Les priorités pour le ministère de la Culture, selon M. Azeddine Beschaouch
Récupérer les pièces archéologiques volées, préserver le patrimoine, mettre en place une structure d’inspection indépendante sans se livrer à une chasse aux sorcières, fonder les nominations sur le seul critère de la compétence, convenir avec les éditeurs et diffuseurs du livre d’une session spéciale de la Foire du Livre, et revoir le système des subventions et le concept des festivals : telles sont les priorités tracées par M. Azeddine Besachouch, ministre de la Culture. D’ores et déjà, "plus de 130 pièces archéologiques volées ont été retrouvées'', a-t-il déclaré, dans une interview accordée à l'Agence Tunis Afrique Presse (TAP).
Certaines de ces pièces, a précisé le ministre, avaient servi comme ornements de chapiteaux, colonnes et bords de piscines dans des demeures luxueuses sises à Soukra, Sidi Bou Saïd et Hammamet. Elles y sont toujours, sous la protection des forces de l'armée nationale et de la sécurité intérieure, en attendant leur transfert dans des conditions adéquates pour ne pas les endommager, a-t-il ajouté.
Il a dans ce contexte rappelé que la sauvegarde des sites archéologiques et la restitution de ce qui a été pillé sont parmi les priorités du gouvernement provisoire. "Des mesures nécessaires d'urgence ont été prises dans ce sens", a-t-il dit, afin de protéger les sites archéologiques qui ont été illégalement occupés par des personnes liées à l'ancien régime.
Le ministère de la Culture œuvre, sur ce point, en coordination étroite avec le ministère de l'Intérieur et l'armée nationale. Il a également invité les citoyens à informer les autorités compétentes de tout acte de confiscation et de pillage des sites archéologiques nationaux, à l'instar de ce qui s'est passé récemment au dépôt archéologique du site de Zama dans la région de Siliana, quand des voleurs ont été arrêtés grâce au concours de la population locale.
Evoquant la question de la restructuration administrative du ministère et des institutions qui en relèvent, le ministre a indiqué qu'un organe d'inspection regroupant des personnes indépendantes connues pour leur intégrité et leur compétence a été créé afin d'évaluer la situation administrative en vigueur. Le ministère consultera également des écrivains, des hommes de médias, de théâtre, de cinéma et de musique, sur les décisions judicieuses à prendre afin de réorganiser le secteur.
Sur un autre plan, M. Beschaouch a prévenu que dorénavant, les nominations des hauts responsables du ministère obéiront aux seuls critères de "la compétence et de l'ancienneté efficace et productive".
Et d'ajouter "Il n'y a pas de place aux règlements de compte personnels et à la chasse aux sorcières, sources de chaos et de surenchères''. Il a affirmé, cependant, que ''toute personne reconnue coupable de corruption administrative ou financière devra rendre des comptes''.
Interrogé sur la prochaine édition de la Foire internationale du livre de Tunis, qui se tient chaque année au mois d'avril, le ministre a précisé qu'il est en concertation avec les professionnels du secteur pour préparer une "session exceptionnelle" reflétant les libertés de pensée et d'expression retrouvées grâce à la révolution populaire du 14 janvier. Ce rendez-vous annuel deviendra "une véritable fête du livre", promet le ministre, loin de toute forme de censure et de pression liberticide.
Le ministre a annoncé, par ailleurs, que le gouvernement provisoire est en train d'étudier la possibilité de relancer l'organisation des festivals et autres manifestations culturelles, à la lumière de l'évolution de la situation sécuritaire.
Il a ajouté qu'il sera procédé à la révision du dossier de la subvention publique aux manifestations culturelles, et que le ministère s'emploiera, dans les limites de ses ressources propres, à remettre sur pied les festivals ''afin que le peuple tunisien puisse fêter sa Révolution''.
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A côté des engagements du Ministère de la culture, je crois qu'une véritable nécessité démocratique est que se constituent diverses associations qui se donneront pour but d'animer la vie culturelle dans le pays, de développer et d'ouvrir au monde les festivals déjà existant mais qui doivent prendre une autre dimension, de protéger le patrimoine du pays. Ces associations joueront le rôle essentiel de contre-pouvoir, de forces de proposition et elles permettront d'associer les populations intéressées à tout ce travail.
Il est difficile de juger les réformes que veut réaliser un "ministre" au niveau du département dont il a la charge. Pour la simple raison que ce gouvernement est bien provisoire, avec une durée de vie qui ne doit en aucun cas dépasser les 6 mois. Les réformes en question sont-elles provisoires ou bien le ministre sait déjà qu'il fera partie du nouveau gouvernement dont le "président" sera démocratiquement élu et elles seront bien effectives à moyen et long termes ? En tout cas, je souhaite que le ministre de la culture envisage des réunions sectorielles (des départements et institutions qui forme son ministère) pour des consultations et des échanges, sans exclure les actants culturels, sans sélections négatives, afin que tous apportent leurs contributions positives, constructives, pour la promotion d'une culture qui respecte les acquis et l'ouverture nécessaire sur le meilleur de ce que le monde est en train de produire.