Mustapha Ben Jaâfar Comment pourra-t-il réussir sa triple mission ?
Il voulait s’installer à Carthage « pour contribuer le plus à la réussite du processus transitionnel » et le voilà présider une Assemblée nationale constituante investie de pouvoirs encore plus larges. Le Dr Mustapha Ben Jaafar, qui aura 71 ans ce 8 décembre, ne peut être plus au coeur du dispositif.
Sa marge de manoeuvre restera cependant limitée. D’abord par le nombre de sièges que son parti Ettakatol a remportés (4è groupe parlementaire, 20 sièges).
Mais aussi son ralliement à la coalition formée avec Ennahdha et le CPR, perçu par certains comme un enfermement vis-à-vis des autres forces de gauche et du centre.
Et enfin, la nécessité de répondre aux aspirations profondes des militants de base de son propre parti.
Régénéré après la révolution, le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), fondé en 1994, s’est rapidement ouvert à des milliers de nouveaux adhérents, plus jeunes, plus exigeants et plus pressés que les pères fondateurs.
La transformation d’un parti de résistance, sobrement installé dans un petit appartement, rue d’Angleterre, dépourvu de ressources, aux équipes restreintes, mais à l’endurance à toute épreuve, en un grand parti de masse, ne s’accomplit pas facilement.
Le Dr Ben Jaâfar s’y est lancé avec de bonnes prémices comme l’ont montré ses meetings durant la campagne électorale, drainant de larges foules, de différentes générations, son programme en 100 points et la réussite, certes modeste mais significative, de 20 de ses candidats à la Constituante.
La qualité et l’engagement des adhérents, bien illustrées par les dirigeants qui ont mené les négociations au sein de la coalition, en offrent une preuve supplémentaire.
Tout l’enjeu pour le Dr Ben Jaâfar est de conduire à bon port ce grand paquebot que représente la Constituante, assurer la réussite de représentants d’Ettakatol au sein du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions ministérielles et consolider le FDTL, en prévision des prochaines échéances électorales.
Un triple challenge qui se trouve encore plus difficile à relever sous la pression du temps et de l’ampleur des enjeux.
Lorsque le Dr Mustapha Ben Jaâfar a ouvert ses yeux à Bab Souika, en 1940, la Tunisie était en pleine effervescence nationaliste.
Orphelin du père en bas âge, il suivra sa mère, militante, à travers une multitude d’activités, de réunions, de manifestations, d’actions d’entraide sociale, soutien aux familles de prisonniers, y puisant de grandes valeurs patriotiques.
Sadikien, il s’engage déjà au Néo-Destour, étudiant en médecine en France, il intègre l’UGET où se forgera son caractère politique.
De retour à Tunis, il rallie le groupe des destouriens dissidents (Ahmed Mestiri, Hassib Ben Ammar, etc.) qui va fonder l’hebdomadaire Erraï, le Conseil des libertés, la Ligue tunisienne des droits de l’homme et le MDS.
En parallèle, il se lance dans le syndicalisme, créant en 1977 le premier syndicat des médecins hospitalo-universitaires, en 1977, sous la bannière de l’UGTT alors traversée par une grande confrontation Habib Achour – Hédi Nouira, à la veille du 26 janvier 1978, avant de créer son propre parti, en 1994. Toute sa vie est ainsi faite de combats.
Sa résistance contre la dictature du régime déchu, sa probité et son indépendance lui valent un grand respect en Tunisie, mais aussi à l’étranger, ayant tissé un large réseau d’amitié auprès des mouvements progressistes et parmi les figures démocratiques.
Cet ultime combat qu’il doit livrer du haut du perchoir de l’Assemblée nationale constituante, sera sans doute le plus important et aussi le plus délicat de sa vie. Beaucoup parient sur sa réussite.
S’il sait bénéficier auprès de tous de tout l’appui dont il a largement besoin.
- Ecrire un commentaire
- Commenter
Vous voulez sortir la Tunisie du marasme économique, retrouver le plein emploi,éradiquer pratiquement le chômage,un seul conseil qui marche, autorisez les investisseurs Tunisiens et étrangers à s'installer dans les régions les plus déshéritées de la Tunisie, avec exonération totale d'impôt, en distribuant s'il le faut les terrains pour construire les usines gratuitement. le résultat sera exceptionnel.
Monsieur Mustapha Ben Jaafar est une très grande personnalité politique. Il est une personnalité attachante et charismatique, politicien habile et pragmatique qui recherche en tout temps le compromis. Il est avant tout le politicien de l'unité nationale à un moment où la Tunisie connaît de profondes transformations. Dr. Jamel Tazarki Allemagne