Juppé : "Etre premier partenaire de la Tunisie, ça se mérite"
Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé a soigneusement rythmé sa visite de 28 heures à Tunis, pour faire passer des messages ciblés, politiques, économiques, sociaux et culturel, en choisissant le cadre approprié. Le tout, sous un thème fédérateur : confiance et soutien. Et une détermination renouvelée : « Nous devons mériter la première place parmi les partenaires de la Tunisie ».
Faisant le point de sa visite lors d’une conférence de presse tenue vendredi à midi au palais du Baron d’Erlanger, Nejma Ezzahara, à Sidi Bou-Saïd, il a fourni des éclairages utiles sur les différentes séquences avant de conclure : « Je repars confiant en l’avenir de la Tunisie. Je ne sous-estime pas les défis considérables que la Tunisie, ses autorités, son peuple vont avoir à relever dans les mois qui viennent. Principalement les défis économiques et sociaux, bien sûr. Mais je pense qu’il y a suffisamment d’énergie, dans cette société, pour relever ces défis. J’ai été très impressionné, en particulier, par la place qu’occupent les femmes dans la société tunisienne et dans la vie associative tunisienne, au sein de ce processus de démocratisation de la Tunisie. Je souhaite donc la meilleure chance possible au peuple tunisien qui est pour la France, vous le savez, un peuple ami ».
Séquence politique, jeudi : « un accueil exceptionnellement chaleureux », souligne-t-il. « J’ai eu l’occasion, au cours de ces entretiens (avec Marzouki, Jebali, Ben Jaafar et Abdessalem), ndlr), de renouveler la confiance de la France dans la Tunisie et dans le processus de transition démocratique actuellement en cours. Confiance mais aussi soutien qui se manifeste sur tous les plans : sur le plan politique, sur le plan économique et sur le plan culturel ».
Mention spéciale, évoquant ses entretiens avec les dirigeants d’Ennahda : « Nous sommes heureux que les valeurs qui nous sont chères, de démocratie, de liberté, du statut de la femme, etc. sont des valeurs partagées. Avec Ennahda, sur ces principes, nous nous sommes retrouvés ». Sans plus de détails.
La matinée du vendredi était consacrée aux autres séquences que la France a tenu à mettre en exergue. Economie : visite d’une PME française, Cahors, « qui donne, souligne Juppé, je crois un bon exemple de ce que peut être un investissement mutuellement intéressant pour la France et la Tunisie, puisque cette entreprise qui fabrique des coffrets de compteurs électriques pour les grandes entreprises tunisienne, en s’installant ici, crée des emplois en Tunisie – une cinquantaine, si je me souviens bien – mais elle crée aussi des emplois en France puisqu’elle importe une partie de ses matières premières de France. C’est donc là une opération mutuellement avantageuse. Investir en Tunisie, ce n’est pas forcément délocaliser des établissements industriels venus de France mais au contraire rechercher une complémentarité ».
Sur le même registre économique, mais dans son volet touristique, le ministre a entraîné la presse française qui l’accompagnait dans une visite à Carthage où il a été impressionné par l’homme de Byrsa, puis à Sidi Bou Saïd. Une occasion, pour Juppé de « réaffirmer la confiance de la France dans les possibilités touristiques de la Tunisie. Je sais que le tourisme est un des piliers de l’économie tunisienne. Il a souffert, depuis un an, pour des raisons évidentes mais je pense qu’aujourd’hui, toutes les conditions de son redémarrage sont réunies. J’ai rencontré quelques touristes français et j’espère que la prochaine saison estivale permettra le redémarrage du tourisme. Des mesures conjoncturelles sont nécessaires pour relancer cette activité touristique mais aussi, j’en ai parlé hier avec les responsables tunisiens, des réformes structurelles. La France est prête à coopérer avec les responsables tunisiens pour développer de nouveaux produits qui correspondent mieux à l’attente des touristes qui s’intéressent à cette région ». Une halte s’impose quand on vient dans ce village : la galerie Ammar Farhat.
