Opinions - 11.02.2014

Loi électorale: La réponse de Salsabil Klibi à Mansour Moalla

En réponse M. Mansour Moalla à propos de son article sur "Leaders" au sujet du mode de scrutin et pour faire bref: d'abord concernant sa référence à la France la cohabitation du temps de Mitterrand et de Chirac n'était pas due à la séparation des élections législatives et présidentielles (qui étaient concomitantes) mais à un incident de parcours à savoir une dissolution du parlement et l'organisation d'élections parlementaires anticipées. la France aujourd'hui vit seulement depuis peu sous le régime de la séparation des deux élections présidentielles et parlementaires (elles se font à un mois d'intervalle) précisément parce que les français se sont rendus compte qu'il n'est pas bon de mettre tous ses œufs dans un même panier, ils se sont assagis et ont jugé qu'il est nécessaire de laisser à l'électeur l'opportunité de revoir ses choix électoraux et au vu des résultats des présidentielles peut être décider de donner la majorité parlementaire et par la même occasion le gouvernement qui va en émaner à une autre formation politique pour assurer une balance des pouvoirs. Ce que nous avons tout intérêt à faire car nous ne savons que trop ce que donner le gouvernement le parlement et la présidence de la république à un même bloc politique veut dire et ce qu'il peut entraîner. ça c'est pour la mise au point. 
 
Concernant la critique de la proportionnelle aux plus forts restes mode de scrutin présenté comme calamiteux et responsable de tous nos maux
 
1/ Un mode de scrutin quel qu'il soit ne fait pas les élections c'est à dire ne fait pas à lui seul les résultats. Les premiers responsables de ceux ci sont les partis eux-mêmes les règles de calculs qui permettent de transformer les voix en sièges ne peuvent pas faire le boulot à leur place c'est à dire aller vers les citoyennes et les citoyens les écouter et leur présenter des programmes politiques réalistes novateurs faire connaitre les candidats potentiels et non mettre n'importe qui sur les listes à la dernières minute juste pour faire sa liste. 
 
2/ Le scrutin de liste est très important dans une société où le culte de la personnalité sévit et où la classe politique prétend privilégier les idées les programmes politiques à la place des notabilités à cause de leur fric (peu importe d'ailleurs qu'il soit bien ou mal acquis) le scrutin de liste permet un affrontement de programmes le scrutin uninominal privilégie "le combat de coqs". Je ne parlerai pas de la corruption et de l'achat de voix que vous avez évoqué pour dire qu'il a sévit aussi lors des dernières élections ce qui est vrai mais vous n'êtes pas sans savoir les candidats individuels ont beaucoup plus de facilités de manœuvrer lorsqu'ils agissent pour leur propre compte que lorsqu'ils sont dans un parti c'est à dire quand ils se présentent en liste, je vois déjà pas mal d'énergumènes se frotter les mains à l'idée d'un scrutin uninominal. 
 
3/ Le scrutin de liste est très important dans une société où la classe politique ne cesse de répéter qu'elle est pour la participation des jeunes et des femme à la vie politique. Or dans un scrutin uninominal où l'électeur est appelé à choisir un seul candidat une femme ou un jeune n'auront quasiment aucune chance face à un candidat d'âge mûr il n y a qu'à voir l'âge moyen de notre classe politique.
 
4/ Le scrutin proportionnel maintenant: dans tous les régimes qui sortent d'une longue dictature (je ne dis pas qui sont en transition vers la démocratie parce que rien n'est encore acquis sur ce point) c'est le scrutin proportionnel qui est privilégié parce qu'il permet à des partis nouveaux ou qui ont longtemps travaillé dans la clandestinité de s'implanter et de se constituer progressivement un électorat, il permet au paysage politique de se structurer le scrutin majoritaire (celui qui a le plus de voix rafle tous les sièges) est un scrutin "castrateur" 
 
Si on veut éviter le désastre des élections de 2011 (moins de 50% de participation 1500000 voix à la poubelle car n'ayant donné aucun siège) le scrutin majoritaire uninominal est loin de constituer une solution, ce dernier sera assassin (il assassinera une grande partie de la classe politique il donnera une assemblée très peu représentative il assassinera la démocratie naissante) à mon avis le plus sage est de reconduire le même mode que celui de 2011 (scrutin de liste avec une proportionnelle aux plus forts restes) mais alors aux partis politiques de se bouger d'abord en se montrant convaincants face à leurs électeurs, mettre un peu leur ego de côté oublier les querelles de jeunesses, il faut des alliances électorales affinitaires et durables et non pas réactionnelles et opportunistes mais aussi travailler sur des programmes économiques et sociaux alternatifs (les jeunes y aideront beaucoup si on prenait la peine de leur ouvrir les partis et pas seulement pour le tractage).
 
