Bechir ben Slama: 3abira hyal Ayam
Béchir Ben Slama a quitté la scène politique il y a 27 ans. Homme-lige de Mohamed Mzali, il a été notamment, pendant 31 ans, le rédacteur en chef de la revue El Fikr, fondée par l’ancien Premier ministre en 1955 et ministre de la Culture dans le gouvernement Mzali de 1981 à 1986, avant d’être limogé par Bourguiba, parce qu’ «il ressemblait trop à Salah Ben Youssef» après la chute de Mzali.
Dans ce récit autobiographique * de 700 pages, Béchir Ben Slama revient sur son itinéraire depuis cette journée du 8 avril 1938 où, âgé d’à peine 7 ans, il est témoin de la répression de l’armée française contre les militants destouriens et zeitouniens. Il s’éveillera très vite à la conscience politique en adhérant à la jeunesse scolaire au début des années 40. Il nous fait revivre son parcours initiatique en politique ne nous épargnant aucun détail. Sa rencontre avec Mohamed Mzali sera décisive. «Si Mohamed» sera l’ami, le mentor à l’ombre tutélaire duquel l’auteur frayera son chemin. L’auteur évoque souvent la malchance «Ettab7a», comme on la qualifie dans notre parler, qui lui aurait fait perdre, à plusieurs reprises, des occasions de montrer ses capacités. En fait, Ben Slama n’est pas si malchanceux. Sa proximité avec Mohamed Mzali lui a permis de se roder dans les cabinets ministériels, avant de se voir confier le prestigieux ministère de la Culture où, pendant six ans, il aura les mains libres pour engager des réformes audacieuses dans maints secteurs comme l’édition, le théâtre, l’enseignement artistique.
Mais ce qui fait l’intérêt de ce livre qui s’arrête en 1986 et sera suivi d’un deuxième puis un troisième tome, ce n’est pas tant le plaidoyer pro domo de l’auteur, qui est après tout la loi du genre. C’est aussi son évocation des dernières années Bourguiba sur lesquelles l’auteur apporte un éclairage nouveau pour avoir été à la fois ministre et confident du deuxième personnage de l’Etat qu’était Mohamed Mzali. Le moins qu’on puisse dire est que Bourguiba n’y est pas à son avantage. Ayant écarté son fils, son fidèle secrétaire, Allala Laouiti, et répudié son épouse Wassila, Bourguiba n’était plus que l’ombre de lui-même. La Tunisie des années 86-87, c’était à la fois Kafka et le père Ubu. Ceux qui ont vécu cette période se rappellent très bien cette tragédie dont Bourguiba était le triste héros.
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