Pour un conseil d'analyse économique
Je me réjouis en tant Président du Cercle des Economistes de Tunisie de la décision du gouvernement d’inclure dans son programme la création d’un conseil d’experts économistes (Page 61) rattaché au Premier ministre. C’est tout d’abord un signe de reconnaissance du rôle de l’Economiste dans l’éclairage des choix politiques mais aussi parce qu’elle est un revirement par rapport au régime déchu qui avidé l’administration tunisienne, Banque centrale comprise, de toute capacité et compétence à piloter la politique économique. Il suffit pour s’en convaincre de savoir qu’un pays comme la Tunisie n’est pas doté d’un modèle macro économétrique ou d’équilibre général fonctionnel pour éclairer le gouvernement en matière de prévision ou de projection de court, moyen ou long terme et que la Banque centrale navigue à vue sans aucun outil de ciblage de l’inflation ou autre. Cette décision renforcera ainsi les choix économiques des gouvernements d’aujourd’hui et de demain et haussera le débat au niveau des professionnels et experts en la matière. En effet, de nos jours la conduite de la politique économique est très compliquée pour la laisser uniquement entre les mains des politiciens ou les amateurs de la profession.
Cette décision me rappelle aussi celle de la création du Conseil d’analyse économique (CAE)en juillet 1997 par Lionel Jospin, Premier Ministre à l’époque. L’analogie est importante d’autant plus que le CAE a vu passer plusieurs professeurs d’économie de haut niveau et a pu marquer les débats de politique économique en France.
Je crois vivement que ce conseil quelle que soit sa dénomination, d’analyse économique ou d’experts économistes, devrait avoir pour mission d’éclairer les choix du gouvernement en matière de politique économique.Il doit être, aussi, une instance pluraliste composée d’économistes reconnus de sensibilités diverses choisies en raison de leurs compétences dans le domaine de l’analyse économique. Une quinzaine de membres nommés à titre personnel, choisis principalement parmi les professeurs en sciences économiques est largement suffisante pour former le socle du Conseil. Il doit être alimenté de membres de droit ayant des responsabilités administratives dans le domaine économique et social comme le Directeur de l’INS, l’ITCEQ, la direction de prévision du Ministère de développement et de la planification, des équilibres financiers du ministère des finances….Ce mélange entre experts professeurs et représentants de l’administration, engagés dans l’analyse et la conduite de la politique économique, assurerait la convergence entre l’approche des universitaires économistes et les praticiens de l’administration pour le développement de la Tunisie.
Il est tout à fait normal que ce conseil soit présidé par le chef du giuvernement ou par un président délégué qu’il désigne lui-même parmi les membres nommés pour leurs compétences. Mais, en tout état de cause, les opinions exprimées dans les rapports du conseil sont celles des auteurs et n’engagent ni le Conseil, ni le président délégué, ni bien entendu le chef du gouvernement. C’est justement là la spécificité d’un conseil d’analyse économique.
Prof. Taoufik Rajhi
Président du Cercle des Economistes deTunisie
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