Slim Benghazi: Le diplomate de la première génération (Album photos)
Par Ahmed Benghazi - L’ambassadeur Slim Benghazi vient de nous quitter. Né au Kef en 1920, où son père exerçait comme avocat, la famille se déplacera à Tunis à la fin des années 20, pour s’installer à la rue Sidi-El Béchir. Il passera son enfance à la Médina, et fera ses études à l’école Dar El Jeld puis au Lycée Carnot où il obtiendra son baccalauréat en philosophie. Il ira à Paris à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour des études d’histoire à la Sorbonne. Il fréquentera une partie de l’élite nord-africaine qui y étudiait et qui se retrouvait notamment au sein de l’Association des étudiants musulmans nord-africains en France (Aemna), au 115 Bd Saint Michel.
Jeune militant, actif dans les milieux nationalistes (il a été un des fondateurs de la revue Touness El Fatat, avec Si R’chid Driss et d’autres), il intègre l’administration tunisienne à l’indépendance. Secrétaire général de la Compagnie des chemins de fer à sa tunisification (devenue la Sncft), Si Behi Ladgham, alors secrétaire d’Etat à la Présidence, lui demande de rejoindre le ministère des Affaires étrangères en 1958. Il y prendra la direction de la Division Monde arabe, puis de la Division Europe, où il négociera notamment l’accord de délimitation des frontières maritimes avec l’Italie et participera à la gestion de la crise de Bizerte avec la France.A l’indépendance de l’Algérie en 1962, il sera le premier chargé d’affaires représentant la Tunisie auprès du Gouvernement provisoire de la République Algérienne où il ouvrira la mission tunisienne, avant la nomination d’un ambassadeur (Ahmed Mestiri) quelques mois plus tard.
Proche collaborateur des différents secrétaires d’Etat qui se sont succédé à la tête du Département - Si Mongi Slim puis Habib Bourguiba Jr - Si Slim aura été un des principaux acteurs de la politique étrangère de la Tunisie indépendante. Avec un groupe de jeunes diplomates (dont Taieb Slim, M’hamed Essaafi, Taieb Sahbani, Bechir M’hadhbi, Sadok Bouzayène, Nejib Bouziri, Brahim Turki, Mahmoud Maamouri), ils ont assuré au pays un crédit respecté auprès des organisations internationales et dignement porté la voix de la Tunisie dans le monde, malgré la modestie des moyens du pays.
Il occupera les postes d’ambassadeur auprès des organisations internationales à Genève, puis en Turquie et en Iran, et enfin aux Pays-Bas.
Intellectuel rigoureux, érudit, curieux, il fréquentait les milieux artistes, et était proche particulièrement des Turki, Zoubeir, son ami d’enfance, Si Hédi, Brahim, et de Ammar Farhat.Homme discret, méfiant à l’égard de la politique et de ses compromissions, Si Slim restera toujours loin des cercles du pouvoir et déclinera plusieurs propositions de postes de responsabilité. Il a pris sa retraite en 1983, pour consacrer son temps à Samira, son épouse, à ses enfants et petits-enfants, à ses amis, et à la lecture, sa grande passion. Il a été enterré le 11 décembre 2023 à Gammarth. Qu’il repose en paix.
Ahmed Benghazi
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