La chasse aux sorcières est ouverte !
Deux ou trois plaintes viennent d’être déposées contre le Premier Ministre de la première phase de la période transitoire, M. Béji Caïd Essebsi, pour le rôle qu’il aurait joué dans une affaire qui remonte à 1962, soit il y a cinquante ans, lorsqu’il était au ministère de l’Intérieur. La bloggeuse, Lina Ben Mhenni serait poursuivie en justice. Elle aurait gravement nui au secteur du tourisme national en déclarant à un média canadien que la situation ne s’est pas encore stabilisée dans le pays. Le cheikh Abdelfettah Mourou a été expulsé manu militari d’une mosquée de Kalaa El Kébira, vendredi 17 mars, après avoir été traité d’impie, de mécréant et menacé de mort. Son crime ? Avoir chanté en allemand sur un plateau de TV il y a quelques mois déjà ! A Jendouba, un jeune homme d’une vingtaine d’années environ a failli voir sa main amputée par des salafistes qui l’ont condamné pour vol. Les médecins ont été dans l’obligation de lui couper trois doigts déjà affreusement sectionnés par ceux qui s’étaient improvisés ses juges. Ce jeune homme pourrait, tout compte fait, s’estimer heureux car il n’a pas connu le sort qui a été réservé à M. Lotfi Kallel, l’imam de la mosquée de Montplaisir, assassiné à l’aube, par des barbus selon certains, alors qu’il se rendait à la prière d’el fajr. Adepte d’un islam modéré et tolérant, son langage n’a pas l’heur de plaire à certains en cette année de disgrâce et de sectarisme. On pourrait encore évoquer le décès cette semaine, des suites de ses blessures. d’un avocat, sympathisant du PDP, agressé à Sfax octobre dernier.
On l’a aisément compris, la période de la chasse aux sorcières vient de s’ouvrir et elle s’annonce prometteuse ! Il s’agit, ni plus ni moins, d’agiter l’épouvantail des poursuites judiciaires, aussi ridicules soient-elles, celui des mutilations au besoin, voire pire si nécessaire. Le but poursuivi est de faire taire les voix dissonantes ! L’exemple vient, d’ailleurs, d’en haut si l’on en juge d’après les déclarations des ministres de l’Intérieur et de l’Enseignement Supérieur jetant en pâture à la malignité de l’opinion salafiste le doyen Habib Kazdaghli. Ne lui a-t-on pas entièrement imputé la crise de la Manouba, passant ainsi sous silence la responsabilité des éléments étrangers à la faculté, qui ont gravement porté atteinte à l’institution universitaire et à l’ensemble de son personnel estudiantin et enseignant. Silence donc ! Le char de la wahabisation de la société tunisienne est en train de passer ! C’est tout simple : il passe ou il casse !
N’allez surtout pas crier sur les toits que les agresseurs de MM. Krichen et Rdissi n’ont pu être encore identifiés ou que le profanateur du drapeau national n’a pu être arrêté dix jours après son forfait ! Ne soyez pas assez imprudent au point de déclarer que les Tunisiens de 2012 sont principalement préoccupés par les problèmes du chômage des jeunes, du développement régional, de la cherté de la vie ou par la question de la sécurité.
N’ajoutez pas ensuite qu’ils ne portent, dans le meilleur des cas, qu’un intérêt modéré à l’affaire des youssefistes persécutés sous Bourguiba en 1962 et alors que Bajbouj était à l’Intérieur. N’aggravez pas, enfin, votre cas en déclarant que ce sont les hordes de salafistes vociférant et manifestant à longueur de semaines en agitant leurs drapeaux noirs qui nuisent davantage au tourisme que les déclarations d’une bloggeuse. Ce sont là, des conseils et une précaution dictés par la nécessaire prudence qui s’impose en ce moment critique que nous vivons car tout est occasion bonne à saisir par certains afin de faire de nouveau parler d’eux chaque jour… quitte à inventer des problèmes de toutes pièces ! Ainsi, une étoile de David dessinée par une main inconnue sur le linteau du portail d’entrée de la mosquée El-Fath, en plein centre de la capitale, autant dire au cœur du fief, voire du Q.G. des salafistes, donnera certainement lieu à manifestations et, probablement, à des accusations et à des poursuites. Se mettra-t-on bientôt à chasser le juif à Tunis ? Car, n’est-ce pas, diront les naïfs ou les malintentionnés, seul un juif a pu commettre un acte pareil ? A moins que ce ne soit des laïcs et autres démocrates comme ceux, ajoutera-t-on probablement, qui ont eu la mauvaise idée de brûler et de profaner des exemplaires du Coran dans une mosquée de Ben Guerdane ! A ce rythme, l’islam sera bientôt déclaré menacé en Tunisie et la Chariâ sera proclamée seule en mesure de sauver la religion dans ce pays. On compte ainsi, probablement, rééditer le coup de Persépolis et de l’affaire Nessma qui a si bien servi le vote pro-Ennahdha la veille des élections du 23 octobre ! Car c’est bien connu, il n’y a pas de morale en politique, les coups les plus bas sont de mise et seul, en fin de compte, importe le résultat. Des moments durs attendent donc ceux qui n’ont pas Le Prince de Machiavel parmi leurs livres de chevet. C’est-à-dire ceux qui n’apprécient nullement les leçons amorales de ce théoricien pour qui les moyens importent peu, seules comptent les fins. Or, la fin, aujourd’hui, s’appelle l’instauration d’un Etat théocratique. Qu’un