Bourguiba: 25 ans déjà

Il y a pratiquement un quart de siècle, le 6 avril 2000, nous quittait, quasi centenaire, le Président Habib Bourguiba. Pour certains, il fut l’artisan de l’indépendance, l’initiateur de l’État moderne et le Combattant suprême. Son œuvre suscitait des éloges, tandis que pour d’autres elle est sujette aux critiques les plus vives et ses réformes controversées. Celui qui a connu la prison, l’oppression et l’exil a fini par triompher, et fut accueilli par une marée humaine en délire, le 1er juin 1955. Il a été successivement Premier Ministre, Président de la première république, après l’abolition de la Monarchie, en 1957. Mais, de nouveau, il connut «la prison sous une autre forme» après avoir été destitué, le 7 novembre 1987, relégué aux oubliettes et assigné à résidence, jusqu’à son décès.
Ces dernières années, nous avons pu relever l’intérêt que Bourguiba suscité auprès des jeunes générations. Des chercheurs chevronnés lui consacrer des études même s’ils n’ont pas encore eu le loisir d’accéder aux archives qui lui sont dédiées aussi bien en Tunisie ou à l'étranger.
De nombreux poètes lui ont dédié des déclarations glorieuses. A l'instar l'ancien président sénégalais et académicien Léopold Sédar Senghor.
Léopold Sédar Senghor
Dans ton palais maure à Carthage, je t’ai nommé, toi Combattant extrême.
Yeux d’acier et d’azur, menton de proue et fils du Peuple de la Mer
Venu dernier pour l’accomplissement de la Parole.
De ton regard, et circulaire aux quatre horizons de l’Afrique, tu en as pris le nombre d’or
Et tu l’as remontée du Cap Blanc au Cap des Tempêtes
Pour en mesurer la structure et l’asseoir sur ses fondations capsiennes.
Je ne dis pas tes yeux d’acier et d’azur, ton menton de proue
Ni ne loue ton combat de léopard contre le Mastodonte blanc
- Pourtant, quelles moissons furent couchées, et pas en perte pure !
Or je chante après la vaillance, panachée au cœur du combat
L’honneur je chante, et la susceptibilité
Mais les paroles de paix transparentes et ton sourire d’aube.
Je salue ton salut à l’Afrique : aux faces noires d’ivoire comme aux visages vermeils.
Il n’y aurait pas de chant si tar et darbouka n’accomplissaient l’orchestre, prêtant leur
Rythme syncopé aux kamenjahs et aux rebabs, au naï suave oud lyrique, au quanoun.
Ce soir, où tu salues l’Afrique d’un seul salut de tes deux mains unies
Je te salue de ton salut de paix, toi Combattant ultime !"
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