Appel à nos gouvernants, à l'opposition et à la société civile
Voilà un citoyen tunisien sans appartenance politique, d’habitude optimiste, mais qui ne l’est plus face à la réalité qu’il vit. Il est de plus en plus certain que les jours à venir lui réservent des surprises désagréables et que ce qu’il constate aujourd’hui, n’est en réalité que la partie apparente de l’iceberg.
Je ne pense pas qu’il soit le seul à avoir ce pressentiment que son pays court un véritable danger. L’heure n’est plus donc aux jérémiades mais à l’action conjuguée de tous et de toutes sans exception.
Cet appel s’adresse d’une part, au chef du mouvement Ennahdha qui détient véritablement le pouvoir de décision et au Gouvernement de la Troïka et d’autre part, à l’opposition dans toutes ses composantes y compris, la société civile.
Aux premiers, je dis qu’il faut avoir moins de prétention, moins d’orgueil et plus de pragmatisme politique pour ne plus vous permettre de faire unilatéralement ce que bon vous semble au nom d’une légitimité, en fait relative, et de tendre l’oreille et la main à tous ceux et à toutes celles qui vous critiquent. Libérez-vous de l’idée que tout ce qu’ils vous proposent est à mettre à leur actif et les habiliterait à prendre votre place aux prochaines élections. Levez courageusement les ambiguïtés qui entachent votre action et laissent planer le doute sur ce que vous voulez réellement économiquement. Définissez clairement le modèle de société que vous préconisez et ajustez votre parole à l’action. Soyez convaincus, une fois pour toutes, que les problèmes que traversent le pays sont multiples, variés, complexes et énormes et que le Gouvernement seul, sans un large appui populaire qui dépasse la base qui vous a légitimé, ne parviendra pas à les résoudre! Votre loi de Finances complémentaire a essayé de satisfaire imparfaitement tout le monde sans s’attaquer aux racines du mal et sans provoquer de revirement salutaire pouvant donnant un signal clair tant aux investisseurs locaux et étrangers encore dans l’expectative qu’à ceux qui sont en attente d’un emploi et qui ne tarderont pas à réagir négativement comme ils l’ont fait pour le programme « amal » qui n’était qu’un palliatif.
Aux seconds, je dis qu’il est temps de vous réunir autour d’une table et de déterminer à la fois un programme économique quinquennal et les mesures urgentes qu’il y a lieu de prendre en 2012 , sur les plans politique et économique. Ce programme existe. Ces mesures existent. Elles sont sur le papier entre les mains des experts. Faites appel à eux et laissez de côté les orientations idéologiques qui pourraient retarder la mise au point définitive de ce programme. Rédigez-le. Publiez-le. Donnez-lui la publicité nécessaire tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Essayez de convaincre le Gouvernement qu’il y a une solution de rechange meilleure qui a le soutien du peuple. Aidez ce Gouvernement à dépasser ses craintes et son inertie et invitez-le à le concrétiser avec les compétences nécessaires.
Le pays vous en sera à tous très, très reconnaissant. Sauvez-le !
Si vous ne le faites pas, et je m’adresse particulièrement aux partis politiques, aux groupes et aux personnalités agissantes, c'est que vous êtes des irresponsables politiques et l’histoire vous condamnera sévèrement pour votre courte vue, votre égoïsme et votre patriotisme de façade.
Et si le peuple a la sagesse de ne pas se révolter une seconde fois, il boudera les prochaines élections au cas où elles se tiendraient comme prévu.
Et pour commencer,il y a en vue, un premier mai à fêter.Organisez-vous, préparez vos slogans d'où devraient être bannies toutes les formes d’extrémismes et les attaques au gouvernement en place et comptez sur vous-mêmes pour assurer la protection des manifestants !
A bon entendeur salut.
Mokhtar El Khlifi
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