imam ou une bloggeuse en fassent injustement les frais, ce n’est là qu’un détail qui, aux yeux de certains, ne pèse pas lourd dans la marche de l’Histoire vers un si noble but ! Et l’on vous dira que, somme toute, il n'y a pas de révolution sans victimes. Mais peut-on facilement souscrire, comme le dit Mauriac, « à la condamnation d'un innocent, fût-ce pour le salut du pays » ? Et ne devrions-nous pas nous écrier avec Voltaire : « Exterminez, grands dieux, de la terre où nous sommes, /Quiconque avec plaisir répand le sang des hommes » ? Car le sang vient déjà de couler et si l’on ne met pas rapidement un frein à la grave dérive et à la bientôt irréparable division du pays en camps antagonistes, le sang sera abondamment versé dans un avenir proche, hélas ! Avouons que ce n’est pas là l’image de la Tunisie que nous voulions tant construire le 14 janvier 2011, l’image d’une Tunisie moderne, ouverte, tolérante, égalitaire et démocratique ! Il est fort à craindre, hélas, que l’accouchement de cette Tunisie-là ne se fera qu’au forceps ! Si elle devait voir, enfin, le jour…
Mohamed Ridha BOUGUERRA
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Cet article est pitoyable de mauvaise foi! Oui les agresseurs des journalistes doivent être jugés pour ce qu'ils sont et font mais venir nous sortir la chasse aux sorcières parce que la justice peut enfin s'exercer et que cela ne vous plaît relève de l'escroquerie. Vous devriez avoir honte! BCE a été le cerveau et le bras de la répression d'état! Combien sont encore vivants et peuvent témoigner? Très peu parce que sa méthode et les gens sous ses ordres étaient implacables!! Mais il reste des témoins et il faut solder l'héritage de Bourguiba et consort tant qu'il en est encore temps, ne en vous déplaise!!
Chasse pour chasse au sorcière n'oublions pas les terroristes à bombes ou acide sulférique.
Très bon article, qui a l'intelligence de concaténer les derniers évènements afin de montrer où ils nous mènent. Je suis confiant dans le fait que la surenchère continuelle mènera à une réaction radicale et définitive face à la mouvance politico-religieuse, qui montre, petit à petit, son caractère extrêm(iste). Personne ne pourra plus dire qu'il ne savait pas.
Voilà un texte qui fait penser mutatis mutandis à la terreur de Thermidor, du temps de Robespierre.Le texte provoque la sueur froide. Que faire? Doit-on avoir peur?
Ce qui compte maintenant c'est d'imposé l'ordre et la justice et mettre hors d'état de nuire ces barbus extrémistes venu d'un autre âge. Ensuite il sera assez tôt de parlé du passé. Il faut agir très vite.
Ne vous inquiétez pas BCE est défendable quelle que soit ce qu'il avait fait avant. Même s'il a fait du mal pour certains, ce mal là est déjà très très largement compensé par la période durant laquelle il a emmené la Tunisie à la bonne rive. Normalement il faudra le compenser mais les mauvaises langues existes partout ds le monde. Espérant que maintenant le gouvernement ne fera pas deux poids et plusieurs mesures. A ce que je vois oui 2 poids et différentes mesures, comme l'exemple type de l'affaire du journaliste photographe incarcérer le jour m^eme alors que celui qui à déchiré le drapeau tunisien, celui qui a attaqué Rdissi, et Krichen n'ont pas encore été arrêtés court encore pour une bonne raison!!! Par ailleurs, il faudra avoir honte de dire du mal de la période Bourguiba, Ceux qui ont oublié , c'est grâce à Bourguiba que nous sommes 10 millions et pas 30 millions, encore grâce à lui que nous avons ce niveau d'éducation connu à travers le monde entier. Encore grâce à Bourguiba que la femme tunisienne a des droits, elles votent, elle travaillent et a les même chances de recrutement que les hommes, et c'est cela qu'ennahdha ah non les salafistes ( ceux qui agissent sous la direction d'ennahdha) ne veulent pas. Ils veulent rendre la femme, femme de manage à la maison comme un lapin (elle fait les enfants), ensuite pour la moindre désobéissance , monsieur épousera une seconde et pourquoi pas s'il a les moyens une troisième. C'est echar3. Ce je vois maintenant, comment parlent certains hommes et femmes, heureusement pas tous, me laisse pleurer Bourguiba le père de la nation entière et les femmes en particulier. Même si certaines gaffes ont été commises pendant cette période, moi, mes collègues nous ne pouvons que le pardonné et salué ce qu'il a fait pour la Tunisie entière arabo musulmane je dis bien.
Je ne vois pas du tout de chasse à la sorcière. Seulement personne ne doit être à l'abri, ni BCE ni quelqu'un d'autre. La justice doit jouer pleinement son rôle dans toute indépendance, et tout criminel de torture doit payer (sans prescription même si le crime a été commis il ya 50ans). Et si BCE est innocent il sera sans doute acquitté, (rappelons q'a avant de quitter son mandat provisoire il a fait sortir le Marsoum de prescription de 15ans pour les crimes de torture, mais il a oublié la convention internationale signée par notre pays et qui exclue toute prescription de crime de torture).Toujours est-il qu'il est reste innocent jusqu'à preuve du contraire. C'est ça la vraie justice dans une démocratie naissante.