Appel pour la défense d'une même école au service d'un même peuple
Suite à l’annonce de la signature, le 12 mai 2012, par le ministre de l’éducation, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et le ministre des affaires religieuses, d’une part, et le chargé de l’enseignement zitounien , d’autre part, et ce en présence du président du mouvement Ennahdha, d’un groupe de prédicateurs, de cheikhs et d’activistes politiques d’une convention portant sur ce qu’il a été convenu d’appeler « la réinstauration de l’enseignement zitounien originel »
– Le Comité de défense des valeurs universitaires, de l’autonomie institutionnelle, des libertés académiques et de soutien à la FLAHM s’étonne qu’une décision de cette importance à l’échelle nationale soit publiée en l’absence d’une large consultation nationale et sans l’association des institutions officielles (particulièrement l’Assemblée Nationale Constituante, les syndicats de l’enseignement), des personnes compétentes au sein de la famille éducative, des représentants de la société civile et des partis politiques, sans exclusion.
– Le Comité considère que cette décision unilatérale constitue une initiative illégale et antidémocratique et qu’elle porte atteinte aux principes fondateurs de l’enseignement national républicain qui a œuvré depuis un demi-siècle à unir les Tunisiens et qui s’est basé essentiellement sur des programmes, des méthodes d’enseignement, des structures et des lois régissant tout ensemble l’enseignement public et l’enseignement privé.
– Le Comité affirme avec force que l’instauration d’un système éducatif parallèle et indépendant, qui repose sur des références doctrinales et des références liées aux croyances et qui ne bénéficie pas d’un consensus national, ne peut que diviser la société, semer la discorde entre les Tunisiens et contribuer à alimenter les tensions doctrinales et idéologiques à l’heure où le contexte actuel, les défis de la civilisation et les enjeux futurs rendent plus que nécessaire de serrer les rangs et de se fier à la raison qui constitue l’apanage de l’Humanité entière.
– Le Comité attire l’attention sur les conséquences néfastes de toute initiative rompant avec un modèle d’enseignement qui fait, depuis un demi- siècle, l’objet d’un consensus entre toutes les composantes du peuple tunisien et qui est le garant de la préservation de l’identité tunisienne avec ses dimensions arabo-islamique, méditerranéenne et africaine, du rayonnement de la Tunisie, de sa contribution au patrimoine de la civilisation universelle à travers les âges, de son intégration dans l’évolution de l’Humanité sur la voie du progrès et de la fécondation mutuelle des civilisations.
– Le Comité estime que la réinstauration d’un système éducatif, dont les étudiants zitouniens eux-mêmes n’avaient cessé de réclamer la modernisation durant la première moitié du XXème siècle, ne pourra pas aider à remédier aux insuffisances dont souffre l’enseignement tunisien mais ne peut que contribuer à leur aggravation dans un contexte qui exige un travail sérieux dans le but de permettre à la Tunisie de reprendre le rang avancé qu’elle a perdu dans le classement mondial, au cours des dernières années, et ce en raison de l’improvisation qui a caractérisé les politiques éducatives qui se sont succédé.
– Tout en insistant sur la nécessité d’engager une réforme complète du système éducatif, réforme dernièrement initiée par le ministère de l’éducation lui-même quand il a organisé une conférence nationale dans ce but, le Comité considère que le devoir national exige de veiller à préserver les acquis de l’enseignement national qui ont permis à notre pays et, en dépit des insuffisances, de relever honorablement les défis de notre époque et d’assurer son développement dans tous les domaines.
– Le Comité appelle à poursuivre la consultation à laquelle le Ministère de l’éducation a donné le coup d’envoi, à en élargir le champ au secteur de l’enseignement supérieur et aux diverses instances de la société civile et sollicite l’ouverture d’un débat national ayant pour objectif fondamental de renforcer l’efficience du système éducatif républicain et d’en assurer le développement.
– Le Comité exhorte tous les Tunisiens, parents, élèves, étudiants, enseignants, syndicalistes, représentants de la société civile et acteurs politiques, à faire front contre toute initiative et toute démarche constituant une menace pour l’unité des Tunisiens et appelle, pour ce faire, à la création d’ « un comité national pour la défense du système éducatif républicain »pour préserver les acquis qui sont les nôtres dans le domaine de l’éducation.
Pour le Comité
Habib Mellakh
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