Pour la création de La Ligue de Défense des Droits de la Tunisie (LDDT)
Notre drapeau, symbole de tous les sacrifices consentis depuis des générations, a été jeté et remplacé pour la première fois depuis l’indépendance par un bout de tissu noir. Imaginons cet acte sur un champ de bataille au vu de notre brave armée républicaine ! Elle aurait certainement tiré sur le responsable sans poser de questions car un tel un acte remet en cause notre indépendance et notre raison de vivre sur cette terre qui nous a couvés pendant des siècles.
Dans cette cacophonie, face aux interminables débats sur les droits de chacun, aux réactions « révolutionnaires » des autres, notre chère patrie subit des coups douloureux touchant à sa crédibilité, son orgueil et même sa survie. Où devons-nous placer les intérêts et les droits suprêmes de la Tunisie dans les stratégies des différents acteurs sociopolitiques ?
Des constats et des chiffres alarmants
La Tunisie a un besoin urgent d'hommes politiques, de syndicats et d’institutions capables de se projeter dans le futur afin de prévoir, sur la base des statistiques publiées dans les journaux et les sites web du monde entier, l’état très inquiétant dans lequel elle va se trouver dans peu de temps. Précisons que ces statistiques sont les cumuls de plusieurs décennies de mauvaise gestion d’où le besoin d’un minimum d’objectivité dans l’évaluation des responsabilités de chacun de nous et l’élaboration de plans de sortie de cette crise. On n’a pas besoin d’être un expert pour conclure à la gravité des menaces que nous pouvons déduire des chiffres publiés. La croissance est négative, les réserves en devises sont en régression au point de ne pas dépasser, actuellement, les 100 jours d’importation, le nombre des chômeurs a atteint le chiffre alarmant de 800 000, celui des mouvements de protestation a égalé le seuil inquiétant de 22 000 mouvements avec plus de 600 000 jours de grève…Dans cet environnement de plus en plus répulsif qu’est devenu le nôtre,120 entreprises étrangères ont définitivement quitté la Tunisie, accentuant davantage par le nombre des chômeurs.
S’ajoutent à ce tableau déjà gris d’autres tâches plus sombres et concernant les menaces de délocalisation émanant de multinationales prestigieuses installées en Tunisie telles que Yazaki (établis dans 57 pays avec 250 000 employés), Leoni (34 pays, 55 000 employés) et British Gas (25 pays, 6000 employés). Imaginons les effets pouvant se produire par les échos de ces intentions de délocalisation auprès des investisseurs potentiels. A-t-on eu la présence d’esprit d’estimer le nombre des Multinationales ayant changé de pays d’implantation après avoir opté pour le notre à cause de l’instabilité socio-économique qui règne en Tunisie, comme c’était le cas du constructeur d’avions Canadien Bombardier (23 pays, 65 000 employés) avec son projet de 200 Millions de dollars d’investissements prévus en Tunisie mais malheureusement annulés? Des dizaines de sociétés ont préféré le Maroc, la Turquie et le Mexique provoquant un manque à gagner estimé à de dizaines de milliers de postes d’emplois. L’inconscience ou l’insouciance ou peut être même l’ignorance de quelques acteurs sur la scène tunisienne les a amenés à déclarer que pour la relance de son économie, la Tunisie n’a pas besoin d’investissements étrangers ! Imaginez l’état d’esprit de certains parmi ceux qui décident du sort de notre pays.
Notre bateau est en train de chavirer. Quelques uns, qui se reconnaissent, au lieu de réfléchir à le stabiliser et à sauver l’équipage et la cargaison, préfèrent s’occuper de « passagers » à jeter par-dessus bord. Notre devoir à nous tous consiste à prendre fermement position contre ces malfaiteurs politiques pour préserver les intérêts suprêmes de notre pays. J’invite tous ceux qui à ce jour n’ont pas adhéré à un parti politique, à une association ou à un rassemblement, de gauche ou de droite, à adhérer à ce que j’appellerais « la Ligue de Défense des Droits de la Tunisie (LDDT) ». Bien que le principe de la création d’une telle institution soit théorique et son existence virtuelle, l’option du Tunisien moyen cherchant la stabilité et le bien être, pour une telle institution, peut être confirmée par des simples sondages d’opinions. Tous les partis politiques, institutions et associations « actifs » n’ont pas, à ce jour, levé le petit doigt pour réclamer haut et fort l’apaisement des esprits pour que tous se penchent sérieusement et, surtout, collégialement sur la catastrophe économique, financière, sociale que nous vivons ainsi que sur la mauvaise image médiatique que nous véhiculons à l’étranger. Ces divers acteurs réclament haut et fort leurs droits à la parole, à la décision et à la participation dans la vie politique. Par contre, ils se taisent lorsque que le problème posé ou la solution proposée ne servent pas leurs intérêts et ne les aident pas dans la conquête des postes de décision dans le futur paysage socio- politique de l’après constituante. En cette phase extrêmement délicate, notre chère Tunisie n’a pas besoin de bavards politiques mais plutôt de politiciens charismatiques, pragmatiques et lucides capables de différencier entre gouvernement et Etat, entre politique et géopolitique, entre stratégies futures et intérêts immédiats. Je n’aimerais pas qu’un jour les annales de l’histoire diront que « la révolution tunisienne était à l’origine du réveil des peuples opprimés avant de s’éteindre». Sauvons notre beau pays de l’anarchie politico-économique avant qu’il ne soit trop tard. Pour cela adhérons tous à la LDDT. Plusieurs associations peuvent fédérer les activités dans ce cadre. Seule la société civile est encore généreuse dans les efforts et féconde en matière d’idées et de réalisations. Peut- être dans ce cas, les politiques de tous poils rejoindront le mouvement. L’enjeu est tellement vital au point qu’il en va de tout le processus révolutionnaire enclenché par la Tunisie, en Tunisie et dans le monde arabe. Ou nos sacrifices auront servi un dessein national et régional de liberté, de démocratie et de dignité. Ou, à Dieu ne plaise, la Tunisie aura participé à rendre le gâchis arabe en la matière encore incommensurable.
Nacef BELKHIRIA
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