Comment contrecarrer le risque salafiste jihadiste ?
La rencontre des salafistes à Kairouan, venus en grand nombre, ce dimanche 20 mai 2012, est vraiment historique pour celui qui a des yeux pour voir.
C’est un événement qui montre que les salafistes ont atteint un degré élevé d’organisation, ont affiné leurs programmes et défini leur stratégie en vue de remodeler la société tunisienne à petit pas et le moment venu par la force comme le montre cette entrée en matière avec une exposition d’arts martiaux.
Le choix de Kairouan construite par Okba ibn Nafaa est hautement significatif. Le fanion noir au sommet du minaret en dit long. C’est en somme un appel à une « réislamisation » du pays.
Malheureusement la réaction des médias n’a pas été à la hauteur de l’événement, occupés qu’ils étaient à régler leurs problèmes avec le pouvoir.
Les défenseurs d’un islam « modéré » continuent à être frappés d’un mutisme assourdissant.
Quant aux partis politiques, dits centristes et progressistes, ils continuent à replâtrer leurs fissures et à préparer en coulisses des élections aux résultats hypothétiques tant qu’elles aurontpas pour principal objet l’accès au pouvoir et non l’intérêt de ce peuple qui cherche encore quelqu’un pour le conduire vers le salut. En effet, je ne vois aucun programme politique et économique crédible de rechange susceptible d’être appliqué demain si ces politiques parvenaient au pouvoir alors que le pays foisonne de compétences indépendantes.
Le risque salafiste est profond et vise en premier lieu cette jeunesse inculte et attirée par la vie à l’occidentale qui fait d’elle une jeunesse déracinée mais fragile car pouvant basculée facilement dans l’irréparable.
Dois-je égrener les dérapages salafistes ? remplacement du drapeau nationalpar ce fanion aux couleurs lugubres, empêchement des citoyens à manifester, attaque des médias,conquête progressive des mosquées et prêches partisans, retour à un enseignement zeitounien d’un autre âge, visite de prédicateurs étrangers extrémistes, négation de nos acquis politiques et économiques et dénigrement des personnalités politiques sans discernement, atteinte dans la rue aux libertés des femmes, interdiction de la vente de boissons alcoolisées à Sidi Bouzid, empêchement de Monsieur Youssef Essedik à faire ou à participer à des conférences (Kélibia, Ezzitouna ), création d’associations pour un enseignement religieux prodigué à nos enfants avec les garçons et les filles à part et j’en passe. Triste tableau qui vous rend malade mais qui vous conforte dans l’idée que ce n’est pas une mode passagère mais la mise en place d’un programme de transformation de notre société !
Je ne compte nullement sur le pouvoir en place pour redresser la barre vu sa mollesse qui dénote son accord tacite à ce mouvement rampant.
Je m’adresse à nos intellectuels et à ceux qui sont disposés à souscrire financièrement pour unir leurs efforts en vue de lancer, le plus tôt possible, une chaine de télévision indépendante installée en Tunisie ou ailleurs pour contrecarrer le phénomène salafistejihadiste. L’Europe pourrait être intéressée par le lancement de cette chaine satellitaire.
Ses programmes arrêtés par un comité rédactionnelindépendantcomprendra des personnalités connues pour leur compétence, leur ouverture d’esprit et leur enracinement à la culture arabo musulmane et leur combat pour toute forme d’extrémisme religieux et de prosélytisme rétrograde.
Cette antenne s’adressera particulièrement à notre jeunesse tunisienne et maghrebienne locale et expatriée grâce à des débats d’idées basés des faits et des textes et auxquels seront appelés à y participer les salafistes extrémistes pour mettre à nu leurs idéologies ce qui permettra au spectateur, surtout jeune, de choisir sa voie en toute liberté.
Cette chaine devra servir de repère à nos jeunes et même à leurs parents pour éviter qu’on les embrigade à coup d’arguments qui ne tiennent pas la route. Elle projettera les documentaires sur la civilisation arabo musulmane et les raisons de sa décadence. Elle servira de rempart au risque salafistejihadiste et pourrait participer à sa reconversion pacifique.
C’est là une bouteille à la mer que je jette.
Mokhtar El Khlifi
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j'aime bien être à l'intérieur de cette bouteille