Salsabil Klibi
 

Tags : loi   mansour moalla  
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6 Commentaires
Les Commentaires
Amine - 11-02-2014 11:24

Il me semble que le décalage entre les élections législatives et présidentielles en France avant la réforme de 2000 était de deux années et qu'il est passé à 2 mois. L'une des conséquences politiques était la fin de la cohabitation parce que l'opinion publique n'a pas le temps de changer deux mois après l'élection du président... J'ai peut être tort...

aliocha - 11-02-2014 21:49

la cohabitation Mittérand Chirac n'est pas venu suite à une dissolution c'est celle Chirac/Jospin et la cohabitation était possible parce que le mandat présidentiel était de 7 ans. la question était doit on faire les présidentielles avant les législatives ou l'inverse? et pourquoi on ne les fait pas ensembles? je suis pour la reconduction du scrutin à liste à condition d'exiger pour chaque liste un nombre minima de signatures d'électeurs de la circonscription pour éviter le pléthore qu'on a eu où ils y avait des listes qui ont été déposées juste pour avoir la première tranche de fonds publics!

Mokhtar Snoussi - 11-02-2014 22:27

A propos de la cohabitation. Madame Klibi fait erreur: Le mandat présidentiel était de 7 ans et le législatif de 5 et ce jusqu'en 2OOO. Sous la Cinquième République, 2 cohabitations (sur 3) sont dues effectivement à ce décalage entre les mandats et se passent alors que Mitterand est président: 86-88, Chirac et 93-95, Balladur. La troisième vient à la suite de la dissolution de l'assemblée décidée par le président Chirac (97-2002, Jospin). A partir de 2002, les deux élections deviennent concomitantes, le mandat présidentiel étant ramené à 5 ans, empêchant ainsi toute cohabitation.

poiloz - 11-02-2014 23:28

@Amine a entierement raison en ce qui concerne le calendrier des élections en France ! Depuis Jospin, on considére que les deux élections sont liés, ce qui n'était pas le cas avant . je ne conteste pas les capacités d'analyse politique de la personne qui a rédigé cet article...mais ses données françaises sont complétement erronnées : la cohabitation Mierrand-Chirac est due au renouvellement normal des députés et absolument pas à une dissolution du Parlement ni à des elections anticipées !!

Turki - 12-02-2014 11:04

La confrontation des théories est nécessaires. Mais malheureusement les élections sur liste nous ont montré leur limite avec une ANC composée d'une majorité d'élus très peu compétant, pour ne pas dire médiocres, illettrés, dépassés... Pour ne prendre que l'exemple français, les élection sur individu n'est pas du tout incompatible avec l'importance des partie. Les personnes prenant de l'importance à travers leur appartenance aux parties et aux programmes des parties. Désolé Mme Klibi, mais l'expérience et la vision clairvoyante manquent à beaucoup d'entre nous.

aida bouchadakh - 12-02-2014 13:00

Il me semble qu'il faudrait maintenir le scrutin de liste et interdire à tout élu de rejoindre un autre parti au cours de son mandat. Il a été élu sur une liste donné et si jamais il n'est plus en phase avec son parti, il n'a qu'à démisionner ou éventuellent sièger en tant qu'indépendant et c'est le maximum qu'on pourrait tolérer Le mode de scrutin majoritaire à deux tours pourrait créer une cohésion et dégager une majorité qui pourrait gouverner dans la sérénité. Le fait de jumeler les élections présidentielles et législatives pourrait être avantageux d'un point de vu pécunier et peser moins lourd dans le budget de l'Etat, quitte à savoir maintenant si c'est faisable Si on devait séparer les deux élections, autant commencer par les législatives car le nouveau système politique Tunisien est certes hybride mais plus proche du régime parlementaire que du régime présidentiel... Dans tous les cas, il serait bon aussi de se pencher sur les élections régionales car elles sont essentielles pour l'amélioration de la gestion courante des cités

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