News - 03.11.2011

L'université tunisienne, lieu de tous les dangers ?

Les réunions du Forum universitaire tunisien, association créée après le 14 janvier 2011, n’avaient jamais connu une telle affluence. Les organisateurs eux-mêmes ont été surpris par le nombre d’universitaires qui a afflué vers cette salle de la Cité des sciences, en ce mercredi 1er novembre, dans une assemblée générale consacrée à un sujet brûlant « Le respect de la dignité et de la liberté des universitaires. » L’espace ne pouvait contenir tous ceux, et surtout toutes celles, venues témoigner des agressions verbales et physiques dont elles ont été l’objet dans les enceintes dans leurs institutions universitaires, depuis le mois de février dernier déjà, violences qui se sont exacerbées depuis les dernières élections de l’Assemblée constituante.

La victoire du parti islamiste Ennahdha lors de ces élections a, en effet, été interprétée par certains comme la porte ouverte à la création d’un nouveau modèle social moralisateur, où le port du voile pour les femmes serait une nécessité, où celui du nikab serait autorisé et où l’enseignement de certains concepts, idées et théories, devrait être abandonné. Aux oubliettes donc Karl Marx, un athée qui n’a plus sa place dans l’histoire de l’économie et Charles Darwin dont la théorie évolutionniste est contraire aux préceptes religieux.

Emotions, inquiétudes et vigilance, ont caractérisé cette réunion qui a réuni des enseignants de tout bord et qui a transcendé les générations. Une enseignante en médecine déclare craindre des représailles après avoir refusé dans son service de néonatalogie une interne en nikab, une autre enchaîne en disant qu’on s’oriente vers des médecins femmes pour les patientes et des médecins hommes pour les patients et vers l’interdiction de la spécialité gynécologie pour les hommes. Une maître de conférences de l’université de Manouba parle de l’agression verbale qu’elle a subie pour s’être présentée à la faculté en jupe et plusieurs autres déclarent avoir été menacées de devoir désormais rester chez elles pour laisser leurs postes à des hommes.

Des étudiantes sont également venues témoigner du sentiment d’insécurité qu’elles ressentent actuellement dans les amphis où une poignée d’individus ont décrété que leur tenue est indécente ainsi que dans les foyers universitaires que certains auraient décidé de « nettoyer ». A Gabès, témoigne enseignant, la cantine de l’université a été séparée en deux espaces, l’un réservé pour les étudiants et l’autre pour les étudiantes.
Devant l’ensemble de ces agissements et dépassements, les universitaires sont divisés. Les uns se plient à ces nouveaux diktats par peur de subir des violences qui mettraient en péril leurs biens, leur vie ou celle de leurs propres enfants, d’autres approuvent un modèle de société où les enseignements seraient davantage en conformité avec notre identité arabo-musulmane et approuvent la séparation des étudiants et des étudiantes. A l’opposé, nombreux sont ceux qui dénoncent ces atteintes aux libertés individuelles et académiques que l’université devrait, en fait, promouvoir. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui se sont exprimés lors de cette assemblée générale du FUT.

Quant au ministère de tutelle, il est étrangement silencieux, ce qui fait monter encore davantage l’inquiétude des défenseurs des libertés. Concrètement, la réunion s’est achevée sur la nécessité d’une décision gouvernementale ferme, d’une condamnation sans équivoque de tous les actes de violence à l’université par les partis politiques qui viennent de réussir aux élections de la constituante pour rétablir la sécurité dans les universités et garantir le respect des libertés académiques.

Des actions d’autant plus urgentes que les violences verbales et physiques que l’on voit à l’université ne sont qu’un reflet de la société et qu’il est nécessaire d’instaurer, dans la deuxième République, les principes d’un meilleur vivre ensemble basé sur un respect mutuel des libertés de chacun afin que la Tunisie de 2011 ne devienne pas l’Iran de 1979 ni l’Algérie de 1991.

