Le Rapport de l'INRIC sur l'Information et la Communication : état des lieux et voies de réformes
En 370 pages d’une écriture dense en indicateurs et riche en enseignements et recommandations, le rapport que vient de publier l’Instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication (INRIC), est, à bien d'égards, un document qu'on lira avec profit. Etat des lieux détaillé nourri de chiffres souvent inédits, analyse transversale qui retrace l’historique et embrasse à la fois les aspects institutionnels, fonctionnels, financiers et politiques, et une grande moisson de recommandations utiles à prendre en considération. Grande victime de la dictature, le secteur de l’information et de la communication se trouve être, aujourd’hui, grâce à cette cartographie et cet audit instructif, le premier à dessiner les voies de sa réforme. Kamel Laabidi et son équipe livrent aux décisionnaires, comme aux professionnels et aux simples citoyens, les clefs pour décoder le relief de ce paysage et surtout réaliser ses enjeux.
La démarche suivie a été de restituer à partir des auditions, séminaires thématiques et différentes notes de recherche et d’analyse, un corpus instructif structuré en 10 grands chapitres à savoir :
- Le nouveau cadre juridique du secteur de l’information
- La presse écrite et électronique
- L’information d’agence
- L’information audiovisuelle
- L’information régionale : obstacle et voies de réforme
- La communication gouvernementale
- La publicité
- La formation
- Les structures publiques et les organisations professionnelles
- L’observation des moyens de communication.
Chaque thème s’ouvre par un rappel historique et une analyse multifactorielle pour se terminer par des recommandations précises. En conclusion, figurent les propositions générales et spécifiques.
Parmi les indicateurs chiffrés mentionnés on relève par exemple que le quotidien La Presse assure un tirage moyen de 28 968 exemplaires pour des ventes effectives moyennes de 16 721. Quant à Assahafa qui emploie 63 journalistes, le tirage moyen est de 2000 exemplaires pour des ventes de 463 exemplaires.
Sur l’Agence TAP qui emploie 304 salariés dont 168 journalistes, on apprend que le budget de l’année 2011, aura été de 9. 203 MD dont 8.063 MD fournis en dotation d’équilibre par le budget de l’Etat. Quant à l’Etablissement de la Télévision Tunisienne (Watanya 1 et 2), qui emploie 1321 personnes dont 163 journalistes, le budget de 2011 s’est élevé à 55.662 MD, couvert à hauteur de 14 MD par les recettes de la publicité et du sponsoring, 5 MD par des prestations diverses et 100 000 D au titre de ventes de programmes. Le budget public assure la différence en dotation d’équilibre à partit notamment de la redevance sur la RTT, collectée par la Steg et versée directement dans un compte spécial.
Quant aux nouvelles publications ayant obtenu, après le 14 janvier 2011, le récépissé de déclaration et qui sont à fin décembre 2011, au nombre de 228, elles se répartissent comme suit :
- 17 quotidiens
- 3 bi-hebdomadaires
- 103 hebdomadaires
- 11 bimensuels
- 69 mensuels
- 9 bimestriels
- 12 trimestriels
- 1 quadrimestriel
- 1 annuel.
Les annexes sont riches en documents utiles. Outre les textes des décrets-lois 115 et 116, on y trouve en effet, la charte de déontologie, les listes détaillées des nouvelles publications (228), stations radio(12) et chaînes TV (5), des secrétaires d’Etat et ministres successifs en charge de l’information, depuis l’indépendance, des patrons d’entreprises de presse publiques et des instances gouvernementales concernées, des journalistes et chefs d’entreprises de presse condamnés pour des délits de presse, des journalistes victimes de licenciement ou contraints à démissionner, des correspondants étrangers et envoyés spéciaux ayant fait l’objet d’agression ou d’expulsion et autres.
Dans la diversité de sa composition, l’INRIC qui regroupe journalistes, chercheurs en communication, magistrats et membres de la société civile, s’imposant dès le début une totale indépendance politique par rapport aux partis, a su tirer bénéfice d’autant d’expertise et de regards croisés ce qui a conféré une qualité particulière à son rapport.
D’ailleurs, n’étaient l’expertise et le travail en équipe, il aurait été quasiment impossible de produire pareil document en un an seulement et avec cette pertinence de recommandations. Certaines propositions sont certes sujettes à controverses, mais le rapport constitue un bon document de base pour ouvrir un large débat sur les voies de réforme.
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