Envoyée spéciale de France 2 : le double regard de Samah Soula sur la Tunisie
Grand reporter à France 2 spécialiste des hot-news, Samah Soula qui était sur tous les fronts brûlants de Beyrouth ou Haïti, n’avait jamais cru retrouver un jour sa chère Tunisie natale en pleine révolution et en rendre compte pour ses téléspectateurs. Arrivée à Tunis parmi les premiers envoyés spéciaux, elle ne s’arrête pas de bouger partout. Micro au poing, avec son équipe, chassant l’information, traquant l’insolite, elle interroge leaders politiques et militants de tous bords mais aussi de simples citoyens.
«C’est extraordinaire, dit-elle à Leaders. Je retrouve un pays autre que celui que j'avais toujours connu. J'y étais en octobre dernier, et là, je ne le reconnais plus. Un pays en pleine transformation et un peuple qui me surprend par sa maturité politique et sa soif de parler. Les Tunisiens n’avaient pas l’habitude de voir tant de caméras les filmer et tant de micros s’ouvrir à eux, pour qu’ils puissent s’exprimer en toute liberté. Et alors, ils y vont à fond.»
Où étiez-vous? Nous vous attendions depuis 23 ans
Très bien accueillie, reconnue par nombre de passants, heureux de rencontrer en chair et en os , une illustre « bent bled » qui vient porter loin leur image et leur parole, Samah est sollicitée de partout. Chacun veut lui parler, chacun a son mot à dire. « Cela fait 23 ans que nous vous attendions. Mais vous étiez-où ? » lui lancent certains, très impressionnés par le dispositif mis en place par France2. Cinq équipes sont en effet sur place en Tunisie et David Pujadas est venu lui-même présenter le 20H en direct de Tunis.
«Effectivement, dit Samah, c’est une très grande opération montée par France 2. D’abord, en raison de la singularité de cette révolution, mais aussi de la proximité de la Tunisie, de la destination touristique qu’elle représente, de la communauté tunisienne en France et de nombreux liens culturels et affectifs. » Il fallait voir comme David Pujadas a été accueilli dans les rues de Tunis, reconnu par presque tous et salué très chaleureusement comme savent le faire les Tunisiens.
« Une vraie démocratie, constate-t-elle, se construit dans la rue, avec une réelle pluralité des opinions et une grande diversité des expression, dit-elle. Jusqu'à, il y a quelques jours, les Tunisiens ne s’intéressaient presque pas à la politique intérieure, tant ils en étaient dépités. Mais, ils suivaient de près l’actualité internationale, dans ses moindres détails et fines nuances", rappelle-t-elle. "Aujourd’hui, ils se réapproprient immédiatement l’espace politique, s’y investissent totalement et entendent exercer pleinement leur droit citoyen.»
De Bizerte à tous les points chauds de la planète
Originaire de Bizerte, Samah était partie très jeune s’installer en France avec ses parents. Etudes brillantes couronnées notamment par le diplôme du Celsa qui lui ouvre la voie de France-Télévisions. Sa légitimité professionnelle, elle ira la conquérir sur le terrain. D’abord, cinq ans à sillonner le continent africain. Puis, en 2008, une année en Chine, alors que se préparaient les Jeux Olympiques et s’amorçaient les grandes mutations. Avec, entre deux haltes, des missions d’envoyée spéciale sur les lignes de front. Le travail sur le terrain la séduit et lui donne, sous les bombes, lors du Tsunami, parmi les décombres ou en pleine révolution, comme elle le vit doublement ces jours-ci en Tunisie, sa vraie raison d’être.
Si pour Samah, "chaque reportage est une aventure humaine", celui sur la révolution tunisienne est exceptionnel. Comment raconter la révolution de son propre pays et prendre de la distance qu'exige son métier ? Comment vivre ces instants magiques, en rendre compte à des millions de téléspectateurs, sans oublier ni son statut de journaliste, ni son âme d’ici ? Avec talent et professionnalisme, Samah y réussit. Son regard sur la Tunisie est double, son bonheur est immense.
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que veinne les tunisien a l'etrange
La 'révolution tunisienne' populaire et généralisée à tout le pays, du Sud au Nord, a surpris tous le monde, même la 'Diplomatie française' à tous les niveaux ! Les hommes et les femmes, qui ont construit patiemment la Tunisie, ne datent pas seulement d'aujourd'hui, mais bien une chaîne de générations, qui prend son ancrage au tout début du siècle dernier. Très peu de pays, à ma connaissance, ont consacré 1/3 de leur budget national à l'éducation de leur peuple et cela, depuis l'Indépendance du pays. C'est ce qui explique, la démarche peu commune, démocratique et citoyenne de tout un peuple, (sans trop de casses). Bravo à David Pujadas et bien sûr à Samah Soula, pour la qualité de leur reportage et leur professionnalisme lors du Journal télévisé de 20H à France 2 !