Refaat Chaabouni: l'élection démocratique des dirigeants des établissements du supérieur est une fierté pour nous tous
S'apprêtant à quitter son poste à l'issue des élections du 23 octobre à l'instar de ses collègues du gouvernement, le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, M. Refaat Chaabouni jette, à la demande de Leaders, un regard synoptique sur son action à la tête de ce département. Quelle est d'abord la mesure qu'il a prise dont il est le plus fier ?
En fait, il s’agit de la concrétisation d’une décision et d’un engagement pris avant ma venue à la tête du ministère, consistant en la tenue d’élections démocratiques des dirigeants des établissements du supérieur et des universités (depuis le chef de département jusqu’au recteur en passant par les doyens, directeurs et membres des conseils scientifiques et des universités). Ces élections, organisées, en juin et juillet 2011, suite à des concertations menées avec le syndicat, constituent un prélude à une réflexion globale et approfondie devant être menée avec la participation de tous les intervenants et acteurs concernés pour discuter de l’avenir de l’Université tunisienne, les « Etats généraux » du secteur.
Nous citerons, par ailleurs, la réussite du processus d’orientation universitaire 2011.Nous avons réussi à mener ce processus à bon port en introduisant la rigueur nécessaire et en adoptant des critères objectifs, sans omettre de tenir compte des cas sociaux et médicaux, ce qui n’exclut pas le fait qu’il reste beaucoup à faire. Le système, actuellement en place, est perfectible et une réflexion approfondie devra être menée pour une meilleure prise en compte des choix des étudiants. Pour cette année, des commissions ministérielles ont été mises sur pied pour statuer sur les cas sociaux et médicaux, avec la participation de spécialistes des départements de la Santé publique et des Affaires sociales, le tout sous la supervision de représentants du Comité Supérieur du Contrôle Administratif et Financier relevant du Premier ministère, autant de garde-fous et de garanties à même d’assurer la transparence requise. De même, l’adoption du classement par mérite (score) et la publication intégrale sur la toile des listes des bacheliers affectés, nous ont épargné tout dérapage et tout abus. Ceci dit, l’opération n’est pas si simple et la concordance entre les vœux des candidats et les places disponibles n’était pas toujours de mise, ce qui pose les problèmes de l’adéquation, de la fluctuation et de la régulation.
Et celle que vous n’avez pas pu prendre et en êtes resté frustré ?
C’est le fait de n’avoir pas pu prendre des mesures et engager des réformes plus profondes au vu des questions, à caractère urgent, que nous avons eu à traiter. Le fait d’avoir été constamment dans le feu de l’action ne nous a pas permis de nous pencher sur des aspects structurels. Il ne faut pas perdre de vue que l’enseignement supérieur est synonyme de 20 mille enseignants, de 360 mille étudiants, de milliers d’agents avec des revendications, exigences et aspirations multiples. La tâche n’a pas été facile et les requêtes et exigences étaient multiples.
Y’a-t-il une décision que vous avez regrettée ?
Ce n’est pas une décision en soi mais des décisions qui touchent à des procédures administratives et règlementaires. Ces questions nécessitent une remise à jour et une révision des textes en vigueur, et la durée du mandat ne nous a pas permis de nous pencher sur l’ensemble de ces aspects. Le dilemme est en substance le suivant : Comment concilier entre les exigences de l’intérêt général et les aspirations des intérêts personnels, c’est la dialectique entre le collectif et le particulier. Des mesures défendues et prohibées par les textes sont légitimes d’un point de vue personnel et humain. Certaines décisions considérées par les concernés comme injustes privilégient l’intérêt général qui, avouons-le, doit primer sur les intérêts individuels.
Quelles sont les principales réalisations de votre mandat ?
Nous citerons à ce propos une série de mesures, dont notamment, les élections et l’orientation universitaire cités auparavant. La fin de l’année universitaire écoulée dans de bonnes conditions avec, il faut le mentionner, l’appui et le soutien de l’ensemble des collègues enseignants et du personnel administratif ainsi que des étudiants, est un fait qui mérite d’être souligné, d’autant plus que le pays a connu des événements importants qui ont influé sur le déroulement de l’année universitaire et sur la vie dans les établissements.
Le démarrage également de la présente année universitaire dans des conditions « ordinaires » est également un fait qui mérite d’être mentionné. Aucun incident n’a été enregistré jusqu’à maintenant et nous espérons vivement que cela continuera.
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La réforme du système éducatif demeure une exigence essentielle.Elle nécessite un diagnostic sérieux, sans peur et sans reproche.Une telle réforme doit toucher le contenu, le niveau, les structures et les procédures.Il y une antinomie qu'il faut neutraliser: L'université pour tous ne s'allie guère avec la fameuse orientation qui a formé des chômeurs: Certaines amphithéâtres regorgent de futurs sans travail.Au sein des universités, les élections doivent être soumises à des conditions acceptées par tous avec prévalence accordée aux critères scientifiques afin d'éviter le populisme stérile et le syndicalisme irresponsable. La question nécessite un Long débat. quoi qu'il en soit, il faut restructurer l'enseignement supérieur de façon à améliorer le niveau et former des élites qui seront le cœur et le cerveau de la Nation.En tout état de cause, le ministère n'est la structure adéquate pour proposer une réforme de cette envergure.
Nous attendons les élections pour les Instituts Supérieurs des Etudes technologiques et concernant le poste de Directeur Général des ISET.