40 mille Tunisiens auraient embarqué sur les bateaux de la mort depuis la Révolution

Quelque 40.000 Tunisiens ont quitté illégalement le pays depuis la Révolution. Presque en totalité des jeunes, puisque plusieurs études concordantes évaluent à seulement 2 % le nombre de « harragas » de plus de 40 ans. Il y aurait aussi parmi eux de plus en plus de femmes, voire d’enfants.

Une étude approfondie réalisée par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux révèle même que près du quart de ces émigrés clandestins est constitué d’élèves tentés par la traversée de la Méditerranée au péril de leur vie, souvent sur des embarcations de fortune. Ils proviennent, pour la plupart, de régions et de quartiers défavorisés mais la précarité, le chômage ou l’absence de perspectives ne semblent pas être leurs seules motivations, beaucoup d’entre eux acceptant tous les risques,  pourvu qu’ils puissent réaliser leur rêve d’un hypothétique Eldorado. Rien que les quelques premiers jours qui ont suivi le 14 janvier 2011, pas moins de 5400 jeunes ont cédé à l’appel du grand large, mettant à profit la forte dégradation de la situation sécuritaire dans le pays. Jamais un volume aussi important n’avait été enregistré jusque-là.

Tous savent pourtant que la traversée peut à tout moment tourner à la tragédie et que même en cas de réussite à gagner la terre ferme, très grand reste le risque d’être refoulé, du moins d’être réduit à une existence de misère. Rien à faire. Pour beaucoup, les lumières des côtes européennes exercent un attrait irrésistible. Malgré les nombreux naufrages enregistrés, malgré les fréquents drames annoncés, malgré les traitements dégradants endurés par les rescapés des traversées de la mort, le flux ne semble pas près de tarir.