Edito : Secouer le mammouth et transformer en profondeur
Enchevêtrement ! Une véritable jungle jonchée de procédures, où les instruments, les programmes, les facilités et les incitations demeurent compliqués, à la recherche de leur efficience. Lourd héritage d’une administration qui a subi, ne serait-ce que durant la décennie écoulée, des couches successives de sédimentation, enrobées dans des promesses difficiles à tenir.
L’entrepreneur le plus hardi, le chef d’entreprise le plus enthousiaste et le décisionnaire le plus déterminé se perdent dans ce labyrinthe truffé de surprises et d'aléas. Investir, recruter et créer de la richesse deviennent un acte héroïque.
Les institutions dédiées ne manquent pas. Multiples et diverses, relevant de différents ministères, soumises à des règles très lourdes, et peu fournies en moyens appropriés, elles peinent à se réinventer. L’absence d’une large vision, communément partagée, au-delà des cloisonnements, ne leur facilite pas la tâche. Le travail en silos produit ses effets.
Comment déclencher l’efficience ? Débroussailler cette forêt touffue, tailler, simplifier, faciliter, encourager, appuyer et accompagner les investisseurs et les chefs d’entreprise dans tous les secteurs sont de mise. Comment mobiliser les financements nécessaires et en faciliter l’accès ? Comment bénéficier de ressources humaines qualifiées, bien formées, en adéquation avec les exigences de plus en plus spécialisées ? L’impératif est majeur. La conception d’une vision économique nouvelle est indispensable.
Des économistes et des gestionnaires sont hissés aux commandes. Fethi Zouhair Nouri à la Banque centrale de Tunisie, Feryel Ouerghi Sebai à l’Économie et la Planification, Fatma Thabet Chiboub à l’Industrie, l’Energie et les Mines, Lotfi Dhiab à l’Emploi et la Formation professionnelle, Samir Abdelhafidh chargé des PME, Ouael Chouchene chargé de la Transition énergétique et Riadh Chaoued chargé des sociétés communautaires… Un renfort de taille.
Dès leur entrée en fonction, ils ont tous réalisé l’ampleur de la tâche qui les attend. Leur mission essentielle est de convertir la volonté exprimée par le chef de l’Etat en force de transformation dans leurs secteurs respectifs. Impulser la mutation attendue. Il s’agit, nécessairement, de remobiliser les équipes, pour pouvoir relancer la machine et repenser les politiques publiques. Car la transformation en profondeur et en continu requiert un intense travail collectif et une parfaite synergie entre tous les partenaires.
L’économie tunisienne, qui a fait preuve jusque-là de résilience malgré tant d’épreuves subies, est à la croisée des chemins. Elle n’a d’autres voies à emprunter que celle d’une vision nouvelle où l’entreprise, moteur essentiel de croissance, trouve les gisements de sa prospérité et les moyens de sa responsabilité sociale. Agricole, industrielle, commerciale, et d’autres services et petits métiers, c’est elle qui emploie et génère de la valeur ajoutée. Une approche transversale couvrant le commun et le spécifique, le national et le local, orientée efficacité et simplification, et économe en délais, est escomptée.
Dans son nouveau rôle, l’Etat sera dans l’incitation. Sa démarche pour l’essor et le progrès dépendra de la puissance et de la pérennité d’un allié principal : l’entreprise. La sortir de cette jungle de procédures et l’affranchir de tant de boulets qui la plombent, c’est libérer son énergie créatrice. Il est temps de secouer le mammouth.
Ramadan Mabrouk.
Taoufik Habaieb
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Bonne analyse Romdhan mabrouk
La voiture est en panne, il faut que tout le monde s’y mette pour pousser afin qu’elle redémarre. La pluie de ces derniers jours est un bon signe. Que Ramadan nous porte tous bonheur Inchallah.