L'arbre des possibles (*)
Aujourd’hui, comme à chaque fois, la révolution provoque l’expression des espoirs des uns et des craintes des autres, et chacun y va de son scénario, comme autant de branches d’un arbre des possibles de la Tunisie au lendemain du 14 Janvier.
Dans cet arbre des possibles, une branche m’intéresse particulièrement avec toutes ses ramifications, c’est celle qui part de l’idée d’une république consacrant les libertés individuelles, et la protection de ses citoyens, appuyée sur des mécanismes de transparence et de bonne gouvernance. Pourquoi celle-là, parce que c’est celle qui correspond le plus aux aspirations exprimées par cette révolution, même si d’aucun penchera pour la branche de l’extrémisme, ou de l’obscurantisme voire même du chaos, ou de la guerre civile. Mais c’est le principe du jeu, chacun choisit sa branche, chacun choisit son scénario.
Les peuples ont les gouvernants qu’ils méritent, et en Tunisie au moins, nous savons aujourd’hui quel type de gouvernant nous ne méritons pas, et je suis convaincu qu’il s’agit -là du principal acquis, voire le seul s’il en est de cette révolution à ce jour. Nous savons qui nous ne voulons plus avoir à la tête de ce pays, et tous ceux qui voudront à l’avenir le conduire, ont intérêt à en tenir compte, s’ils ne veulent pas devoir dégager impérativement un jour. Le deuxième acte de cette révolution qui se joue jusqu’à aujourd’hui, à propos du gouvernement de transition, est d’ailleurs symptomatique de cet acquis.
Cette branche valeureuse et ambitieuse sera lente à pousser, elle sera balayée par des vents contraires, et devra lutter contre les maladies et toutes sortes d’insectes nuisibles, entre caciques et opportunistes, une administration qui mettra du temps à se réformer et à jeter aux oubliettes ses démons noirs, pour se mettre au service du citoyen, et non plus de l’appareil d’état.
En fait, j’aimerais que cette branche finisse par être le tronc d’un arbre qui aura rejeté toutes les autres pousses, et que tout l’avenir de notre société parte de là, pour consacrer des idéaux de liberté, d’équité et de justice. Je ne parle pas d’égalité, car je ne pense pas qu’il soit possible de consacrer l’égalité dans une société libre et donc par essence même inégalitaire. On peut seulement mettre en avant des idéaux d’équité et de justice, donnant à chacun sa chance dans une société juste et solidaire dans la répartition de ses richesses.
Sur le plan économique, ces idéaux permettront de libérer les énergies, l’énergie d’apprendre et d’entreprendre, de construire une société du savoir produisant de l’intelligence à tous les étages, garantissant à chacun le bénéfice du fruit de ses efforts et favorisant la responsabilité sociale et citoyenne des entreprises.
Planté en plein hiver, arrosé du sang des martyrs, cet arbre aura besoin de tuteurs solides qui pourront accompagner les premières années de sa croissance. Elles seront difficiles ces premières années, où les doutes subsisteront à propos de sa capacité à grandir et à résister. A devenir cet arbre à l’ombre duquel on retrouvera l’humanisme perdu d’une société à la dérive.
Le terreau est bon, d’une Tunisie unie par l’origine et la foi de son peuple, où le communautarisme n’aura pas prise, un pays bercé de millénaires d’histoire et de civilisation, que des vulgaires va-nu-pieds ont cru prendre pour un paillasson.
La Tunisie d’aujourd’hui est toute jeune, elle a l’avenir devant elle, et ne doit pas hésiter à investir dans une reconstruction longue, investir dans la démocratie qui devient une valeur refuge, investir dans sa jeunesse, capital insoupçonné auquel il faudra inculquer toutes ces valeurs, pour qu’elle contribue à son tour à la grandeur du pays.
De cet arbre, il ne faudra pas attendre de récoltes miraculeuses, mais jour après jour, il faudra bêcher, biner, arroser, désherber, remettre le travail et l’effort au centre des valeurs d’une société à reconstruire, à imaginer ensemble, que nous serons fiers de laisser en héritage à nos enfants, en se disant que ce sont eux qui en récolteront les plus beaux fruits, le jour venu.
Walid BEL HADJ AMOR
Tunis, le 27 Janvier 2011-01-27
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Je partage totalement ton opinion Walid. Nous avons aujourd'hui une opportunité historique pour porter ce beau pays vers des hauteurs que nous tous cryons légitimes et conforme à nos aspirations et à celles des générations à venir
bonjour je suis un simple citoyen que je t'ai vu à la TV, je suis ravi qu'il ait des tunisien s comme vous. et je vous remerci d'avoir contribuer à écarter l'ancien premier ministre qui n'etait pas à la hauteur de notre revolution. avant on ne voyait que l'image de ZIne et "tala99a arraiis". maintenant on voit clairement qu'il ya des HOMMES dans notre pays et qui méritent leurs places.