Seuil de pauvreté, Population pauvre
Bien avant la chute de la dictature, certains de nos indicateurs socioéconomiques avaient fait l’objet de moult critiques, en particulier les taux de chômage et d’activité, l’indice des prix, le seuil et le taux de pauvreté. Que ces critiques aient été justifiées ou non, qu’elles portent sur la conception de base des indicateurs ou les modalités pratiques de leur calcul, peu importe finalement. Le doute à leur propos s’est insidieusement installé. Un débat s’impose donc, soit pour les crédibiliser, soit pour les invalider.
En publiant ses propres estimations du taux de pauvreté en 2011 (24,7% contre 11,5% seulement pour l’INS en 2005), le Ministère des Affaires Sociales a jeté un pavé dans la mare. Pour la première fois, deux services officiels se sont durement affrontés. Pourtant l’écart entre les deux estimations est dans l’ordre des choses. En effet, l’INS évalue la population pauvre sur la base des enquêtes de consommation et d’un concept standard alors que le Ministère des Affaires sociales utilise une méthode empirique et puise pour ce faire dans ses propres fichiers administratifs et de gestion. Deux méthodes radicalement différentes s’appuyant sur des sources statistiques dissemblables conduisent tout naturellement à des estimations éloignées. Au demeurant, que l’on critique l’incapacité de l’approche monétaire à saisir le caractère multidimensionnel de la pauvreté, cela est recevable. Que l’échantillon de base des enquêtes de consommation soit jugé insuffisant et leur périodicité trop espacée, là encore la critique est judicieuse et l’INS lui-même en convient. Que l’on souhaite aller jusqu’à un niveau plus bas que la région, tous le souhaitent. Mais que la polémique dégénère au point d’attenter à la compétence ou l’honneur des agents de l’INS, cela est choquant, dérisoire et improductif. Plus grave, la polémique a occulté le débat essentiel quant à la pauvreté elle-même, ses origines et les moyens de l’éradiquer.
Certes, la pauvreté est liée au niveau du revenu per capita, mais elle liée aussi au chômage, à l’impact inversé de la redistribution et plus encore à la rigidité sociale qui prévaut dans notre pays. En effet, le capital financier, social et culturel a pris le pas sur l’effort personnel et le mérite. L’école ne joue plus son rôle d’ascenseur social. Les transferts sociaux profitent aux plus favorisés. Bref, la consanguinité est devenue sociale. Pourtant, une chape de plomb a été jetée sur ces interrelations. Ni le Gouvernement en place, ni la nomenklatura politique ne les mettent en avant. Peut être qu’en fin de compte la société tunisienne est devenue trop fataliste, trop hiérarchisée, et pour tout dire trop réactionnaire dans le sens littéral du terme pour exiger l’application des réformes qui s’imposent.
Habib TOUHAMI
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sans besoin des statistiques, pour estimer le nombre de pauvre en Tunisie, il faudrait avant tout définir la notion de pauvreté, donc le pauvre est toute personne qui a du mal à fournir ses moyens de substitution. On trouve dans cette catégorie, tous les ouvriers et les fonctionnaires de basse catégorie, donc la majorité des travailleurs, à ce nombre on ajoute les démunis composés de chômeurs chefs de familles, des travailleurs occasionnels (???? ????,)des "berbechas" et des vrais mendiants,on arrive aisément à la moitié de la population et ça sans compter les cadres administratifs qui sont situés à la limite de la pauvreté.