News - 14.06.2012

La Tunisie a peur !

On a envie de paraphraser le journaliste français Roger Giquel : « la Tunisie a peur » parce que ces quatre mots expriment exactement le sentiment qui habite aujourd’hui les Tunisiens. Oui, les Tunisiens ont peur pour leur pays, pour leur avenir et celui de leurs enfants. Ils n’ont pas envie de faire de nouveau la queue devant les boulangeries, de faire la garde devant leurs immeubles ou leurs villas comme pendant les premiers jours de la révolution. Nos voisins ont peur pour nous, eux qui savent bien de quoi certains groupes salafistes sont capables. C’est que depuis cette fameuse nuit du 11 juin au 12 juin, on vit un véritable cauchemar. Les bandes fanatisées qui brûlaient tout sur leur passage au nom de dieu n’avaient rien à voir avec ceux qu’on nous présentait comme « nos enfants » avec lesquels il fallait « engager le dialogue ». Et c’est à juste titre qu’on appréhendait cette journée de vendredi dont les salafistes  voulaient faire « le point de départ d’une marche qui devait aboutir à « la création d’un Etat islamique en Tunisie ». Comble d’inconscience, c’est le jour qu’a choisi Rached  Ghannouchi pour appeler ses troupes à une marche au même endroit (l’avenue Bourguiba à Tunis) afin de protéger « la révolution », s'opposer à la violence, et défendre « les valeurs du sacré ». Finalement, « le ministère de l'intérieur a décidé d’interdire «les marches du vendredi». Le communiqué du ministère a pris de court tout le monde y compris le frère du ministre, Ameur Larayedh. Enfin, les menaces proférées via facebook ont été prises au sérieux.

Comment en est-on arrivé-là, d’autant plus qu’on ne pouvait pas dire qu’on ne savait pas. Car ce qui est bien avec eux, c’est qu’ils avancent à visage découvert, sûrs de leur bon droit. Tout est dit et écrit : la prise du pouvoir par la force, leur hostilité à la démocratie, leur intention d’instaurer le califat. Ali Laraayedh le savait : ne jugeait-il pas  dès le mois de mars, la confrontation avec ces groupes comme « inéluctable » dans une interview au journal Le Monde. Mais rien n'a été fait. «Après tout, ils ne viennent pas de mars, ce sont nos enfants» (dixit Jebali).

Au lendemain de la révolution, ils étaient à peine quelques centaines. Depuis, les salafistes ont ratissé large attirant de larges franges de la population aidés par les tenants d’un islam rétrograde, comme  Wagdi Ghenim et Amr Khaled. De véritables spécialistes de l’agit-prop. Ils ont été relayés par des imams tunisiens de même acabit qui ont investi les mosquées avec la bénédiction des nouveaux maîtres du pays. Au bout d'une année, les résultats ont dépassé toutes les prévisions, au point de menacer les positions d'Ennahdha. Qui sème le vent, récolte la tempête.
 

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17 Commentaires
Les Commentaires
HBR - 15-06-2012 00:34

Je ne suis pas salafiste ni islamiste ni gauchiste mais je croix qu'il n'y a aucune raison d'avoir peur ni de faire peur aux autres. Je pense que le gouvernement réagit avec beaucoup de diligence et de sagesse. Le cas des salafistes qui devient une mode en Tunisie ne peut pas être traité par la force, et le gouvernement en est conscient. Ce n'est pas par la force qu'un ignorant devient conscient de la gravité de ses gestes. Les extrémistes existent dans toutes les scoietés, et on a plus de chance de les intégrer dans la societé que de les vaincre par la force qui risque de se tranformer en violence généralisée. Un extrémiste est par définition un ignorant qui a besoin d'éducation pour s'intégerer dans la societé. Toutefois, ceux qui craignent les salafistes ont intérêt à cesser de les provoquer.

