Racler les fonds de tiroir… en guise de politique économique
Cela fait déjà quelques temps que nous essayons d’alerter sur la dangerosité de la politique économique poursuivie depuis près de deux ans. A vrai dire, une politique économique et sociale mimétique, (dans ses grandes lignes), de celle qui a prévalu au cours de la dernière décennie ; à un bémol près, mais il est de taille : celui du choix de la constitution de rentes viagères, et autres formes d’arrérages. Une nouveauté dont à l’évidence le pays aurait pu se passer. La Troïka a, de fait, inauguré «une politique de la soulte » inconnue jusque là.
Non pas tant que la reconnaissance des droits des victimes de l’ancien régime ne soit pas une vraie question en soi. Mais que son traitement complexe se réduise à une compensation matérielle, voilà qui en dit long sur la conception qu’ont les dirigeants du moment des notions de réhabilitation sociale, ou de citoyenneté pleine et entière. Une troïka en réalité revancharde forte de cette pseudo-légitimité idéologique du dédommagement, qui a donc pris une version mercantile et limitative de la réparation : Au plus vite, ««solde de tous comptes» (pour les miens et mes prosélytes, s’entend). Pour les autres, d’Om Laraayes et d’ailleurs, circulez, il n’y a rien à voir.
Une opinion publique insultée, outragée.
Chemin faisant, les finances publiques ont été sollicitées par cette nouvelle donne, sans pour autant en avoir établi les règles (une critériologie transparente et consensuelle), encore moins son chiffrage annualisé (plusieurs centaines de millions).
Passe encore que le président provisoire veuille une retraite ! Ce sont en réalité des milliers de partisans du parti majoritaire et de ses affidés qui se sont vu offrir : qui compensés financièrement, qui réintégrés avec rattrapage de carrière dans l’administration centrale ou régionale, qui recrutés dans des entreprises du secteur public et assimilé. De l’ordre de 70.000 «titularisés», évoquent certains observateurs.
Un surcoût non maitrisé, incontrôlable, qui n’a cessé d’enfler au cours de ces deux exercices budgétaires, au vu et au su de nos grands argentiers. L’opacité régnante a ainsi permis de récompenser services rendus ou allégeance à venir, au grand dam d’une tentative fort timide mais déjà désespérée de réduire les déficits en tout genre.
N’étant pas particulièrement versé dans l’analyse psychanalytique, il convient malgré tout d’enfoncer le clou. Il ressort, à l’évidence, que les comportements des affranchis comme des «fidèles» du pouvoir actuel, relèvent de troubles obsessionnels compulsifs de rapine boulimique des deniers publics, de concussion…aux limites de la prévarication (celle de la famille) qu’ils n’ont eu de cesse, eux-mêmes de condamner, de vilipender.
Toujours est-il, que nous voilà lestés d’une charge exceptionnelle, pour l’essentiel pérenne dont il faut bien trouver la ressource. D’aucuns disent malicieusement, mais fort à propos, que les emprunts concédés servent à payer ce surplus de dépenses fonctionnelles de l’Etat. Une fuite en avant…mais au bout le mur !
Le maître-mot du moment est donc devenu ces jours-ci: «trouver l’argent pour éviter la banqueroute qui menace.» Des expédients rehaussés au rang de politique économique :
Rétroactivité du 1% sur les salaires, taxe de 2,5 DT sur les voyageurs, vignette automobile, taxation de 10% des entreprises offshore jusque là exemptées.
Des mesurettes qui elles aussi en disent long sur l’avers de cette capture insatiable (cela devrait continuer) des ressources de l’Etat, et qui se manifeste dans cette course poursuite à l’argent frais, dans la panique à peine voilée (sic) de gestionnaires acculés à réduire le budget de développement de plus de 20%, voire plus.
Infrastructures et régions en désespérance attendront ! Une ignominie.
Du coup, un mauvais coup porté aux finances publiques dont le déficit atteindra près de 8%, compte non tenu des milliards de pertes du secteur bancaire et des services publics.
Comme tout est lié, de proche en proche, la spirale récessive se diffuse et se propage, que ne peuvent enrayer les dérisoires réductions de subventions énergétiques, et autres hausses d’impôts d’une assiette désespérément réduite, mais spirale qui, en retour ou par ricochet, exige un besoin croissant de devises fortes.
Le gouverneur de la BCT ne s’y était pas trompé en allant conclure à la hâte un nouveau prêt «Samouraï». Sauve-qui-peut, d’ailleurs mal récompensé, puisqu’il est accusé de «faire tourner la planche à billets». De possibles règlements de comptes à venir !
Une nervosité tout d’un coup se transformant en nouvelle panique, - de tout de ce petit monde-, à l’annonce d’un possible retard du versement de la deuxième tranche du prêt stand-by accordé par le FMI. Réponse quasi immédiate : Une délégation composée de membres du gouvernement et de la BCT doit se rendre à Bruxelles dans les jours prochains pour demander, insiste le Ministre, un nouveau prêt et non «une aide»…
Je vous laisse imaginer les possibles contreparties que pourrait exiger la Commission de Bruxelles, pas franchement connue pour sa mansuétude à l’égard des pays en difficulté.
Ainsi va notre pays… du moment. Aux antipodes des attentes, a contrario de ce que les nécessités exigeraient de faire. Une sorte de «après moi le déluge» tout en cherchant à se maintenir coute que coute» (aux deux sens du terme) au pouvoir…
Hédi Sraieb,
Docteur d’Etat en économie du développement
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Ce pouvoir a ruine le pays pour des générations et devra rendre des comptes le moment venu !
Les Analyses publiées par Notre Revue : "Leaders" sont pertinentes, mais elles me paraissent au dessus du Quotient Intellectuel de nos Gouvernants actuels. Par conséquent, ils ne peuvent même pas les lire, à fortiori, les comprendre et s'en inspirer pour leurs décisions. Quand la Médiocrité s'installe au moyen de la "Légalité du Sandouk", la facture à payer par la Nation sera trop lourde.