Anissa Ben Hassine

Lire aussi : « Y a si Mustapha, nous craignons pour nos acquis, aidez-nous ! »
 

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19 Commentaires
Les Commentaires
Edouard STACKE - 03-11-2011 09:19

Formateur d'adultes depuis 40 ans dans plus de 30 pays, je ne peux que vous encourager à préparer vos étudiants de toutes disciplines à s'ouvrir au monde et à s'adapter aux évolutions qui façonnent l'avenir. Il serait régressif d'envoyer étudier et acquérir des connaissances complémantaires à l'étranger des étudiants qui s'ostraciseraient par leur comportement. La foi et les convictions font partie de la personnalité et n'ont pas besoin de l'affichage provoquant. Je rencontre de nombreux jeunes ingénieurs chinois, russes et indiens en Amérique du Nord ou en Europe, qui deviennent d'excellents professionnels et c'est une richesse pour leur pays. Bon courage, Edouard STACKE Sociologue

walid - 03-11-2011 10:02

Il est temps que primo la nahdha comdamne ces agissements pour montrer qu'elle n'a pas de double language et que le gouvernement devrait y penser si la présence policière dans le universités et près des lycées n'est pas indispensable. Dans cette ére le police ne va pas harceler les opposants mais doit protéger les citoyens des voyous qu'ils soient de type religieux ou pas.

Lotfi - 03-11-2011 12:42

Ces depassements envers les libertes individuelles doivent etre arretes. Choisir comment pratiquer sa foi, choisir son habit et son metier sont des droits fondamentaux et des valeurs universelles qui englobent toutes ideologies. Les religions ne doivent pas exister en dehors de ces valeurs. Tout au contraire, elles doivent s'inspirer de ces ideaux et doivent les mettre en valeur.

Jawhar - 03-11-2011 14:06

Une priorité absolue du prochain gouvernement l'assainissement de l'université qui doit se réserver exclusivement à ses propres prérogatives scientifiques, intellectuelles et de formation professionnelle. Il faut arrêter de faire jouer l'université des rôles qui ne sont pas les siens et qui la détourne de sa fonction essentielle: former des cadres compétents (pour qu'ils ne pourrissent pas par la suite dans le chromage avec leur diplôme caduque.

Ben Selma Fredj - 04-11-2011 08:37

Le problème n'a pas de rapport avec la politique, d'ailleurs ce comportement ne date pas d'aujourd'hui, seulement, il était masqué et à chaque fois il ya un allibi si ce n'est pas politique c'est donc autre chose comme par exemple les programmes ou les examens et autres...., c'est une question de discipline de non respect de la reglementation interne de l'établissement, le non respect de la Direction ni des enseignant et ce phénomène ne s'arrête pas seulement aux universités,il est partout , dans les lycées étatiques et privés,dans les centres de Formation et ça va s'étendre jusqu'à l'école primaire si on n'arrête pas ce fléau,il yen a ceux qui ont choisi d'assurer des Formations à distance pour ne pas avoir affaire à ce genre de comportement et ce n'est pas dans l'intérêt de l'enseignement. Je dirais qu'il n'ya pas d'enseignement sans discipline,chaque école doit appliquer la reglementation sur tout étudiant ou éléve qui est en dehors des règles. La politique et la liberté d'opinion se jouent en dehors de ces lieux Il faut être tranchant et ne pas tôlerer de tels actes si vraiment nous voulons que notre système éducatif réussisse. Rien qu'à regarder le niveau on s'aperçoit qu'il ya beaucoup à faire.

Mohamed DOGUI - 04-11-2011 09:00

Les institutions universitaires ont été et sont toujours les phares de la démocratie et du libre penser ainsi que les barrières contre l'obscurantisme.Les dbats et pratiques religieux ont leur place aux mosquées. Imposer des conduites au sein des institutions universitaires au nom de la religion relève de la dictature. Les atteintes aux libertés de pensée et d'action au nom de la religion sont des atteintes au sacré contre lesquelles les croyant ne cessent de riposter vigoureusement quand il s'agît d'atteintes à leur sacré. Le respect du sacré doit être mutuel. Respectons ces institutions universitaires et offrons leurs le climat sein pour qu'elles remplissent leurs nobles missions. N'en faisons pas un terrain de guerre idéologique!

Leïla - 04-11-2011 11:11

Les Islamistes ne seront jamais seuls au pouvoir en Tunisie, Ennahdha n'a pas eut la majorité des voix des tunisiens, et les extrémistes se permettent d'imposer leur loi qui est hors la loi, on n'est pas devenu un pays de sauvages où l'individu n'est pas respecté et où la délinquance devient admise, les agressions doivent être sanctionnées, c'est le BA.BA dans n'importe quel pays du Monde ( Adieu le Tourisme) Pourquoi es-ce-qu'on laisse faire ? Y a-t-il un Gouvernement dans le pays ? Pourquoi es-ce-que le Chef du Parti Ennahdha ne dénonce pas ces agissements, Quel Islam veut-il instaurer dans la pays ? celui de la terreur ? Pourquoi es-ce qu'il ne commence pas par éduquer ces hordes sauvages en leur donnant des consignes claires et strictes de respect de tous les tunisiens et instaurer des règles de conduites pour tous.

