L'adieu à Hassiba, la dernière survivante de l'âge d'or de la chanson tunisienne
La mort a emporté mercredi dernier la grande cantatrice de la Tunisie des années 1940-1950 Hassiba Rochdi, de vrai nom Zohra Bent Ahmed Ben Haj Abdennebi. Née en 1918, elle avait épousé en premières noces le musicologue et compositeur Mohamed Triki qui favorisa l’éclosion de son exceptionnel talent et la fit connaître à nombre de musiciens contemporains reconnus tels que Hédi Jouini, Kaddour Srarfi, Ali Sriti et bien d’autres.
C’est une autre grande cantatrice, Fethia Khairi, qui la fit quitter sa ville d’adoption Sfax pour venir s’installer à Tunis et entamer une brillante carrière au côté de grands noms de l’époque, dont son futur époux Mohamed Triki qui créa un orchestre spécialement pour elle. C’est encore Fethia Khairi qui l’aida à franchir un nouveau palier en la mettant en contact avec le maestro Béchir Rssaïssi qui l’emmena en France, en 1937, pour enregistrer ses premières chansons sur disques vinyl, « El-Achaga harguetli guelbi » et surtout le grand classique de la musique populaire « Seg nahaak seg », repris plus tard par Saliha à son compte.
Hassiba Rochdi avait interprété de nombreux tubes composés par son époux Mohammed Triki, mais aussi par Hédi Jouini, Ali Riahi, Sayyed Chatta avant d’aller s’installer au Caire, en 1948 pour une nouvelle expérience artistique. Des tubes comme Lamouni illi gharou minni, Taht ilyasmina fillil ou encore Samra ya samra diffusés encore de nos jours sur toutes les radios et interprétés par Hédi Jouini sont les siens.
L’épisode égyptien de Hassiba Rochdi, qui dura tout de même 15 ans, fut marqué notamment par son passage de la chanson au cinéma. Elle fut ainsi la première artiste tunisienne à décrocher un « premier rôle » au cinéma.
De retour en Tunisie, elle continua à mener de front une carrière de chanteuse et une autre de comédienne au point de devenir une grande star. Elle ne tarda pas à faire connaissance avec un officier américain qu’elle épousa en secondes noces, en 1955, et avec qui elle est allée vivre aux Etats-Unis. A la mort de son mari, entretemps promu consul, Hassiba rentra définitivement au pays dans les années 1970 et s’installa à la Goulette, jusqu’à sa mort, à l’âge de 94 ans. Curieusement, dans la quasi indifférence des médias, notamment des chaînes de télévision.
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