ancien ministre et ancien ambassadeur de Tunisie pendant six ans dans plusieurs pays africains. C’était en fait, une rencontre-débat autour des parcours de deux témoins ayant bien connus l’Afrique subsaharienne, l’expert et enseignant Abdelkader Fahem, et, le diplomate et homme politique Tahar Belkhodja, débat dirigée avec beaucoup de doigté par le doyen Habib Kazdaghli.
Au centre des débats, l’Afrique subsaharienne, l’art africain, la diplomatie tunisienne dans le continent noir et surtout le périple africain du président Habib Bourguiba en novembre 1965 lorsque le président Bourguiba a parcouru huit pays africains. Comme l’a rappelé le ministre Tahar Belkhodja il s’agissait d’une «option majeure pour la politique de Tunisie indépendante que de se lier d’amitiés avec des pays qui venaient eux-mêmes de sortir de la colonisation». Il avait suivi cette politique comme acteur et témoin puisqu’il occupait le poste d’ambassadeur de Tunisie résidant à Dakar, mais représentait son pays dans huit autres pays de l’Afrique de l’Ouest. Il a évoqué que Bourguiba était lié d’amitié personnelle avec les présidents Léopold Sadar Senghor (Sénégal) et Houphouet Boigny (Côte d’ivioire), il se voulait parmi les «sages» et le modérés. Cette politique africaine de la Tunisie remonte au début des années soixante. Belkhodja a rappelé qu’en mai 1963, il avait accompagné le Président Bourguiba et le ministre des affaires étrangères Mongi Slim à la conférence constitutive de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) et qu’il était également présent aux côtés du Président au Caire en juillet 1964, lors du second sommet des présidents africains. Ainsi, le voyage de Bourguiba en novembre 1965, dans huit pays africains se voulait un prolongement d’une ouverture constante et un désir profond de nouer des relations fortes avec des pays frères. Comme l’a rappelé Tahar Belkhodja, c’est bien dans la première étape de voyage, en Mauritanie que Bourguiba annonce «Malgré nos relations affectée avec la France (suite à la guerre de Bizerte). Je vais parrainer avec Senghor la Francophonie par ce que j’y crois».Intervenant à son tour, Abdelkader Fahem, s’est réjoui de la présence de Si Tahar Belkhodja au cours cette cérémonie de clôture. Il a présenté au public comme «un compagnon de l'Uget qu’il connaissait depuis les années cinquante, qu’il avait perdu de vue depuis très longtemps». Il s’agit une s’agit d’une longue expérience d’enseignant et d’expert de l’UNESCO entamé à Dakar en 1968. Il avoue qu’à son arrivée, il a trouvé un terrain balisé et le nom de la Tunisie et de Bourguiba étaient au faite de leur gloire là il est allé ensuite durant une carrière qui s’est prolongée pendant plusieurs décennies. C’est au cours de long parcours en Afrique qu’est née sa passion pour l’art africain, ces statuettes, masques, fétiches, cuillères et autres objets acquis au gré de ses coups de cœur et tout au long de ses pérégrinations, constituant aujourd’hui l’imposante collection dont il dispose et que ce qui a été exposé au public n’en représente qu’un infime partie.
L’événement était un véritable hymne à la négritude si bien chantée en d’autres registres par Senghor et Aimé Césaire, une anthologie de l’art plastique africain qui nous fait voyager à travers mythes et croyances, rites et esthétique. Abdelkader Fahem qui martèle toujours qu’être tunisien, c’est être africain, n’a pas manqué de faire part, à l’occasion, des difficultés, surtout administratives, rencontrées, pour que nous ayons eu le plaisir de contempler, admirer et nous questionner, l’espace de quatre semaines, sur les merveilles de cette collection fruits de mains et de génie créateur d’artistes, qui dans leur majorité, ont appris cet art par tradition familiale. Une belle initiative prise par l’espace Jeelen magistralement dirigé par si Khaled Fkhih, qui, grâce au concours de l’architecte Sami Fahem (le propre fils d’Abdelkader Fahem), a su aménager les lieux et les transformer en véritable galerie: choix des œuvres, mise en place, socles et vitrines, éclairage, cartels etc.… c’est ainsi que l’espace ait pu accueillir, peut –être, pour la première fois une exposition d’Art africain noir dans un pays arabo musulman. Ayant eu le dernier mot pour clôturer cette belle rencontre, Abdelkader Fahem a affirmé son attachement à la tradition de la transmission du savoir et au désir de partager sa passion. C’est ainsi qu’il s’est engagé à répondre positivement aux demandes de faire circuler cette collection d’art africain noir, de même qu’il s’est réjoui de la présence de Mme Hager Sahli, directrice des collections à la Bibliothèque Nationale pour annoncer sa disposition à offrir une partie de ses livres sur l’art à cette honorable institution, pour qu’elle puisse continuer son rôle de gardienne du patrimoine tunisien et universel.
Rached Khayati
Nabeul
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