Cheikh Mohamed Saleh Enneïfer un pionnier de la société civile
Personnalité zeitounienne assez exceptionnelle, cheikh Mohamed Saleh Enneïfer (1905-1993) a marqué de son empreinte l’Association des jeunes musulmans qu’il a présidée depuis 1938 jusqu’à l’indépendance. Malgré son différend avec Bourguiba— ce qui a fini par le contraindre à s’installer en Algérie—, il demeurera très actif sur la scène, intervenant sur de nombreuses questions religieuses, sociales et politiques.
Sur son parcours moderniste, très peu connu (premier cheikh à conduire une automobile, fondateur de nombreuses associations), et ses positions, souvent occultées, la Fondation Temimi vient d’apporter un éclairage instructif à travers l’ouvrage qu’elle lui consacre. Sous le titre de Cheikh Mohamed Saleh Enneïfer et son témoignage sur la religion et la société (1939-1959), elle nous livre deux longues études. La première est consacrée à son avant-gardisme en matière de travail associatif, à partir de son témoignage personnel confié à feu le Pr Ahmed Kacem. La seconde est consacrée au rôle religieux, éducatif, social et politique entrepris par l’Association des jeunes musulmans, à partir des comptes rendus de séances. Plus particulièrement, le lecteur trouve, outre le parcours initiatique, des éléments utiles sur le débat suscité par l’ouvrage de Tahar Haddad consacré à la femme, mais aussi la question de la naturalisation, les tractations politiques des Allemands pour appuyer leur présence en Tunisie et essayer de rallier les Destouriens, le congrès de la langue arabe tenu à Tunis en 1932 et les relations entre l’association et le Néo-Destour. Des documents exceptionnels permettent également de comprendre le contexte de la création du syndicat des savants et les implications de la grève générale à l’Université zeitounienne.
Cheikh Mohamed Saleh Enneïfer et son témoignage sur la religion et la société (1939-1959)
Fondation Temimi pour la Recherche Scientifique et l’Information, 400 pages, juin 2012
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