Ahmed - 04-11-2011 12:25

L espace universitaire doit etre politiquement et idéologiquement neutre.Mais apparamment une partie du corps universitaire a du mal a accepter la nouvelle diversité de tenues vestimentaires dans une société démocratique au nom d une modernité autoproclamée en se mobilisant contre le droit d étudiantes à porter le niqab, chose qui probablement a provoqué une contre réaction.Le corps universitaire a le droit d exiger que les porteuses de Niqab s identifient pour des raison pédagogiques, mais non le droit de mettre en question le droit du citoyen a porter la tenue vestimentaire qu il désire, que ce soit pour des motifs supposés obcurantistes (non appréciés) ou modernistes (bien appréciés) par les universitaires. Une attitude neutre et apolitique devrait etre le moyen approprié pour ne pas donner de l espace aux extrémistes religieux et modernistes et faire respecter la crédibilité de l université chez le citoyen qu il soit "obscurantiste ou moderniste ".

MJR - 04-11-2011 13:04

Il est impératif que l'université ne soit pas un lieu d'affrontements idéologiques.Les musulmans n'ont pas besoin de montrer leur religion pour être de bon musulmans.Au contraire ceux qui affichent des signes religieux utilisent la religion à des fins politiques pour uniformiser les esprits.

BELHARETH Mustapha - 04-11-2011 15:12

Après tant d'années d'instrumentalisation et de marginalisation de l'université, voila les collègues qui se rassemblent pour traiter des problèmes liés au nouveau cycle politique que nous affrontons et ce, sous un silence étonnant du Ministère. C'est un signe positif et prometteur pour la démocratisation de l'université mais, pour que ce processus réussisse, il faut à mon avis, supprimer toutes ces barrières administratives instaurées par l'ancienne dictature dans le but de contrôler et de limiter la liberté du corps professoral et des étudiants. L'on doit se poser des questions sur les coûts de transaction d'une administration énorme (rectorats,cabinets, conseillers, offices etc. ) et instaurer une lean administration (au plus simple) assurant la gestion souple et permettant le contact direct entre les enseignants, les étudiants et le ministère. Par ailleurs, le système d'élection est biaisé: l'élection des recteurs, des directeurs et doyens se fait dans un cadre restreint (soi disant représentatif) permettant toute sorte de magouilles. Pour avoir une légitimation démocratique, ces responsables doivent être élus par tous le corps des enseignants et même des étudiants dans les institutions universitaires.

Kaouther Ajroud - 04-11-2011 18:19

le geni est sortie de la bouteille !!!!!

Citoyen - 04-11-2011 23:42

Ennahdha a focalisé toute son énergie sur les élections maintenant elle doit encadrer sa base qui risque de commettre des dérives graves qui peuvent se retourner contre elle. Personnellement je n'aimerai pas dire un jour que zaba avait raison de réprimer les nahdhaoui et pas les islamistes car on est tous des musulmans et personne ne pourra nous changer l'identité.

Taieb daami - 05-11-2011 01:47

La sagesse consiste à se poser la question sur la raison de notre existence dans el temps et dans l'espace. Nous étions dans un état chaotique qui a explosé pour nous trouver dans autre état plus chaotique de conflits de la base jusqu’au sommet. Les tensions générées par les divers mouvements politique et sociale croient bêtement qu’ils vont arracher leurs droits et affirmer leur position, mais au fond ils sont en train de crever aveuglement les yeux de notre pays. Si la révolution tunisienne était un model original, les divers mouvements politiques et syndicaux sous forme de conflits n’ont pas compris que leur divers actions ne font qu’amplifier la crise tout en mettant les divers secteurs socioéconomique en difficulté. Imaginons qu’à la fin de mois le gouvernement ne trouve pas les moyens de payer ses fonctionnaires, vous allez goutez amèrement vos rêves de liberté, de droit l’homme, de démocratie….je ne souhaite pas vivre ce cauchemar. Je vous prie de ne pas de mander à un paralysé de faire une course de haies et en vous rappelant la sagesse de Kalil Jebrane qui dit : « la joie et la tristesse sont les fruits de la même passion, si l’une est sur ta table ; l’autre est sur ton lit ». On a bien appris de bien réfléchir avant d’agir et de bien classer les priorités. Je conseille tout le monde de lire sur internet les « besoins fondamentaux de l’être humain » ou le pyramide de MASLOW et de lire Antigone de Sophocle et voir la fin dramatique du conflit entre les lois devine et les lois de l’homme. Enfin, Je termine par comme disait Pascal « l’homme n’est ni ange ni bête, mais celui qui veut faire l’ange il fait la bête » . Au lieu de dissiper son énergie dans la recherche des idées innovatrices de consolidation des efforts pour générer des richesses socioéconomique à travers l’exploitation des nos ressources humaines et naturelles, on dissipe nos énergie dans la parlote et les discoures autour d’un cercle vicieux.

