News - 30.11.2011

Ghazi Ghrairi à Paris : Si la constituante le veut vraiment, la nouvelle constitution sera prête en quelques mois

De notre correspondant à Paris, Elyes Slim Ghedira « Tunisie-Europe : la transition démocratique », c’est le thème d’un colloque international qui s’est tenu le week end dernier à Paris. Son objectif était de voir dans quelle mesure la Tunisie pouvait faire son profit des différentes expériences internationales concernant les transitions démocratiques notamment en Europe de l’Est et Amérique du Sud. Plusieurs conférences ont été données au cours de colloque :

- Justice et marginalisation des cadres de l’ancien régime  par le professeur Jérôme Heurtaux, chercheur en sciences politiques à Paris Dauphine,
- nouvelles institutions politiques par Me Ghazi Ghrairi, secrétaire général de « International Academy of Constitutional Law, porte-parole de l’ex Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution et de la transition démocratique,
- relance économique par Mickael Cracknell, Co-fondateur de l’association de micro-crédit ENDA),
- organes de communication de l’état par Pr Bruno Marzloff, sociologue,
- liberté de presse et médias par Florence Hartmann, ancienne porte-parole du Tribunal pénal pour la Yougoslavie,
- les femmes tunisiennes par Sophie Bessis, historienne,
- citoyenneté par Edgar Morin, sociologue,

Ghazi Ghrairi a justifié le mode de scrutin choisi pour les élections du 23 octobre. Tout en reconnaissant qu’il a pénalisé les petits partis, il a souligné que ce mode a par contre favorisé le brassage et la représentation de toutes les forces politiques au dessus d’une certaine taille limite minimale, atténuant l’hégémonie d’un seul parti qui aurait pu être plus accentuée par un mode proportionnel classique, comme en Algérie en 1991.

S’agissant de l’actuelle assemblée constituante, il a affirmé que « si l’ensemble des élus le désirait réellement, la rédaction de la constitution et son adoption ne prendrait que quelques mois tout au plus. Il a fait remarquer que l’assemblée constituante ne démarrerait pas ses travaux à zéro, une grande partie du travail sur la nouvelle constitution ayant été déjà entrepris par les membres de la Haute Instance. Il ne reste aux élus qu’à œuvrer ensemble pour finaliser ce travail, puis à le promulguer via referendum. Le tout pourra être fait très rapidement ».

Pour l’économiste, Daniel Cohen, « ce qui est fort particulier à la Tunisie, c’est la masse impressionnante de jeunes diplômés du supérieur dont elle dispose, mais qui sont, pour la plupart, incapables de valoriser leur propres diplômes dans le secteur professionnel correspondant et complètement inaptes à être créatifs. Il s’agit-là d’un trait propre aux dictatures et celle de Ben Ali en particulier, un système pour qui les universités ne sont progressivement devenues qu’un moyen comme un autre pour retenir les jeunes à une occupation quotidienne, plutôt qu’à forger les futurs cadres compétents, ces mêmes jeunes ne se rendant compte que trop tard de l’inutilité de leur présence dans ces mêmes institutions universitaires. Une remise à niveau de la valeur réelle de ces diplômes est nécessaire ».

Maître de conférences à Panthéon-Sorbonne, Mohamed Ali Marouani a souligné que « la marge d’action de relance du futur gouvernement sera certainement limitée et dépendante de l’aide étrangère. Cependant,  le système fiscal tunisien étant déjà très souple et clément avec les entreprises(en Tunisie on paye en moyenne 20% du chiffre d’affaire au fisc, contre 50 ou 60% en Europe), la marge d’action pour attirer les nouveaux capitaux et investissements est assez faible. D’autres réformes seront sûrement créatrices de richesses et de fonds pour l’Etat, notamment sur la fiscalité foncière,  immobilière et celle de l'héritage. Le système du Micro-crédit sera lui aussi très déterminant. Enfin,  la Tunisie gardera sûrement son principal atout : la réactivité par rapport au marché européen ».

Enfin, le Pr Heurtaux, a fait un parallèle entre la transition démocratique polonaise qu’il connait bien pour lui avoir consacré nombre de travaux et la transition tunisienne. « En Pologne en 1989, comme en Tunisie actuellement, Le propre des révolutions a-t-il dit, c’est qu’il y a toujours cette part de naïveté qui donne à penser aux masses que l’ont peut tout reconstruire de zéro, et que les cadres d’hier communistes ou RCDistes sont tout à fait dispensables pour les défis à venir. C’est un pari très osé, qui de plus sèmera d’embuches le chemin de la réconciliation nationale ».

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