Ben Achour chez Ennahdha : ce qu'ils se sont dit

On en sait plus désormais sur la visite effectuée jeudi à 13 heures par Yadh Ben Achour, président de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, au siège du mouvement Ennahdha à Montplaisir. D’abord, l’initiative en revient à une personnalité indépendante proche des deux parties. Aussi, l’entretien qui a duré deux heures et quart a été empreint « de grande cordialité et de franchise» , devant « permettre d’aboutir à une plateforme de négociations.»

Les représentants d’Ennahdha ont énuméré une série de reproches faits à la Haute Instance et à son président et exigé des garanties pour le retour, réitérant tout au long de leurs exposés leur volonté de réussir l’échéance électorale du 23 octobre. Yadh Ben Achour ne semble pas avoir, lors de cette entrevue et avec le climat de cordialité qui l’a marquée, mis la langue à la poche.  C’est ainsi qu’il n’aurait pas hésité à dire à ses interlocuteur avec franchise les reproches des autres parties : non-dénonciation ferme de la violence, flou de certaines positions et tentatives d’hégémonie sur les mécanismes de décision. Quant aux garanties, il s’est empressé de préciser qu’il n’a que sa parole personnelle à offrir, la Haute Instance restant souveraine dans ses engagements. Dans ces conditions, est-il, au moins capable d’y rallier ses pairs au sein de la Haute Instance ? S’il s’agit de positions raisonnées, les sages le suivraient, aurait-il laissé entendre.

Mais, sur les autres points d’achoppement évoqués par Ennahdha, Ben Achour semble avoir esquissé des réponses nettes :

Le consensus au lieu du vote : il ne saurait y souscrire, puisque la notion de consensus peut engendrer celle du véto.

Le vote demeure la règle mais les concertations seront poussées au maximum possible pour aboutir au consensus sans en faire l’unique mode de décision

La fixation de l’ordre du jour jusqu’au 23 octobre : c’est possible. La visibilité est désormais plus claire et rien ne l’interdit.

L’élargissement du bureau de la Haute Instance : rien ne s’y oppose, des solutions pratiques sont disponibles

L’élargissement de la composition de la Haute Instance : c’est une question qui est du ressort du premier Ministre puisque c’est lui qui a proposé la désignation, par projet de décret-loi pris par le président de la République, la désignation des membres de la Haute Instance.

Ainsi, d’après nos sources, les échanges ont été francs et fructueux. Il appartient désormais à Hamadi Jebali et ses deux co-équipiers présents avec lui à cette rencontre, Zied Daoulatli et Ali Laridh, d’en débattre avec leurs instances internes et de faire connaître leur réponse. Un premier round donc réussi, en attendant le second devant marquer le retour d’Ennahdha au Bardo.

A lire aussi : Yadh Ben Achour se rend au siège d’Ennahdha renouer les fils avec Jebali, Daoulatli et Laridh