Il aura fallu bien des pressions de toutes parts pour que la troïka se décide enfin, à une semaine de la date symbolique du 23 octobre, à une série de compromis, notamment celui devant fixer la date des élections générales. C’est en effet, le dimanche 23 juin 2013 qui est retenu pour le déroulement des élections législatives et présidentielles, avec la possibilité d’un deuxième tour pour les présidentielles, quinze jours après, le 7 juillet 2013. Les trois partis formant la coalition au pouvoir ont abouti samedi soir à l’issue d’une longue réunion à cet accord qu’ils comptent proposer pour adoption par l’Assemblée nationale constituante.
Même s’il court circuite le dialogue national des forces politiques devant se tenir ce mardi 16 octobre à l’initiative de l’UGTT, la LTDH et l’Ordre des Avocats, cet accord est accueilli favorablement par une large frange de l’opposition. Le chef du mouvement Nida Tounes, Béji Caïd Essebsi y voit « une bonne nouvelle ». De son côté, le parti Al Joumhoury, par la voix de sa secrétaire générale, Maya Jribi, prend «positivement acte de l'annonce de la troïka et de sa prise de conscience alors qu'elle refusait d'admettre que la date de 23 octobre marque la fin de son mandat",
Deuxième compromis entre Ennahda, Ettakatol et le CPR porte sur la nature du régime politique qui doit être défini dans la future Constitution, en optant pour "un régime politique mixte dans lequel le président sera élu au suffrage universel pour un meilleur équilibre des pouvoirs et au sein du pouvoir exécutif", explique le communiqué publié par la troïka.
Troisième compromis, il concerne la formation d'une commission électorale indépendante et sur un candidat à sa présidence. Un accord semble être réalisé autour de la personne de Kamel Jendoubi, qui avait déjà dirigé l’ISIE et fait montre de son intégrité, de son indépendance et de son efficience.
Quatrième compromis, le déblocage de la création de l’Instance supérieure de l’Audiovisuel.
Ce sont là quatre points essentiels qui avaient longtemps bloqué les travaux de l’ANC et attisé la tension politique dans le pays. Il est clair à présent qu’Ennahdha, particulièrement fragilisée ces dernières semaines, notamment après l’attaque de l’ambassade américaine, la divulgation de la vidéo de Ghannouchi et la recrudescence de la contestation dans les régions, a fini par lâcher du lest. La troïka a également sans doute cherché à ne pas laisser l’UGTT et ses partenaires, uniques maîtres du jeu pour abriter le dialogue national du 16 octobre.
Ce qui est certain, c’est que l’annonce de la date du scrutin fixé au 23 juin prochain, donne le coup d’envoi aux préparatifs électoraux. La tension politique, comme nous l’avions vu en 2011, se déplacera de la capitale vers les régions où les campagnes électorales s’annoncent d’ores et déjà très vives. Bref, le compte-à-rebours a commencé.