Un rapport de l'ONU met la lumière sur les défis des jeunes en situation de précarité et les solutions possibles
Plus d’un jeune âgé de 15 à 29 ans sur quatre n’est ni employé, ni en études, ni en formation (NEET). Trois quarts d’entre eux abandonnent leurs études sans obtenir leur diplôme, et plus de 44% de ces jeunes non-diplômés se trouvent dans la situation NEET depuis plus de 5 ans.
«Les NEET en chiffres: Faciliter la transition vers l’emploi» est une enquête réalisée en 2022dans quatre gouvernorats de Tunisie (Gafsa, Kairouan, Monastir et Sidi Bouzid).Cette étude a impliqué 7177 ménages. Le rapport a été officiellement présenté le 29 septembre par le Représentant des Nations Unies en Tunisie, l’Organisation internationale du Travail (OIT) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
L’enquête présente la situation des jeunes âgés de 15 à 29 ans dans les 4 gouvernorats cités, les défis relatifs à leur situation (NEET) ainsi que les solutions à apporter pour faciliter leur insertion professionnelle.
Le rapport souligne l’importance de fournir une écoute adaptée, un accompagnement de proximité et des supports d’information et d’orientation individualisés pour ces jeunes tout au long de leur parcours de la scolarité jusqu’à leur première expérience professionnelle. En effet, la mobilisation des jeunes, le développement et l’inclusion des groupes vulnérables sont des questions transversales liés àl’Agenda2030 et ses 17 objectifs de développement durable.
Les NEET – une population très hétérogène
Les NEET représentent une population hétérogène qui comprend les jeunes «chômeurs» ainsi que les jeunes inactifs ne cherchant pas d’emploi actuellement.
Ce groupe inclut aussi les jeunes qui ne sont pas disponibles pour travailler immédiatement, et qui n’ont pas fréquenté un établissement scolaire ou suivi une formation pendant 2022.
Le taux de NEET traduit un large éventail de vulnérabilités chez ces jeunes.
Les facteurs peuvent être liés à l’abandon scolaire précoce, le chômage, l’inactivité due à des problèmes de transport, de santé ou à des responsabilités familiales. Le désengagement complet est souvent dû à un désintérêt dans la scolarité ou le travail, mais 17% des jeunes NEET inactifs interrogés disent aussi de ne pas chercher un travail parce qu’ils envisagent de quitter la Tunisie.
De plus, le découragement face au marché du travail, en raison des compétences jugées insuffisantes et du manque d’offres d’emploi de qualité, contribue également à la situation NEET.
S’ajoutent à cela les défis auxquels la Tunisie fait face, comme les séquelles à long terme de la pandémie de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine ainsi que le ralentissement de la croissance économique, qui risquent d’amplifier davantage ces entraves à la participation active des jeunes dans le marché du travail et dans la société.
Nécessité d’une approche intégrée tout au long du processus de la scolarité à l’emploi afin d’éviter le chômage ou l’inactivité à long terme
L’enquête montre la nécessité d’adopter une approche intégrée pour répondre à la problématique des jeunes en situation NEET tout au long du processus allant de la fin de la scolarité à l’emploi en tenant compte des besoins différenciés de cette population qui a des aspirations variées.
Les mesures de prévention visant à lutter contre l’échec et l’abandon scolaire précoce sont importantes pour éviter le désengagement des jeunes et leur éloignement du système scolaire et de la vie active.
Plus de la moitié de ces jeunes en situation NEET sont des personnes instruites ayant atteint un niveau d’études secondaires ou supérieures
Pourtant, les trois quarts d’entre eux ont quitté les études sans avoir de diplôme et ne sont pas capables de justifier de l’acquisition de certaines compétences, importantes pour le marché du travail.
La mise en place de programmes pour réengager et réorienter les jeunes qui quittent le système scolaire est également très importante. Pourtant l’étude révèle que seulement moins d’un jeune décrocheur sur dix a été contacté par une structure d’appui ou d’encadrement social en vue d’une réintégration scolaire.
D’autres mesures doivent être prises comme la nécessité de renforcer les services d’accompagnement à la transition entre la fin de la scolarité et le travail.
Un retrait prolongé du marché du travail ou l'abandon peuvent considérablement affecter les opportunités d'emploi et les sources de revenus à long terme.
En effet, deux tiers des jeunes en situation NEET cherchent activement un emploi, mais cette recherche est peu efficace puisque plus de la moitié d’entre eux sont dans la situation NEET depuis plus de deux ans et la moitié d’entre eux n’a jamais travaillé. Malgré cela, les jeunes en situation NEET ont très peu de contacts avec les organismes d'insertion ou de soutien professionnel.
À part des jeunes à Gafsa, moins d’un jeune en situation NEET sur cinq a participé à une formation professionnelle ou à un stage, et seulement un sur cinq de ces jeunes est inscrit à l’ANETI en tant que demandeur d’emploi.
Besoin d’adapter les programmes d’enseignement et de créer d’avantage d’emplois de qualité
Les résultats indiquent également, d’un côté, l’urgence de mieux adapter les programmes d’enseignement aux profils recherchés par les entreprises tunisiennes et, de l’autre côté, le besoin de créer davantage d’emplois de qualité.
Le manque d’expérience professionnelle et de certaines compétences est cité parmi les principaux obstacles à la recherche d’emploi par les jeunes en situation de chômage.
La crainte de ne pas avoir les qualifications nécessaires est l’un des principaux freins qui empêchent les jeunes inactifs d’engager des démarches de recherche d’emploi. D’autre part, seulement moins d’un NEET sur dix ayant déjà travaillé a pu bénéficier d’une couverture sociale dans son dernier emploi, sauf à Monastir où la situation est légèrement meilleure.
Des mesures qui prennent en compte les obstacles à la participation active des femmes
Enfin, plusieurs mesures visant à combattre les obstacles culturels et structurels qui empêchent les femmes de s’engager dans la vie active doivent être prises en compte dans les politiques publiques visant les jeunes femmes en situation NEET.
Les femmes, malgré leur niveau d'éducation et leurs diplômes plus fréquents, ont plus de chances d'être inactives que les hommes.
Les principales raisons de cette inactivité incluent la responsabilité de prendre soin de personnes dépendantes ou d'enfants, des possibilités de déplacement limitées, ainsi que des tâches ménagères, qui sont des obstacles significatifs pour leur recherche d'emploi.
En présentant ce rapport, Arnaud Peral, Coordonnateur Résident des Nations Unies en Tunisie, a souligné l’importance d’une politique transversale et de mesures concertées à destination des jeunes, y compris les populations vulnérables comme les jeunes en situation NEET: «L’inclusion de ces jeunes dépend d’un appui transversal et coordonné de tous les acteurs de la société».
Un nouveau Fonds multi-donateurs pour la jeunesse et l’emploi, récemment créé par les Nations Unies en concertation avec le Gouvernement tunisien, contribuera à soutenir les actions en faveur de l’inclusion productive des jeunes NEET.
Pour lire la version intégrale du rapport et/ ou son résumé, veuillez consultez le site des nations unies en Tunisie : https://bit.ly/3rOngrO
- Ecrire un commentaire
- Commenter