Blogs - 11.11.2009

Comment peut-on être Tunisien?

Il est 15 heures. L'avenue Bourguiba à Tunis est, comme d'habitude, grouillante de monde, les terrasses des cafés bondées. Une dame attablée attire l'attention de l'envoyé spécial du journal algérien, "l'Expression" venu en Tunisie pour "couvrir" les élections qui passait par là. Dégustant une glace, elle avait posé son portable "bien en évidence" sur la table comme par défi. Pressentant le danger, le journaliste s'arrête, prêt à bondir sur le pick-pocket qui ne tarderait pas à passer. "Il ne se passera rien", finira t-il par murmurer au bout de quelques minutes avant de poursuivre sa route. Il ne sera pas au bout de ses surprises. Pendant toute la durée du trajet il va promener, tel l'Usbek des "Letttres Persanes" un regard parfois incrédule, souvent admiratif sur les Tunisiens.

Il croisera des jeunes, des moins jeunes, des femmes "qui vont, viennent, les uns, au pas pressé, d'autres plus nonchalants évoluant dans un mouvement fluide et tranquille" sans se faire piétiner ou se télescoper. Son premier geste, ce sera de voir s'il y a une présence policière, histoire de s'assurer si ce bel ordonnancement n'est pas contrôlé par quelque ordonnateur.

Il aperçoit au loin deux agents, Mais ils sont  occupés à régler la circulation. Pénétrant dans un centre commercial. Il remarquera une file de chariots pleins de provisions alignés devant quelques boutiques. Les propriétaires sont à l'intérieur "à choisir des vêtements". Pour le journaliste, c'est tout simplement "ahurissant". Jusqu'aux menus affichés des fast food: "Sandwich mahboul, Pain XL" qui ne provoqueront  son étonnement. Des gestes si banals qu'on n' y prête plus attention deviennent géniaux. Il se remémore la réponse du ministre de la justice à un journaliste, la veille, au cours d'une conférence de presse: "nous n'avons pas de délinquance urbaine". Enthousiaste après tout ce qu'il a vu, il acquiesce: "oui, monsieur le ministre, nous en témoignons".

De sa randonnée, le journaliste algérien en rendra compte dans son journal comme il le fait depuis une semaine mettant, notamment en évidence le climat "apaisé" dans lequel se sont déroulées les dernières élections, et de ce "spectacle extraordinaire" (encore une surprise) d'une capitale "calme" avec ses rues sans chars, ni forces de sécurité un jour de vote.

L'émergence d'une mentalité industrielle

Il n' y a pas mieux qu'un "regard étranger" pour vous dessiller les yeux sur vos qualités et vos travers. On pourra objecter que les observations de ce journaliste sont de simples détails mais leur somme est révélatrice d'un nouvel état d'esprit chez le Tunisien. C'est que, en un demi-siècle, la société tunisienne a profondément changé. A ce titre et au delà de leur aspect anecdotique, elles sont particulièrement éclairantes sur le niveau de de développement atteint par notre pays. Plus que les chiffres, c'est le comportement des gens dans la rue, leur façon de parler, de s'habiller, de manger, la propreté des lieux publics, la façon de conduire (encore que sur ce point, on a encore beaucoup à apprendre) qui nous renseignent le mieux sur un pays. Cest pourquoi, la rue joue le rôle de révélateur. Et à ce niveau, on peut dire que la rue tunisienne ressemble de plus en plus à celle de n'importe quelle ville européenne comme le confirment les observations du journaliste. 

L'industrialisation et, partant, le développement d'un pays est subordonnée, bien plus que les moyens matériels, à l'émergence d'une mentalité industrielle dont les éléments constitutifs sont l'éducation, la discipline, le sens civique, le culte de l'effort, la capacité d'adaptation, la mobilité sociale. La mentalité industrielle, eh bien, nous y voilà avec tous ces changements qu'on n'a peut-être pas vu venir parce qu'ils ont touché les soubassements de la personnalité tunisienne. Faut-il être, nécessairement, étranger et avoir le sens de l'observation de ce journaliste algérien pour s'en apercevoir?

