Temps de parole à la télévision : quelle répartition entre partis, UGTT et gouvernement ?

La part des voix dans les médias compte désormais beaucoup. Un premier observatoire mis en place par Medisacan, mesurant les différentes interventions dans les 4 chaines TV tunisiennes, durant les deux premières semaines de la révolution, entre le 14 janvier et le 2 février 2011, livre des indicateurs intéressants à analyser.  Sur un total de 482 minutes (soit 4heures et 2 minutes), la répartition a été quasi-équitable entre 8 partis politiques (20%), l’UGTT (20%) et les dirigeants d’entreprises publiques (20%) , délivrant un message de renseignement utilitaire pour faire face aux rumeurs), à raison de 20% pour chaque catégorie, soit 60% au total. Le gouvernement a totalisé 40%, répartis entre 10% d’interventions du Premier ministre et 30% des autres membres du gouvernement.

«N’étant pas en période électorale, en plus d’être dans une période exceptionnelle, explique à Leaders, Hana Cherif qui dirige Médiascan, il est normal d’avoir un temps de parole beaucoup plus important pour le gouvernement d’union nationale, soit 193 minutes. Par ailleurs, ajoute-t-elle, en se remémorant les différentes rumeurs (rupture de stock de médicaments, empoisonnement de l’eau, etc.) et sentiments d’insécurité ressentis par la population, plusieurs responsables de compagnies publiques et privées, ainsi que les représentants de plusieurs ministères sont intervenus afin de rassurer la population quant aux services disponibles, totalisant 95 minutes. Pour ce qui est du comptage du temps de parole d’intervenants politique, la mesure s’est limitée aux différents partis sans prendre en considération les différentes associations, la ligue des droits de l’homme ainsi que des personnalités politiques qui ne faisaient plus partie du gouvernement (tels que d’anciens ministres), etc.»

Quelles règles et quel étalonnage à l'avenir?

La mesure des parts de voix est importante pour comprendre la stratégie des médias et celles des partis politiques et les différentes composantes de la société civile. La mise en place d’une autorité de régulation de l’audiovisuel, puis, à l’approche des échéances électorales, d’un code de conduite et de règles précises, apporteront toutes les précisions utiles en la matière. Pour les instituts d’étude des médias et de l’opinion, l’étalonnage des outils mérite lui aussi une mise au point concertée.

Pour Hana Cherif, « en période électorale, les médias auront une grande responsabilité, celle de veiller à octroyer à chacun des partis politiques le même temps de parole afin de s’assurer d’une joute électorale équitable. »

Méthodologie suivie : Le monitoring des médias effectué par Mediascan depuis 1999 consiste à enregistrer les quatre chaines de télévision Tunisiennes (Chaine Nationale 1 et 2, Hannibal TV et Nessma TV) en continu 24H/24H, 7 jours/7jours. Ces enregistrements permettent une analyse du contenu de TOUTES les émissions et ainsi de répertorier les différentes interventions. Ainsi, les temps e paroles peuvent être estimés, grâce à un chronométrage rigoureux.

Il est important de noter que c’est le temps de parole qui est estimé et non pas la présence sur le plateau. De même, les interventions téléphoniques ou en Duplex sont aussi pris en considération en termes de temps de paroles.