Docteur VARETTE - 15-06-2012 07:04

Quel gâchis, et tout ce la par le fait, non pas du laxisme, mais de la complicité de deux personnes, JEBALI et GHANNOUCHI (je ne parlerai pas de MARZOUGUI, Président itinérant), avides de titres et d'honneurs, alors qu'ils ont oerdu le leur . Après avoir allumé l'incendie ils voudraient appeler les pompiers ...

coco - 15-06-2012 09:15

OUI les comités de quartiers doivent se reconstituer. Ils doivent protéger leurs biens et les biens communs. Ils doivent aussi faire tout pour protéger les biens publics. Ainsi les forces de l'ordre auront le temps de tordre le cou aux criminels et terroristes.

Nabil - 15-06-2012 10:13

Il est temps de construire et de se rassembler autour d'un parti qui sera le fer de lance de la reconquete du pays en accord avec ses principes séculaires de tolérance et d'ouverture au monde et pas seulement à cette sphère du Golfe et ces prophêtes de malheur et de décadence ! Citoyens de tout origine rassemblez vous et défendez nos valeurs et dites NON à la Tunisie que ces obscurentistes souhaitent nous préparer, il est temps de réagir car l'histoire et nos enfants ne nous le pardonnerons pas !

sihem - 15-06-2012 10:26

salafiste est devenu synonyme de bandits, vendeurs parallèles de vin, de produits chinois, de voleurs qui profitent de la casse, des clans de drogue, en un mot la mafia. le gouvernement comprends que cette brouille fait plaisir aux novembristes, et c'est pour cette raison qu'il appelle au débat et refuse la matraque brandit par ceux qui veulent attiser le feu et refuse la marche démocratique de la Tunisie. le malheur c'est que cela endurci l'aile extrémiste, comme les crises rapprochent les deux extrêmes.

radhia - 15-06-2012 10:36

MALHEUREUSEMENT même france24 qui interviewait la professeur de la faculté de manouba, connue pour sa rancune contre Ennahdha avant et après le 14 Janvier, osait prétendre que la cause de la montée du vandalisme est le prochain retour de Beji caied essebsi sur la scène politique, encore une daltonienne qui voit que ce vandalisme fait l'affaire d'Ennahdha, drôle d'élite.

BEN HASSINE - Paris - 15-06-2012 10:45

Il y a quelques semaines le ministre du tourisme était à Paris pour le démarrage d'une campagne publicitaire sur le tourisme Tunisien , et depuis on a vu fleurir dans le métro , dans les rues des panneaux incitatifs à venir en Tunisie Campagne positive , par les échos que j'ai entendu Et puis aujourd'hui , couvre feu , des Salafistes qui se déchainent et dans votre titre "LaTunisie a peur " , je vous laisse imaginer la réaction des Français qui projetaient venir passer leurs vacances en Tunisie Pourquoi ce gâchis ?

Mohamed Naimi - 15-06-2012 11:04

Il est tout à fait légitime de partager le sentiment de peur que la Tunisie ressent à ce moment précis de son histoire. La vraie question qu'il importe de poser consiste à identifier les acteurs qui sont derrière les troubles récents à Tunis et ailleurs sur le reste du territoire. Il semble que le pays est aux prises avec la contre-révolution, c'est à dire ceux que la révolution embarrasse et ceux qui appréhendent la reddition des comptes. Il y a deux catégories d'acteurs qui sont visés: 1) les "restes" de l'ancien régime qui craignent pour leur jugement; 2) les salafistes qui voient leur marginalisation s'accentuer dans la marche vers la démocratie. Il est très possible que les derniers évènements sont concotés par ces deux protagonistes dans une triste collaboration. Le problème se trouve donc dans l'incapacité du pouvoir actuel de remédier à ce genre d'abus. Au contraire, on constate que nombre d'éléments de l'ancien régime sont encore en place dans les rouages de beaucoup de secteurs, ce qui facilite leur travail de boycottage. Pour ce qui est des salafistes, l'excès de complaisance dont ils ont bénéficié depuis le 14 janvier 2011 leur a donné des ailes, ce à quoi nous assistons à une désastreuse cacophonie. Hier, à une émission télévisée, le ministre de la Justice Transitionnelle et le représentant d'Ennahda semblent avoir compris la démarche à entreprendre, à savoir mener une sérieuse enquête et appliquer la loi! Il vaut mieux tard que jamais.

