Opinions - 26.03.2012

L'obscurantisme ne vaincra pas

Le carnage de TOULOUSE que nous condamnons  avec  force nous révolte d’autant plus qu’il à été perpétré au nom de l’islam, un islam qui n’est pas le nôtre, on ne le dira jamais assez. Nous ne pouvons pas rester indifférents à ce qui se passe ailleurs, parce que ce mal s’est malheureusement propagé à un tel point qu’il nous a atteint et porté préjudice à notre sécurité, notre économie, à notre saison touristique que nous avons déjà bien du mal à redresser ; notre société entière y compris nos compatriotes qui vivent à l’étranger pourraient en subir les conséquences néfastes.

C’est pourquoi, c’est maintenant à notre tour de faire face  à cette nébuleuse  terroriste et de la combattre parce que ce sont nos vraies valeurs arabo- musulmanes qui sont en danger et qui risquent d’être transformé en fléau à force d’instrumentalisation.

En tant que citoyens tunisiens, connus, pour notre ouverture et notre tolérance, fiers d’être arabes et musulmans telles que la Tunisie l’a véhiculée pendant des siècles, nous  nous devons, de contribuer par notre résistance à éradiquer ce fléau et préserver notre pays de la contamination.

D’ailleurs le 20 mars dernier, les Tunisiens, en descendant dans les rues par milliers pour dire non à la dictature de la pensée unique, non aux terroristes et à la violence, et non à un régime théocratique basé sur la charia que prêche les salafistes toutes tendances confondues, ont démontré qu’ils ne se laisseront pas évincer une autre fois.

Aujourd’hui, il est bien malheureux de constater que cette mouvance salafiste qui sévit partout dans le monde en semant l’horreur et la désolation au nom de l’islam et de Dieu, nous fait peur et menacent tout ceux qui se mettent en travers de leur chemin.

Nous n’échapperons pas non plus à leur vindicte si nous baissons la garde.Le ministre de l’intérieur ne l’a t-il pas  confirmé en répondant à une interview au Monde le 21 mars dernier : « le modèle que prônent les salafistes constitue un danger. » Et il ajoute « nous allons vers un affrontement, c’est presque inévitable… ». En Tunisie aussi la menace gronde.


Pour rassurer les citoyens de plus en plus inquiets et après une telle déclaration  il est plus que nécessaire de rétablir l’ordre et la sécurité dans le pays pour éviter l’installation d’un climat de paranoïa et de psychose, car nul n’est au dessus de la loi, ni salafistes djihadistes ni salafistes tout court.

Il est impératif de nos jours, avec cette nouvelle explosion du retour  dans tout les sens au religieux,que l’on accepte qu’il y ait un parti religieux modéré pour figurer dans le paysage politique de notre pays  pour qu’ensemble on puisse neutraliser toute sorte de dérive de violence et de haine et endiguer les courants intégristes. Un parti qui place l’intérêt du pays au dessus de tout et qui s'inscrit dans un contrat social a construire  par toutes  les forces politiques entre l'Etat et la société

En revanche, laisser la mouvance salafiste participer à ce processus en lui accordant un parti alors que ses tendances bien affichées sont antidémocratiques et anti société civile  ne devrait pas être envisagé. Les intégrer dans le processus démocratique ne fera que porter préjudice et empoisonner l’évolution de cette marche vers un modèle social moderne et modéré avec une constitution civile et civilisée. Il est possible de le faire à condition d inverser l'approche, à condition qu’ils acceptent le principe d'égalité de tous devant les lois de la république, de renoncer à la prétention de la vérité et à la hiérarchie des valeurs qu’ils prétendent détenir seuls. Mais l’accepteront-ils jamais ? Difficile à croire.

En effet, en Tunisie comme ailleurs, le mouvement salafiste compte des sensibilités diverses : il ya d'abord, les djihadistes qui sont les plus dangereux et qui prônent la violence comme moyen de servir leur idéologie. Quant aux autres tendances, sans avoir les mêmes penchants, sont tous d’accord avec le concept de rupture systématique avec la société. La violence chez eux si elle n’est pas dans les actes elle est dans le verbe.

Intégrer ainsi les salafistes, en leur accordant un parti, dans le processus démocratique auquel ils n’y croient pas est une opération risquée même pour le parti Ennahda qui les ménage.
Leur discours est clairement un discours d’exclusion,  qui rend impossible leur intégration dans le concept d’un contrat social qui doit être impérativement construit entre l’état et la société dans une nouvelle Tunisie basé sur la citoyenneté, l’équité, et le respect du droit de l’autre et des institutions. Toutes ces conditions posent de grands défis au gouvernement et aux salafistes eux mêmes.

Comment dans un pays comme la Tunisie peut on traiter avec des individus qui rejettent toute forme de démocratie et qui  considèrent que les seuls référents d’un système réside dans la religion musulmane  et dans  une hiérarchie de valeurs que eux seuls peuvent définir et imposer ? L’autorité  et l’exercice du pouvoir ainsi que  l’organisation de la société, résident pour eux, exclusivement dans les préceptes de la religion de l’islam telle qu’ils l'interprètent. Cette conception anti démocratique de la société  partagée et défendue entre autres par certains membres du mouvement Ennahda ne peut pas s’appliquer dans un pays comme le nôtre.
Le peuple Tunisien dans sa majorité, aspirait après le 14 janvier 2011, à vivre dans une république démocratique, juste et égalitaire et surtout tolérante. Est ce trop demander ?

