Où en est la psychiatrie tunisienne et quelle hospitalisation dans les secteurs public et privé ?
L’interrogation est forte : d’un côté, retracer le parcours de la psychiatrie en Tunisie et de l’autre, établir l’état des lieux de l’hospitalisation en psychiatrie, tant des les établissements publics que dans les cliniques et centres privés. Telle est l’ambition des VIIèmes Journées spécialisées qui se tiendront à Sfax, les 10 et 11 avril 2009. L’initiative en revient à la dynamique Association de Recherche et d’Etudes en Santé Mentale de Sfax (ARESMS) qui a réuni pour débattre de ces problématiques, un panel de spécialistes reconnus.
L’hommage à un confrère disparu
La date de ces journées n’est pas fortuite. Elle marque la célébration du premier anniversaire de la disparition d’un éminent psychiatre, le Dr Mohamed Anouar Achich. Un hommage solennel lui sera rendu par ses confrères, avec des allocutions commémoratives des Drs Cherif, Ati et Ayadi. Par ailleurs, le concours de posters organisé à cette occasion sera couronné par le Prix M. A. Achich qui sera décerné au meilleur poster avant la clôture des Journées.
Un programme attractif
L’analyse du parcours de la psychiatrie tunisienne sera effectuée, vendredi 10, par Fethi Nacef (Histoire), Saida Douki, établie à présent à Lyon (Psychiatrie et religion), et B. Belhadjali (Psychiatrie biologique). Salem Brour, Benrejeb, Bouzid et Omrani, traiteront tour à tour des perspectives de la psychanalyse à l’Université de Tunis, de Burnout chez les médecins et du manuscrit d’Ishak Ibn Omrane.
La journée du samedi 11 avril sera marquée par deux tables-rondes d'un réel intérêt. La première portera sur la «Place de la Psychothérapie Institutionnelle et de l’Art-thérapie dans la transformation du fonctionnement de l’Hôpital RAZI dans les années 1977-1980. elle sera illustrée par un film suivi d'un débat conduit par le Pr Esseddik Jeddi (Tunis). La seconde aura à débattre de l’épineuse question de : «L’hospitalisation en Psychiatrie dans les secteurs public et privé : état des lieux».
Une large couverture nationale
Le mérite de l’ARESMS est de mobiliser les confrères de toute la Tunisie. On y relève notamment, outre les intervenants cités, les Drs Atallah, Ghribi, Aloulou, Frikha, Masmoudi, Zouari, Hadriche, Koubaa, Boudabbous, Ayadi, Hadriche, et autres. Ils viennent de Tunis, Nabeul, Kairouan, Sousse, Gabès, etc. Quant au comité d’organisation, il comprend notamment les Drs Samir Ayadi, Abdelaziz Jaoua, Ali Jarraya, Jawaher Masmoudi, Héla Laribi et Habib Mahdi.
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La louable initiative des psychiatres de Sfax d'honorer la mémoire d'un des leurs le Dr Anouar Achich, ravi à la fleur de l'âge par la maladie l'année dernière,mérite plus que des éloges. En effet, en associant à la commémoration un atelier scientifique pour penser et réfléchir à l'avenir de la psychiatrie, ils articulent ce moment de recueillement avec le présent et l'avenir et témoignent de leurs volontés de se jouer des destins pour construire une avenir meilleur pour leurs patients. La psychiatrie Tunisienne a certes beaucoup évolué et muri. De quelques personnalités qui se comptent sur les doigts d'une seule main en Mars 1956, le nombre des psychiatres tunisiens dépasse aujourd'hui les deux cents. Beaucoup ont été formé en France mais on assiste depuis quelques années à l'arrivée de psychiatres 100% tunisiens. Bien formés, sans complexes, ils travaillent aussi bien dans le secteur public pour plus de la moitié et dans le secteur privé pour les autres. Un nombre non négligeable d'entre eux exerce à l'étranger. Sur le plan international ils sont très actifs et nous les retrouvons dans les coulisses de l'Association mondiale de psychiatrie, de l'Alternative Fédérative des Associations de Psychiatrie où la Tunisie occupe le poste du Secrétariat Général, de l'Association Franco-Maghrébine de Psychiatrie ainsi que dans d'autres associations mondialement connues. Les publications de recherches Tunisiennes ont d'ailleurs tendance à se multiplier ces dernières années et que nous retrouvons indexées dans les revues médicales les plus prestigieuses. Citons parmi les chercheurs Tunisiens émérites Le Pr Jawaher Masmoudi à Sfax, Le Pr Lotfi Gaha à Monastir ou le Pr Fethi Nacef à Tunis. Néanmoins, beaucoup de défis restent encore à relever au premier rang desquels les conditions de l'hospitalisation en psychiatrie qui à l'heure actuelle ne peut se faire que dans des unités publiques surchargées ou dans des cliniques privées sous conditions et non spécialisés. Cette situation prive le citoyen d'un espace décent d'hospitalisation psychiatrique. Certes les personnels des hôpitaux psychiatriques de la Mannouba, de Sousse Monastir Sfax et Gabes déploient des efforts considérables pour venir en aide au plus malheureux mais l'absence de cliniques psychiatriques privées reste le point faible du paysage psychiatrique Tunisien. Absence que rien ne justifie, car la demande est importante, venant de l'intérieur comme de l'étranger, la qualité des professionnels est indiscutable mais reste l'éternelle question du financement et de la gestion. Il semble que la législation actuelle dans ce domaine représente le véritable frein à la création de telles institutions. Gageons que ce colloque de Sfax représentera un tournant pour l'avenir de la psychiatrie en Tunisie
La notorièté exhaustive de l'information et de la communication de notre laeder et pionnier Tawfik n'a d'égale qu'une pertinence et complémentarité critique de Sofiène. Mes COMPLIMENTS et Merci.
Psychiatrie : la quelle ? Celle qui fait prospérer les labos en soignant à vie, réduisant l'espérance de vie ou provoquant des tueries ? Mais y a-t-il une autre psychiatrie, qui soigne sans droguer : voilà une bonne question, n'est-ce-pas ?
Je suis d'accord avec JPB : de quelle psychiatrie s'agit-il ? De celle qui considére l'homme comme un animal, de type Pavlov, ou comme un être humain ? Le courant de la psychiatrie biologique a amené des traitements inhumains : camisole chimique, électroconvulsothérapie (quelle hypocrisie au lieu de dire électrochocs, on introduit la notion de "thérapie" pour tromper, etc.). Ou est le dialogue ? L'approche humaine ? L'écoute active ?
Excellent article je souhaite un plein succès pour ce séminaire