EMDE - 05-11-2011 06:21

Nos islamistes ne doivent pas faire peur..Même les actes terroristes qu'on leur a attribué se sont avérés préfabriqués. ce que l'on peut craindre ce sont les provocations des laics qui n'ont pas digéré leur défaite.

ibenthawra - 05-11-2011 07:41

j e vous assure que cette bandede truants sont la racaille de la poussiere d'individu des rcdistes qui comprennent parmis eux ceux qui ont fait l'appel a ben shaytan de se presenter aux presidentielle en 2014 ,je leur dis d'arreter leur fa bricayions et maguille et mensonges ,et je vous guarantis que si la tunisie etait occupe par une force etrangere on vois jamais ces truants ils vont se chacher comme des poules mais leur objectif est claire creer et fabriquer un atmosphere mal saint pour atteindre aux partis qui vont acceder dimocratiquement au pouvoir .mais je leur dis SI VOUS N'AVEZ PAS HONTE FAITE CE QUE VOUS VOULEZ.(ASHAY MIN MA ATAH LA YOUSTAGHRABOU.)

Mhamed Hassine Fantar - 05-11-2011 09:51

La construction d'une démocratie viable et durable dépend de l'éducation à tous les niveaux, c'est à dire du berceau au tombeau et de la culture,sachant que le socio-économique peut s'accommoder de tous les régime:pensez à la prospérité de l'Allemagne sous la dictature d'Hitler dont l'un des ses ministres disait:" quand j'entends parler de culture, je tire mon révolver". Ce sont les universitaireset les hommes des lettres et des arts qui conçoivent et réalisent le portrait d'un pays.Il nous faut y réfléchir.

hamadi. - 05-11-2011 15:14

Le commentaire d'Anissa ben Hassine nous laisse poser cette interrogation:qui est derrière ces agissements? 1-les intéressés eux mêmes? 2-l'ancien régime? 3-les islamistes? 4-des pays voisins ou/et étrangers contre le changement dans les pays arabes? Pour répondre à ces interrogations nous demandons des preuves surtout pour les trois premières interrogations.Par contre pour la 4e question vous connaissez la réponse.Enfin de compte le danger ne vient pas seulement de ces islamistes farouchement ignorants de notre histoire et de notre civilisation.

hamadi - 05-11-2011 16:08

En lisant le commentaire sur les Universités Tunisiennes nous pouvons poser cette question:qui est derrière ces agissements? 1-les intéressés eux mêmes? 2-l'ancien régime? 3-les islamistes? 4-des pays voisins ou étrangers qui sont contre le changement dans les pays arabes? Pour répondre à ces questions nous souhaitons trouver des preuves pour la 1e,2e et 3e interrogation. Par contre pour la 4e vous connaissez la réponse. Enfin de compte,le danger qui guette notre liberté ce n'est pas seulement les quelques islamistes farouchement ignorants de notre histoire et de notre civilisation.

abderrazek ben Larbi - 08-11-2011 10:04

Ce débat est politique plutôt qu'académique. Il me semble que cacher certaine vérités scientifique sous prétexte de la crainte des islamiste est une dérive notable qui peux avoir des conséquences graves en l’occurrence sur le contenu et les méthodes d'enseignement en Tunisie. En fait ça nous amène à la continuation d'un contenant pédagogique sans contenu. En fait enseigner le marxisme ou le Darwinisme comme étant une science exacte en 2011 est une forme néfaste de la démagogie et qui relate l'état des lieux et le niveau scientifique de notre enseignement. cacher cette réalité sous prétexte de l'islamiste est une manœuvre non seulement non fondée mais aussi risquée pouvant même favoriser les islamistes en tant que leader du changement face à des conservateurs laics.

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