A quand ce nouveau gouvernement ? A quand un programme à la hauteur des défis ?
Au moment où j’écris ces lignes, le nouveau gouvernement postélectoral n’est pas encore formé. La Libye, qui a commencé sa révolution après la nôtre et qui a mis plus de six mois à combattre son ancien tyran sanguinaire, a un nouveau gouvernement qui est déjà au travail. L’Egypte, qui elle aussi a fait sa révolution après la nôtre et qui est en pleine campagne électorale, a un nouveau gouvernement. Le Maroc a un nouveau gouvernement. Même le Yémen, qui s’est soulevé depuis des mois et est sur le point de chasser son dictateur, a un nouveau gouvernement issu de l’opposition.
Quant à nous, on est réduit à espérer que l’anniversaire du 14 janvier aura lieu avec un nouveau gouvernement. Nos élus passent leur temps à débattre et à se battre (politiquement !) au Palais du Bardo. L’Assemblée constituante a été élue le 23 octobre, soit maintenant six bonnes semaines. Depuis l’annonce des résultats des élections, des discussions laborieuses (en apparence) ont été menées entre ce qu’on a convenu d’appeler la « troïka » (Ennahdha, le CPR et Ettaquattol). Avant même la première séance de l’Assemblée, on était sous l’impression que non seulement les grandes lignes du partage du pouvoir entre les trois partenaires étaient scellées mais qu’aussi les grandes lignes d’un programme gouvernemental faisant face aux problèmes urgents du pays étaient élaborées, permettant ainsi à la nouvelle équipe de se mettre au travail immédiatement.
Or, on nous sort la nécessité d’une « petite constitution » avec une commission spéciale, créée à cet effet, et la nécessité de l’examen du texte élaboré par cette commission, en plénière. Du temps précieux est encore perdu. Est-ce à dire que les tractations qui avaient suivi les résultats des élections étaient inutiles ? Est-ce à dire que la confiance ne règne pas entre les trois partenaires ? Doit-on voter une « petite » et ensuite une « grande » constitution ? Le gouvernement Caid Essebsi est démissionnaire. Que fait-on avec le budget 2012 déjà préparé, à titre provisoire, par les services du Ministère des Finances ? Doit-il être validé par le gouvernement démissionnaire ? Ou doit-il, comme il se doit, être repris de fond en comble par les nouvelles autorités avec leurs nouveaux objectifs stratégiques ? Autant de questions qui restent posées et que le peuple se pose.
Un peuple qui mérite mieux. Un peuple qui, après 23 ans de dictature de fer, a mené une Révolution spontanée et libératrice qui a sonné le glas des dictateurs arabes, un à un. La première du XXIème siècle, lançant le « Printemps arabe » et les secousses populaires dans le monde jusqu’à Wall Street et, maintenant, Moscou.
Messieurs les élus, allez-vous célébrer l’anniversaire de l’immolation par le feu de Mohamed Bouzizi, le 17 décembre, sans que les martyrs de la Révolution ne soient honorés et leurs familles appelées à la considération de la nation ? Allez-vous célébrer l’anniversaire de l’immolation de Mohamed Bouzizi alors que la région de Sidi Bouzid reste dans la désolation qu’elle a connue sous l’ancien régime ? Et comme elle, toutes les autres régions déshéritées ? Onze jours seulement nous séparent de ce 17 décembre qui a déclenché les secousses inébranlables de la Révolution. Et nos élus en sont encore à discutailler dans des querelles inutiles alors que le pays a besoin de responsables qui se mettent vite et bien au travail. Se consacrer à cette immense tâche que nécessite une IIème République, proche du peuple et faite pour le servir et non se servir.
De grâce, adoptez votre règlement intérieur et procédez à l’élection d’un Président qui nommera un Premier Ministre et un nouveau gouvernement. Il est à espérer que ce prochain gouvernement ne sera pas marqué par le népotisme et le régionalisme. Il est à espérer qu’un programme gouvernemental courageux et à la hauteur des défis qui nous menacent est déjà préparé et mûri et pourra être présenté à l’Assemblée immédiatement pour examen et, éventuellement, adoption. Ce ne sont pas les jours qui comptent mais ce sont les heures qui comptent. A part la Révolution et les élections, l’année 2011 aura été une année blanche. Elle l’aura été davantage sur le plan des réalisations économiques et sociales auxquelles le peuple tunisien aspire. Faisons vite et bien.
Dr Moncef Guen
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A patir de quelle date les élus sont ils fondés à exercer leur mandat?Pourquoi persiste t on à emprunter les sntiers bâtus?