                                                                                                                                                                                                                                 Hédi 

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7 Commentaires
Les Commentaires
HAKIM - 18-11-2009 13:28

Wow, je suis impressionné par cet article digne de la Pravda à la bonne époque soviétique, on nous parle d'un journaliste algérien, on ne connait pas son nom, à part qu'il est algérien, et voilà, le fil d'Ariane qui se tisse, donc, le fait est qu'il est algérien, on ne voit pas arriver sournoisement, l'idée de comparaison, si on comprends bien ce journaliste serait ébahi par les merveilleuses milles et une nuit version européenne qu'il voit, franchement, donc si je résume, pas de délinquance, je peux laisser ma voiture avec les clés sur le contact, entrer chez moi, revenir sans que personne n'ait eu la faiblesse de tout un chacun qui consiste à prendre ce qui ne lui appartient pas. Un porte-feuille qui est retrouvé par un gentil tunisien sera vite redonné à la personne qui l'aura égaré avec tous ses papiers et surtout l'argent qu'il contenait, s'il y' en avait, en passant, en Europe, vous aurez peut-être une personne qui ira remettre le portefeuille au commissariat mais l'argent aura disparu…

kifkif - 18-11-2009 20:41

Je suis tout à fait d'accord avec toi, bravo mon vieux. Pour s'améliorer il faut jamais regarder en bas et se mentir, il faut regarder un étage au-dessus (plus qu'un étage on se casse la gueule) et on se compare. Pas plus loin que la semaine passé, j'ai assisté à un pick-pocket qui court et personne derrière lui. alors...( C'était à Av Habib Bourguiba).

Mohamed KARRAY - 19-11-2009 12:56

N'est ce pas le pays où il fait bon vivre, n'est ce pas le pays de la sécurité, n'est ce pas le pays de la solidarité, n'est ce pas le pays de l'ouverture, n'est pas le pays des droits "aussi bien de la Femme que de l' Homme", n'est............ce pas la TUNISIE

mouwaten - 20-11-2009 11:31

lire cet article jusqu'au bout est proprement une torture en soi. Il y a cependant une facon de le rendre crédible c'est de la classer dans le dossier "ironie". je suis profondément désolé de voir autant d'à peu près, de jugement et de propagande. On est en 2010 ... ah tient l'autre facon de rendre l'article crédible c'est de le situer en l'an 3000 !

Khaled - 20-11-2009 12:10

J'ai seulement lu la première partie. Je préfère en rester là car les absurdités qui y sont dites m'exaspèrent. J'ai cru à un certain moment que je lisais une revu communiste de l'ex URSS... www.leaders.com.tn est un journal en ligne qui se respecte. Publier ce gence de "conneries" n'est pas digne de cette revue. A vous lire Mr Hédi, on dirait que la Tunisie c'est Bisousnours land. Mr Hédi, je considère ce genre d'article comme une insulte à l'intelligence du Tunisien. Si vous considérez que la Tunisie n'est qu'un groupement de gens stupides, incultes et ignorants, continuez ainsi. Cordialement.

RADHI - 24-11-2009 08:10

Nul besoin du rappel de votre article pour percevoir l'absence totale et flagrante du concept , sans arriver au sentiment , de nationalisme en Tunisie- Malheureusement et je le déclare avec beaucoup de conviction , ce pays cité en exemple partout ailleurs ne semble point tenir un lien quelconque avec ceux qui y résident ( et qui profitent de son bon vivre sur tous les plans ). Je ne veux point parler de football , lequel n'est pas l'exemple adéquat. Parlons de l'usage de la maitrise de notre langue officielle , parlons d'un minimum nécessaire de notre religion , parlons de l'élan d'effectuer son service militaire , parlons du comportement du Tunisien envers les installations très couteuses qui lui sont offertes partout , et qu'il n'hésite pas à détériorer gratuitement , parlons du phénomène de departr à l'étranger chez les jeunes diplômés malheureusement , sans parler de la couche des jeunes de badauds et chômeurs . Parlons surtout de nos diplômés qui ne veulent plus revenir en Tunisie , et parlons de ceux qui ne veulent pas se déclarer Tunisien et qui deforment leur prénom pour avoir une image plus européanisée. C'est un problème que je qualifie de National , et lequel merite qu'on s'y penche .Les jeunes ont une culture de Football et de musique étrangère de tres mauvais gouit , alors qu'ils ignorent le nombre de villes-gouvernorats , ou qui refusent de se deplacer pour decouvrir nos sites , nos musées etcc.. Continuer sera long et penible . A ceux qui comparent votre article , à ce qu'on lisait en période forte du communisme , je leur dit de ne pas mélanger les sauces , regardez simplement le comportement du Tunisien , surtout les jeunes , écoutez les avec attention et vous ferez la déduction qu'il n'aiment point la Tunisie . C'est tout du moins mon avis

Sahbene - 25-11-2009 14:36

Il y a eu des reactions diverse par rapport a cet article. Neanmoins, je crois qu il y a un autre point qui n a pas ete abordé. Je confirme que le "paysage" a evolué comme l'a décrit Hedi. Mais la je dis bien le paysage doit s'élargir au-delà du Grand Tunis à toutes les autres villes du pays: Kairouan, Gabes, Sfax,...

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