LeCarthaginois - 15-06-2012 11:37

bien dit HBR

jouirou mohamed - 15-06-2012 15:58

Aprés la révolution, la Tunisie a commencé à se réconcilier avec son identité son histoire et son milieu naturel que Bourguiba et son bras droit successeur B. ali ont tout fait l'en déraciner. Plus d'un demi siècle que le parti unique a oeuvré pour réaliser le rêve de francophones; une action bien lucrativée par la France qui a tout fait en soutenant même la dictature pour que la tunisie reste l'un des jardins de la France. Tout d'un coup le peuple se réveille. Sa première demande le retour à la source et le balayage des arrivistes, opportunistes, déracinés,... Est-ce tous ces profiteurs magouilleurs, qui ont vu leurs intérêts "illégaux" partir en fumée vont se taire? non. Est-ce aprés qu'ellea mis tout son poids pour chasser le FIS de l'algérie, la france va accépter des islamistes en Tunisie? bien sûr que non. Alors il faut porter des barbes, parler undiscours réligieux, se présenter comme les devots les plus féroces, l'essentiel que les islamistes échouent et que la Tunisie soit de nouveau récupérée par la france aussi bien culturellement que colonialement et que les tunisiens se réveille pour voir que leur révolution n'est pas autorisée par les pays démocratiques.

EMDE - 15-06-2012 18:27

je suis un indépendant et je n'ai pas peur..il fallait plutôt dire la gauche et les faux salafistes ont peur !!!

bounab - 15-06-2012 19:21

Devant la confusion qui régne en Tunisie, personne ne sait qui est qui et qui fait quoi.Voici les coupables qui sément l'aterreur en Tunisie.La peur vient du clan qui a dépouillé la Tunisie et qui soit disant en prison pour ne plus nuire au citoyens.Mais rapplez-vous ce que la reine des criminels avait proferé comme menace.je la cite si en touche à l'un des membres de ma famille,je brule la Tunisie et les Tunisiens.or pour mettre le pays en securité et les Tunisiens vivent en paix, il faut se qui sont dans des prisons cinq etoiles soient exterminé, les casseurspar l'argent dérobés du pays ils engagent des merceners.

kasbi - 15-06-2012 22:27

d où sortent ces créatures qui gouvernent notre pays ou qui essayent des funèbres certainement le Tunisie est un pays libre les tunisiens le sont également on est des musulmans et ce ne sont pas eux qui vont nous donner des leçons sur notre religion et il y a un dieu qui jugera toute l humanité un par un pour ce qu ils ont fait de bien ou de mal alors qu ils cessent de jouer les rôles des prophètes et des "emir el môominin" qu ils laissent la politique aux personnes qui peuvent diriger la pays et le faire sortir de cette crise que la tunisie n a jamais vue

Amel Touati - 15-06-2012 23:13

Franchement lorsque je lis des opinions comme celle de celui qui se nomme HBR, je m'interroge sur ce que certains adultes pense du respect de la loi et de l'ordre. Les hors la loi dans tous les pays du monde dans toutes les religions et de tous temps, sont sanctionnés. Les salafistes sont des hors la loi, des vandales, des voyois qui ne respectent ni l'état, ni leurs concitoyens, et encore moins l'islam et vous voulez ne pas les traiter par la force. Alors "ama toura wala foura"! on passe d'un extrême à l'autre, de la torture extrême et de la dictature au laxisme et au laisser aller le plus extrême. Non mais franchement c'est comme cela que l'on crée le désordre. Lorsqu'on dépasse la ligne rouge on doit savoir ce qui nous attend. Donc les salafistes comme tous les fauteurs de trouble, doivent être traités comme des briguands dangereux qu'ils sont! Cessons d'être des jabenas les tunisiens et nous recouvrerons l'ordre et la dignité! pour l'instant on a perdu tout cela! et ne nous parlez plus de révolution, il n'y a pas eu de révolution en tunisie, sinon ceux qui l'ont faite seraient aux commandes tant bien que mal, or ce n'est pas le cas, Ben ali coup d'état déguisé et les tunisiens sont en eaux troubles depuis et n'ont pas retourvé leurs marques puisque ce scénario est VOULU par ceux qui ont amplement aidé et déclenché le printemps arabe par la Tunisie pour faire "boule de neige", disons dans ce cas "boule de sable"...

