La nouvelle diplomatie tunisienne : la continuité l'emporte largement sur le changement
La politique étrangère de la Tunisie a suscité bien des interrogations ces derniers temps avec la visite du leader du Hamas àTunis, la réunion du Conseil national syrien, les déclarations ambiguës de Moncef Marzouki à Tripoli sur « l’Indimaj » avec la Libye sans qu’on sache s’il entend par là une fusion ou une intégration avec ce pays et enfin les fréquentes interférences de Rached Ghannouchi .
Dans une longue interview au journal Assabah, le ministre des Affaires étrangères, Rafik Abdessalam, s’est voulu rassurant : « La nouvelle diplomatie tunisienne est le fruit d’un consensus entre les trois présidences »… « Nous ne sommes pas venus pour transformer de fond en comble la politique étrangère »… « Nous n’allons pas entrer dans de nouvelles alliances, mais développer nos relations avec l’Europe, les Etats unis, l’Europe et l’Afrique »…« Les initiatives de Rached Ghannouchi relèvent de la diplomatie populaire, ce qui nous aide à développer nos relations extérieures »...« Nous allons inviter prochainement Mahmoud Abbas pour signifier l'importance que nous accordons à l'unité des rangs arabes».
Le principal enseignement qu’on peut tirer de cet entretien, c’est que la continuité surtout par rapport à la politique du gouvernement Caïd Essebsi devra l’emporte largement sur le changement en matière de politique étrangère. De toute évidence, la phraséologie révolutionnaire qu'affectionne Moncef Marzouki ne pèse pas très lourd face aux pesanteurs géopolitiques.
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La lecture de l'interview intégrale publiée par Essabah ne manque pas de nous interpeller sur certains points. Notre Ministre des affaires étrangères affirme que notre nouvelle diplomatie est le fruit d'un consensus entre les trois présidences. Fort bien! Mais alors comment se fait-il qu'au même moment où notre Président déclare à un journal algérien qu'il est catégoriquement opposé à toute intervention étrangère en Syrie, notre chef de la diplomatie n'hésite pas à déclarer à la BBC qu'il fallait étudier la proposition qatarie d'envoyer des troupes arabes dans ce pays. N'est-ce pas là une discordance totale entre un président très net dans son refus et un ministre va-t-en-guerre qui, par sa seule acceptation d'entrer en matière au sujet de la proposition du Qatar, admet implicitement qu'on puisse y donner suite. Avant de faire une déclaration aussi grave qui engage l'etat de paix ou de guerre pour notre pays, et où nous aurions été en tout état de cause de simples mercenaires du Qatar, a-t-il consulté les " trois présidences" ? Quant à affirmer que l'ingérence du chef de son parti dans la sphère diplomatique de notre pays relève de qu'il appelle "la diplomatie populaire", c'est là une notion qui n'a aucun sens concrêt dans le domaine des relations internationales et des rapports entre états et dont on ne retrouve aucune trace dans les annales diplomatiques contemporaines. Qu'elle soit de la pure invention de M.Ghannouchi qui en a parlé le premier, ou que ce soit son gendre spécialiste en sciences politiques qui la lui ait soufflée, souhaitons lui quand même d'avoir une très bonne carrière devant elle!
Le Ministre des affaires etrangeres declare que: "Les initiatives de Rached Ghannouchi relèvent de la diplomatie populaire, ce qui nous aide à développer nos relations extérieures »...C'est quoi la diplomatie populaire? C'est un nouveau concept? Moi, je ne ais pas en tous cas. Doit-on nous aussi aller faire de la diplomatie populaire?...J'hallucine!
Qu'on m'explique le rôle que joue rached Ghannouchi? Il ne fait pas partie du gouvernement et il parle au nom de la Tunisie. Est-ce un nouveau Kaddafi "chef de la révolution" ou bien un nouveau "Khomeini" un guide de la révolution. De la diplomatie populaire c'est bien dit car ce qu'on voit c'est du populisme et pas de la gouvernance d'un pays. Pourquoi donc critiquer les habitants de makthar pour leur action c'est aussi du populisme et ils ont plus de légitimité que les têtes qu'on commence à en avoir marre de les voir tous les jours.
On pourrait accepter que sur le plan interne,on pourrait s'accommoder de la signification de la concertation entre les trois Présidences pour saisir les nuances des uns et des autres mais lorsqu'il s'agit d'envoyer des signaux rassurants à l'étranger sur l'orientation de la politique extérieure tunisienne, on a besoin-pour notre crédibilité- de parler d'un seule VOIX !