Il existe aussi, pour être juste, et fort heureusement, au sein du parti Ennahda ceux qui sont pour une application graduelle et modérée de l’islam et qui sont prêts à évoluer au rythme d’une société ouverte et libre. Ceux-là s’opposent bon gré mal gré aux  autres membres qui sont pour une radicalisation « à la salafiste » de la société.   La division est inévitable et difficile à gérer et à vivre pour les membres de ce parti surtout si le conflit  perdure ce qui peut avoir  de mauvaises conséquences sur le cours des évènements politiquesà venir. Paralyser la bonne marche du processus, et  retarder du même coup les travaux de l’assemblée constituante et envenimée davantage le débat sur la constitution et remettre les prochaines élections aux calendes grecques.
Le parti au pouvoir se trouve ainsi face à un dilemme incontournable : choisir de s’opposer au niveau du discours et du comportement aux salafistes et voir des dissensions se créer davantage au sein du parti ; Ou essayer de contourner le problème par des formules ambiguës et faire la politique de l’autruche comme c'est le cas  jusqu’à présent. Les risques que comporte ce choix c’est  celui de se compromettre politiquement ,d’une part perdre la confiance  de toutes les forces non islamistes et porter ainsi un coup dur à la crédibilité d’un discours qui se veut ouvert, modéré et rassurant surtout qu’ils sont au pouvoir. Et d’autre part,celui de mettre en danger la sortie de la crise  et le retour  a la normalité, qui se définit par le développement tant nécessaire qu’attendu par le peuple.

Le parti fait face à un grand défi, ou il remet les pendules à l’heure au risque de s’attirer la foudre de l’aile dure du parti, ou il avance vers un mur en continuant à brandir le slogan « l’islam est la solution ».

Dans les années 50 et 60 le slogan était «  l’unité arabe est la solution ». Aujourd’hui on veut nous faire croire que l’islam est la solution. Cela n’a pas marché la première fois et cette fois encore  cela ne marchera pas car il n y ni modèle économique islamique connu et expérimentale, ni de modèle  social établi auquel on peut  avoir recours à travers le temps et l espace.  Appliquer  du jour au lendemain un modèle imaginaire, qui va tout changer pour les chômeurs les nécessiteux et autres cela n’existe pas.

Miser sur le retour d’un conservatisme social et  d’une vague de religiosité pour gagner du terrain est une chose, et gouverner est une autre chose.

Prétendre à une supériorité morale ancrée dans une interprétation exclusive du religieux pour faire une constitution sur mesure n’apportera pas  plus de réponses aux vrais problèmes.

Il est urgent de ramener le débat sur le terrain socio –économique et prendre en même temps  les mesures nécessaires, pour protéger la population de toutes les dérives et non pas se contenter de la mettre en garde.

Aujourd’hui la  société souffre d’une division douloureuse créé par ceux qui ne croient plus à notre véritable identité et qui veulent nous imposer une nouvelle totalement étrangère à nos vrais valeurs qui sont: la tolérance, la paix  et notre appartenance à un riche brassage de civilisations.

Il est temps pour la troika de trancher dans le vif  pour que l’on puisse enfin vivre notre révolution et revenir à nos fondamentaux.

Latifa moussa

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3 Commentaires
Les Commentaires
abenamar - 27-03-2012 03:40

merci. merci pour ce texte plein de bon sens, d´une vision sereine de la situation actuelle en tunisie, et des hypotheses probables et comment eviter d´y arriver. merci de ne pas mettre ni vos diplomes, ni votre metier, ni vos titres, car on nous a saturé avec cette mauvaise coutume.j´ai lu, avec un indescriptible plaisir, l´écrit d´une tunisienne de pure sang appelée, Latifa Moussa, et je ne sais meme pas quel est son travail, a quoi ça sert ? l´humilité augmente exponentiellement les valeurs intrinseques de la personne. medecins s´il vous plait, enlevez des pare-brises de vos voitures, cette insigne qui n´a plus de sens apres l´invention des ambulances. c´est meme choquant quand je reviens a mon pays,de voir ce spectacle de voitures-medicalisées. de passage, je prie les autorités de ne plus indiquer l´activité des gens sur leurs documents identificatifs.copiez les pays democratiques et vous verrez que meme la corruption diminue a son niveau le plus bas. ne voulez vous pas qu´un tunisien soit egal a un autre tunisien ? commencez par donner l´exemple, comme cette formidable Latifa. que dieu te benisse, tres chere compatriote.

Arthur janot - 27-03-2012 09:53

Merci pour les victimes de ce tueur, merci pour tous les bons musulmans respectueux des préceptes de vie, merci pour les tunisiens qui tremblent chaque jour, qui sont insultés chaque jour ... qui ne reconnaissent plus leur pays et qui ont honte de ce que la révolution leur donne qu'ils n'ont jamais souhaité. Nous voulions dignité et emploi, nous avons pauvreté et insultes.

neila h - 28-03-2012 09:28

Très bon article ou latifa dit clairement qu on peut pas offrir la démocratie à ceux qui veulent l étrangler . IL faut à juste titre considérer ces salafistes dans leur dynamique internationale pour s y opposer d une manière collective entre les différents états touchés par ce fléau.Bravo latifa.

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