lolo - 16-06-2012 00:27

Qui a écrit cet article ? qu'il ou elle ose s'identifier au lieu d'avoir " peur " justement de se dévoiler...Qui a peur ? Peur de qui , de quoi ? Au nom de qui vs prétendez que les Tsiens ont peur ? Les plus grands experts , jusqu'à hier , représentant de la CEE au porte parole de Clinton , ont une approche tout à fait positive et optimiste de la situation en Tunisie ; eux , savent tout à fait ce qui s'y passe ; et nous Tunisiens , savons que vous êtes en train de masquer la vérité et de trahir la révolution . Comme beaucoup de commentateurs , je ne suis ni Nahdha , Ni Salafiste , et je soutiens le fait que ceux ci n'ont rien à voir avec le grabuge des derniers jours , et que les résidus du RCD sont derrière tout cela . En quoi les Salafistes ont intérêt à brûler des Postes de Police et des Tribunaux ? Ne sont ce pas ceux qui ont des dossiers lourds de l'ancien régime ou de leurs bandits ? Alors , svp , soyez plus sérieux et ne nous prenez pas trop pour des imbéciles ; et arrêtez de contribuer à donner une fausse image de la Tunisie et nous trahir encore une fois .

Jamal MKADA - 16-06-2012 02:37

La Tunisie n'a pas peur . Disons plutôt qu'elle est inquiète pour son avenir et , plus précisément , pour l'avenir de sa révolution qui , comme tout le monde le sait , a servi de modèle pour toutes les révolutions arabes ( égyptienne , libyenne , yéménite , syrienne et bahrénie ) et fut l'objet de commentaires élogieux de la part de la plupart des dirigeants politiques du monde entier . Actuellement et aprés 18 mois de sa naissance , cette révolution est entravée par plusieurs facteurs étrangers dont le plus nocif est l'extrêmisme religieux connu sous l'appellation de salafisme . Ce dernier n'a aucun lien avec elle et les salafîtes n'ont jamais participé de prés ou de loin à cette révolution . On en veut pour preuve l'absence totale de slogans religieux lors des manifestations organisées spontanément dans les régions où est née cette révolution . Donc , ce qui nous inquiète aujourd'hui , ce sont deux choses : tout d'abord , la façon dont le gouvernement Jbali traite la situation sécuritaire dans le pays et , ensuite , l'incapacité de ce même gouvernement à résoudre les problèmes urgents relatifs au chômage des jeunes diplômés et à l'indépendance de la justice sans oublier la question cruciale posée par la non - arrestation des snipers responsables de la mort de prés de 400 personnes et de plus de 3000 bléssés . Notre inquiètude est certes mêlée d'un sentiment d'amertume mais nous n'irons pas jusqu'à la peur telle que la décrit votre article . Si la peur donne des ailes , comme dit l'adage populaire , l'inquiétude peut donner du courage et de la persévérance . Merci

Mouelhi - 16-06-2012 14:15

Je salue ,tous les" leaders " et aimerais commenter l'article ,par exprimer mon étonnement ,quant à la phobie de peur que certains journalistes ,ou autres attribuent au vécu et à l'esprit des Tunisiens dont je fais partie !Qu'une partie minoritaire , du reste ,ne se retrouve plus sur l'échiquier national ,cela ne doit pas faire dire que les TUNISIENS ,aient un sentiment de peur !le présent " transitoire "aussi bien que l'avenir auquel aspirent les tunisiens ne sont en aucun cas objets de polémique !je regrette pour les "outsiders politiques " ...Ces pages sont suivies par bon nombre d'intellectuels ,que j'aimerais qu'on ne leur donne pas un mauvais goùt de la réalité vécue depuis le départ du despote! La preuve ,récemment,le tout TUNIS a été mis sur la crainte d'une manifestation , rebelle ou incorrecte , après la prière de ce VENDREDI !RIEN ne fût !C'est du bluff et vrai coup de fouet cinglant aux visages des personnes peureuses qui crient le loup ,alors qu'ils sont les véritables loups ! Merci à vous ! Salah/MOUELHI.

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