Social : visite au siège de l’association "Amal", qui vient en aide aux mères célibataires. « C’est un beau combat, dira-t-il et j’ai pu rencontrer à cette occasion d’autres associations. Vous le savez sans doute, l’ambassade de France a organisé l’année dernière un forum consacré au tissu associatif et à la société civile. Cela a été un grand succès et nous allons poursuivre cette année avec un nouveau forum, au mois de mars je crois, qui nous permettra de réunir des associations tunisiennes mais aussi de les mettre en contact avec les associations françaises ». Le ministre avait tenu, en effet à poursuivre les contacts établis avec le tissu associatif tunisien « dont, soulignera-t-il, je constate qu’il est très riche et qu’il se développe très vite depuis plusieurs mois. Je pense en effet que la démocratie, ce sont d’abord des élections libres et transparentes mais c’est aussi une culture qui s’acquiert grâce au développement du réseau associatif ».
Quelques réponses rapides aux questions des journalistes :
La montée de l’islamophobie en France : « Ce n’est pas propre à la France. Il y a une sorte de peur face à la transformation du monde, une position de repli. Il faudrait réduire le malentendu, expliquer, il y a toute une pédagogie à faire ensemble ».
Etudiants Tunisiens en France qui n’auront plus le droit de prolonger leur séjour dès la fin de leurs études: « ils sont près de 15 000 et on me dit qu’ils sont parmi les étudiants étrangers les plus performants en France. Il y a eu cette circulaire qui était rédigée de manière inappropriée, mais elle a été modifiée. Le malentendu est dissipé.
Visiblement satisfait de sa visite à Tunis, Alain Juppé réitère son message central : confiance et soutien. A concrétiser.
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« Nous devons mériter la première place parmi les partenaires de la Tunisie ». Mais c'est magnifique! Il fallait peut-être ne pas refouler les tunisiens arrivés à Lampedusa et qui se présentaient à la frontière franco-italienne... non?
Toutes les Valeurs que Monsieur Juppé a évoqué lors de sa visite en Tunisie, aucune nation, aucune religion ne les a introduites dans la vie de l'étre humain avant la religion musulmane.Les liberté d'éxpréssion, les droits de l'homme, les droits de la femme c'est le livre sacré qui les publier en premier;C'est la raison pour laquelle il est plus valu surtous les autre livres poutant avant lui.Car le sacré livre, il a complété tous se que l'etre humain avait besoin pour vivre sa vie.Le sacré en plus de la foi et la loi que les autres livres en apporté avant lui, il a confirmé les deux valeurs et complté, foi, loi, morale, stile de vie culture et civilisation.
Il etait important que la France calrifie sa position vis a vis de la Tunisie et de son nouveau gouvernement. Orchestree de maniere professionnelle et reflechie cette visiste ne manquera pas de recarder nos relations avec ce voisin europeen qui compte dans le monde. A nous de cesser de nous "agiter"
Pour de multiples raisons : langue, culture, histoire commune tant pour l'Antiquité que pour les périodes moderne et contemporaine, la France reste pour la Tunisie un partenaire stratégique.Elle est plus proche de nous que Les pays du golfe ou d'Asie.La Tunisie doit savoir entretenir et tirer adéquatement parti de cette situation historique et géopolitique.
Je partage parfaitement les propos de Mr Hassine FANTAR. La France est la 5ème puissance mondiale et nous avons la chance d'avoir des rapports privilégiés avec cette puissance dûs à la proximité géographique, à une histoire et à des intérêts communs. En prenant le cas de la médecine, si aujourd'hui nous parlons de tourisme médical et que nous accueillons des patients Libyens ou même Européens, sources de devises pour le pays, cela est dû à l'origine à la formation de médecins d'élite en France à la suite de l'indépendance qui eux mêmes ont formé des médecins dans nos universités avec des stages de haut niveau en France à l'appui. Nous pouvons étendre les exemples à d'autres métiers ( ingénieurs, gestionnaires, etc...). Un peuple qui se veut intelligent doit faire preuve de pragmatisme et ne pas dilapider ses atouts même s'il arrive à son vis-à-vis de se tromper.
J'approuve tout à fait la remarque ou le conseil du Dr.Ben Dhia,"c'est á nous de cesser de nous agiter.."C'est à quoi M.Marzouki,par exemple,devrait faire attention.Au lieu de provoquer et de faire des remarques désagréables vis à vis de la France,il devrait essayer plutôt de renouer et consolider les liens traditionnels particuliers dont nous jouissons avec la France(M.Marzouki lui-même en a longtemps profité.Sa biographie en donne assez de preuves),car actuellement la Tunisie,plus que jamais a besoin d'amis sur lesquels elle peut compter pour en sortir des ou de la crise(s) qui l'accable(nt).