Ali Larayedh propose la date du 17 décembre 2013 pour la tenue des élections
Dans une tentative de sortie de crise, et tout en excluant la démission de son gouverenement, le chef du Gouvernement, Ali Larayedh a appelé à la tenue des élections avant la fin de l’année proposant à cet effet la date du 17 décembre 2013, en commémoration à l’immolation de Mohamed Bouazizi. Le problème c'est que cette date tombe un mardi, alors que toutes les consultations électorales ont lieu le dimanche ou un jour férié pour une question de logistique, ce qui laisse planer un doute sur le sérieux de cette proposition Pour y parvenir, il a indiqué que le gouvernement recommandera à l’Assemblée nationale constituante de finaliser la Constitution et l’adopter fin août prochain et toutes les lois constitutionnelles , notamment la loi électorale, le 23 octobre 2013.
Au sujet des ligues de protection de la révolution, il a indiqué que leurs dossiers ont été transmis à la Justice qui a prononcé leur suspension et que la loi sera appliquée à tous. La formule utilisée par le chef du gouvernement ne répond pas clairement à la forte demande de l’opposition de dissoudre ces ligues accusées de bénéficier du soutien d’Ennahdha.
Evoquant le dialogue, Ali Laarayedh a rappelé sa disposition à favoriser la concertation avec toutes les formations politiques et encourager leur participation à l’action collective sous différentes formes y compris la participation au gouvernement, excluant implicitement la démission de son cabinet réclamée par l'opposition et même la formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale.
Dans une conférence de presse donnée lundi en fin d’après-midi à l’issue d’une longue journée marquée par la tenue à la Kasbah du conseil des ministres et la participation à Carthage à la réunion du conseil supérieur de la sécurité nationale, Ali Laarayedh a affirmé que son gouvernement poursuivra sa mission, sans se laisser décourager par les tentatives de déstabilisation des "comploteurs". Axant ses propos sur trois thèmes à savoir le martyre de Mohamed Brahmi et les défis sécuritaires et terroristes, ce qu’il qualifie de tentative de prise en main des institutions de l’Etat et la politique qui sera adoptée par le gouvernement durant la période à venir.
Laarayedh a rappelé différents actes terroristes perpétrés en Tunisie notamment en 2002 à Djerba, 2006-2007 à Soliman, 2011 à Rouhia, 2012 à Bir Ali Ben Khelifa et au Chaambi, et en 2013 avec l'assassinat de Chokri Belaid, les affrontements au Chaambi et tout récemment le meurtre de Mohamed Brahmi. « C’est là un long processus qui exige de nous une réelle persévérance, avec des stratégies efficientes afin de démanteler les réseaux terroristes et nous nous y employons de toutes nos énergies, a-t-il affirmé.
Visiblement très remonté contre ceux qu’il a qualifiés d’«anarchistes » qui, « avant même que Mohamed Brahmi, le corps criblé de balles, n’arrive à l’hôpital, se sont lancé dans des surenchères qui relèvent d'un opportunisme inqualifiable, destinées à saper les fondements de l’Etat, appelant à la dissolution de toutes ses institutions, poussant le pays vers le chaos et l’inconnu ». Laarayedh se félicite cependant « que le peuple ne les ai pas suivis, conscient qu’il est de leurs réelles intentions et de l’intérêt du pays ». Le chef du Gouvernement en saluera « les Tunisiens, ainsi que les forces armées et les forces de sécurité, et un grand nombre d’organisations nationales, composantes de la société civile et journalistes qui ont refusé de se laisser entrainer dans cette spirale et appelé plutôt à la raison ».
Interrogé sur la position d’Ettakatol relative à la dissolution du gouvernement actuel et son remplacement par un autre d’unité nationale, comme l’a affirmé Lobna Jeribi, membre du bureau politique et élue de la Constituante, à Reuters, menaçant de quitter la troïka faute de satisfaction de cette demande, le chef du Gouvernement a affirmé qu’il n’est pas courant de cette déclaration qu’il venait juste de rencontrer le président d’Ettakatol, Mustapha Ben Jaafar qui ne lui a guère mentionné cette demande.
"Enfermé dans une logique qui ne favorise pas le dénouement de la crise"
Alors que ses communicants promettaient depuis tôt lundi matin de grandes mesures qui seront annoncées, les déclarations d’Ali Laaryaedh ne semblent pas répondre aux attentes des Tunisiens et encore moins à celles de ses adversaires. Ceux-ci revendiquent irréductiblement la dissolution du gouvernement, la formation d’un gouvernement de salut public et sinon la dissolution de l’ANC, la limitation de son mandat à la finalisation de la Constitution. S’ils ont obtenu gain de cause quant à la fixation du calendrier politique et de la date des élections, ils estiment qu’il s’agit là de nouvelles promesses qui succèdent à une série d’autres précédentes guère appliquées. Faute d’une révision de la loi portant organisation provisoire des pouvoirs publics, limitant le mandat de l’ANC, et d’une loi fixant les délais, il ne s’agit-là que de paroles en l’air.
Beaucoup d’observateurs estiment que Laarayedh est resté figé dans la logique de son parti Ennahdha et celle de ses partenaires au sein de la Troïka, le CPR et Ettakatol (sauf si la déclaration de Lona Jeribi se confirme). Ses propos n’apportent pas à leurs yeux la réponse appropriée pour une véritable sortie de crise et ne permettront pas de débloquer la grave crise politique qui secoue le pays. En persistant dans ses positions, ne s’exprimant pas fermement sur les ligues de protection de la révolution et toutes les milices parallèles proches d'Ennahdha, en les interdisant et faisant traduire leurs dirigeants devant la justice pour répondre de leurs méfaits, et n’acceptant pas la formation d’un nouveau gouvernement d’Union nationale, il ne favorise pas un dénouement rapide de la situation.
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Le Premier Ministre Ali Laaraiedh aurait du démissionner en Septembre 2012 lorsqu'il avait échoué en tant que ministre de l'intérieur durant l'attaque des Salafistes sur l'ambassade américaine. Six mois plus tard on assistait à l'assassinat de Chokri Belaid alors que Laaraiedh était toujours ministre de l'intérieur. Je m'attendais à son limogeage, mais il a été élevé au rang de Premier Ministre. Dès cet instant je savais que le pays allait continuer à affronter la violence ascendante des terroristes. Ce qui se passe aujourd'hui est lié directement à l'incompétence de Ali Laaraiedh et sa complaisance envers les éléments Islamistes qui sèment la terreur dans le pays. Le départ de Ali Laaraiedh est maintenant une condition nécessaire pour rétablir l'ordre et la paix sociale.