Aida Bey
A Alia
Une mère courage des mois durant a combattu souffle à souffle aux côtés de son enfant adoucissant son calvaire de sa tendresse et de son abnégation. Jusqu’à l’inéluctable qui vient de se produire. Tandis qu’une douleur partagée nous submerge les souvenirs d’une merveilleuse épopée vécue ensemble nous envahissent. Celà date d’un lointain 3 février 1958, le regretté Bechir Mhadhebi, Directeur de la Radio Tunisienne, me proposa de créer une émission destinée à la Femme. Reporter à l’Action Tunisienne et au Journal parlé radiophonique je formais aussitôt un groupe de jeunes enflammées d’indépendance et conscientes de l’importance de notre tâche.
Durant 22 ans nous avons introduit dans les foyers les plus lointains et au-delà de nos frontières l’écho de nos rires de notre solidarité, de notre affection. Programme politico-social, nous avions mis toute notre foi dans ce sacerdoce : éduquer la Femme et le peuple à 90% analphabète, victime de coutumes ancestrales.
Une mini radio vit ainsi le jour : édito politique, reportages, interviews, rubriques, médicales, ménagères, juridiques, vulgarisation scientifique dans tous les domaines. Dès le début, le Professeur Bechir Turki voulut bien même décrypter pour nous les secrets de l’atome. Chaque vendredi, les regrettés cheikhs Sadok Bessais et Habib Missaoui, nous rappelaient la générosité et la tolérance de l’Islam. Un service social réservé aux problèmes de nos auditeurs puis la naissance d’autres satellites « Entre nous Mesdames », émission des jeunes, encyclopédies vivantes et émission des handicapés. Durant 22ans, nous nous sommes attelés à promouvoir le progrès, l’ouverture sur le monde au sein de chaque village.
Le privilège d’être écoutés par le Président Bourguiba attentif à l’évolution sociale, avait permis l’éclosion de nombreuses lois en faveur de la famille et du travail. Durant 22 ans nous avons vécu l’éveil d’une nation avide de progrès, d’espèrance, de foi en l’avenir dont la jeunesse d’aujourd’hui représente le porte-flambeau.
Nous nous retrouvions jour après jour heureuses d’être ensemble dans notre studio 3, de l’avenue de la Liberté sans compter les heures, conscientes et fières de la valeur de notre message mêlant nos joies et nos peines.
Le train de la vie a déposé parfois l’un de nous définitivement en chemin pour notre plus grande peine. Nous ne sommes plus aujourd’hui que quelques uns : Neila, Dr Hafedh Bouattour, Faiza, Kochbati, Sihem Debbabi, Laabidi, ingénieur du son, et Alia Djemmal, notre sœur terriblement éprouvée aujourd’hui par la perte de son adorable fille Aida à qui je dédie avec toute mon affection ses souvenirs de combat : toujours crâneuses, toujours de l’avant !
Au nom de ces inoubliables années de fraternité empreintes de la chaleur de ta présence, je te redis notre chagrin, nos sentiments de solidarité ainsi qu’à tous les tiens si durement éprouvés.
Saida Maherzi
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Aida a été une camarade de lycée pendant de longues années. Son départ précipité laissera, j'en suis sûre, un grand vide autour de ceux et de celles qui l'ont connue et aimée. Intelligente, généreuse, attachante et espiègle, son souvenir restera à jamais gravé en nous. Qu'elle repose en paix et que Dieu ait pitié de son âme.
Aida etait unique... unique comme jamais une personne ne l'etait ... A sa maman, et ses proches toute lin affection.