Mahmoud Maamouri, ancien ambassadeur de Tunisie
Sa longue silhouette, sa vaste culture et son raffinement nous manqueront beaucoup. Mahmoud Maamouri, mathématicien de formation, mais diplomate de carrière et de talent, s’est éteint vendredi 20 avril, à Nabeul, à l’âge de 87 ans. Pendant plus de 18 ans quasi-ininterrompus en tant qu’ambassadeur de Bourguiba, successivement à Belgrade (auprès de Tito), Stockholm, Bonn, Alger et Genève, il avait été parmi les figures marquantes de la diplomatie tunisienne naissante. Juste le temps d’un court intermède à Tunis où il avait été rappelé pour insuffler en tant que Secrétaire d’Etat à l’Information, un sang nouveau aux médias (1974-1975), il sera le plus souvent en poste à l’étranger. Chedli Klibi, secrétaire général de la Ligue des Etats Arabes, l’appellera à ses côtés, en tant que secrétaire général adjoint (1982), pour le charger du dossier Liban, avant de le nommer en 1983, directeur du bureau de la Ligue à Rome, jusqu’en 1987.
De retour à Tunis, il s’engagera activement dans différentes associations, notamment le Rotary, donnera des conférences fort instructives et reprendra sa superbe plume pour rédiger des articles du talent qui a toujours été le sien. Dès 1959, en effet, il avait été l’un des premiers à publier un livre sur la Chine, « Vent d’Est», restituant son carnet de voyage au pays de Mao, alors quasi-fermé aux étrangers. Son article, Talleyrand, Courtisan du destin ou Sphinx incompris, publié sur Leaders, garde aujourd’hui toute son actualité. Paix à son âme.
Né à Nabeul le 9 Août 1924, Mahmoud Maamouri fit ses études secondaires au collège Sadiki à Tunis; après avoir obtenu son baccalauréat, il entama des études supérieures en mathématiques et en physique en France, d’abord à Grenoble, puis à Montpellier et enfin à la Sorbonne à Paris ; licencié en mathématiques et en physique, titulaire d’un diplôme d’études supérieures en statistiques mathématiques, il enseigna, pendant deux années, les mathématiques au lycée Buffon à Paris ; il fut pendant cette période élève et assistant du professeur André Lichnerowicz à l’institut Henri Poincaré et au Collège de France.
De retour en Tunisie, au milieu des années cinquante, il enseigna les mathématiques au lycée Alaoui, à l’Institut des Hautes Etudes (Ecole Supérieure de Commerce) et à la Faculté Ezzitouna ; engagé dans la vie associative et politique de la jeune République Tunisienne, il est membre du Comité Central du PSD et élu député à l’Assemblée Nationale en 1959.
A partir de 1964, il entame une carrière diplomatique qui l’amènera à représenter la Tunisie dans différentes capitales et au sein d’un certain nombre d’organisations internationales politiques ou gouvernementales :
- 1964-1969 Ambassadeur de Tunisie en Yougoslavie, accrédité aussi en Roumanie, en Bulgarie, en Hongrie et en Grèce.
- 1969-1972 Ambassadeur de Tunisie en Suède, accrédité aussi en Norvège, en Finlande, en Islande et au Danemark.
- 1972-1974 Ambassadeur de Tunisie auprès de la République Fédérale d’Allemagne
- 1974-1975 Secrétaire d’Etat à l’Information
- 1975-1978 Ambassadeur de Tunisie en Algérie
- 1978-1982 Ambassadeur, Représentant Permanent de la Tunisie auprès des Organismes Spécialisés de l’ONU à Genève.
- 1982- 1987 Secrétaire Général Adjoint de la Ligue des Etats Arabes ; chargé en 1982 du dossier Liban et ensuite, à partir de 1983 Directeur du bureau de la Ligue Arabe à Rome
Au cours de sa carrière, il a dirigé plusieurs délégations tunisiennes à des conférences d’organisations internationales, la 5ème Conférence de la Cnuced à Manille en 1975, la Conférence générale de l’Onudi à Lima en 1976.
En juillet 1976, le Président de la République, Habib Bourguiba, le désigne pour le représenter et diriger la délégation tunisienne au sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine à l’Ile Maurice.
Homme de lettres, journaliste essayiste et écrivain, Mahmoud Maamouri a interviewé des chefs d’Etat (Nehru, Tito, Soekarno, Nekruma ) , a écrit des essais sur des sujets tels le désarmement, les pays en voie de développement, le conflit sino-soviétique ou la crise du monde socialiste ; il est aussi l’auteur d’un livre sur l’expérience chinoise : Vent d’Est ; conférencier, il a traité de la crise yougoslave, des problèmes du shiisme et de la diplomatie au début de l’ère islamique. (Biographie: source: Nabeul.Net)
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Quand un HOMME de cette trempe et cette envergure disparaît c'est une bibliothèque qui brûle !!! Alla yarhmek ya Si Mahmoud.
Le charisme de mon beau père ne se mesure pas et des hommes de cette taille , je n'en ai pas beaucoup rencontré. Une intelligence polivalente et une culture demésurée,un sens de l'humour trés fin, une analyse politique pertinente... les mots ne suffisent pas pour le décrire il etait lucide jusqu'au dernier moment il restera dans nos coeurs pour toujours, merci pour cet hommage !
c'est une grande perte pour sa famille, pour nous tous,on vient de perdre un grand homme,il va beaucoup nous manquer et nous ne l'oublierons jamais.Allah yarhmek ya si Mahmoud.
Grand ami de mon défunt père, je garde en tête mes escapades estivales à Nabeul chez ce grand monsieur qui m'a impressionné par sa grande silhouette et son charisme. N'ayant malheureusement pas pu apprécier ses qualités intellectuelles à leur juste valeur (du fait de mon jeune âge quand je l'ai rencontré) mais ayant été l'un plus proches amis de mon père (paix à son âme) je ne pouvais douter qu'elles étaient bien là... Allah yarham rjel Touness el kol