Ce serpent de mer appelé séance unique
Dans le jargon journalistique, on appelle serpent de mer, les articles qui reviennent périodiquement dans les journaux, notamment dans les périodes où l'actualité marque le pas.
La question de la séance unique dans les administrations pendant la saison estivale est le serpent de mer par excellence qui revient comme un leitmotiv chaque année avec les débuts des grandes chaleurs. Cependant, même si le sujet est rebattu, il est rare qu'il soit traité autrement que sur le mode caricatural alors qu'il s'agit d'un sujet éminemment sérieux sur lequel les différentes réformes administratives engagées depuis l'indépendance avait -bizarrement- fait l'impasse. Paradoxalement, on avait essayé, il y a quelques années, de généraliser la formule à l'ensemble de l'année avant d'y renoncer au bout de quelques mois au vu de ses résultats plus que décevants. Et même si, ici ou là, dans les discours ou les documents officiels, on ne se fait pas faute de dénoncer la baisse de la productivité de l'administration pendant cette période de l'année, on prend garde de remettre en cause cette dernière séquelle du protectorat, qui fait entrer le pays, chaque après-midi, et pendant deux mois, dans une profonde léthargie alors que dans certains pays voisins qui avaient connu, pourtant, la même évolution historique que nous, les administrations sont ouvertes les après-midi. Il est vrai que le progrès a atténué quelque peu les désagréments provoqués par cette situation comme les distributeurs automatiques de billets ou l'ouverture des bureaux de poste installés dans les grandes surfaces et dans le zones touristiques. Mais, l'un des atouts de nos industries, c'est leur réactivité.Or, les journées de six heures ne suffisent pas à l'importateur qui voudrait retirer ses containers à temps ni à l'exportateur qui veut expédier ses marchandises à un client pressé. Des études restent, certainement, à faire pour quantifier les pertes occasionnées par cette sacrée séance unique ne serait-ce qu'en termes de productivité ou de perte de marchés.
Une formule anachronique
Si cette mesure pouvait s'expliquer, il y a un siècle à cause de la chaleur, elle est aujourd'hui anachronique grâce aux climatiseurs qui équipent les administrations publiques et la quasi-totalité des entreprises ainsi que la motorisation d'un nombre croissant d'employés. Un certain nombre de patrons en ont tiré argument pour sauter le pas et pratiquer la double séance avec l'accord de leur personnel. Ils n'en sont pas plus malheureux, bien au contraire. la Malaisie, l'un des dragons de l'Asie avait décidé il ya quelques années de renoncer à la séance unique en invoquant le même argument. En tout cas, L'expérience tentée par certains privés constitue la première brèche dans laquelle pourrait s'engouffrer un nombre croissant d'entreprises. Le Tunisien qui est connu pour sa faculté d'adaptation saura s' y faire. Les gains de productivité passent aussi par là.
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Je suis tout à fait d\'accord avec vous. Chaque fois que je vais à la Banque ou à la Poste, où on est tellement mieux que déhors, je ne manque pas de demander aux employés pourquoi ils n\'insistent pas eux mêmes pour rester dans leurs bureaux aussi l\'après-midi.. Réponses vagues!