Opinions - 27.03.2014

Faudrait-il revoir notre pratique de la Liberté?

Après le 14 janvier 2011, le citoyen assoiffé de liberté a usé de cette liberté, excessivement parfois, sans repère aucun, ne mesurant pas les conséquences de son comportement sur le devenir même de cette liberté chèrement acquise.

Le moment n’est-il pas venu pour ce citoyen, où il se trouve, de se pencher sur l’étendue de sa liberté et sur les moyens à mettre en œuvre pour faire perdurer cet important acquis?

Trop de liberté tue la liberté

D’emblée disons-le, ce n’est pas au législateur de limiter la pratique de cette liberté. Il ne le peut plus, car la nouvelle Constitution le lui interdit et, par principe, ce n’est pas souhaitable qu’il s’y immisce.

C’est du citoyen lui-même et des entités politiques, administratives, civiles et professionnelles que le recadrage de l’exercice de cette liberté pourrait et devrait émaner car, au train où vont les choses, il y a péril en la demeure.
Nous devrions tous avoir pour repère la sauvegarde de l’intérêt national et c’est cet intérêt qui devrait nous dicter un comportement, digne, responsable et libre avec la plénitude du terme.

J’égrènerais certains faits qui m’ont poussé à aborder ce sujet tabou, car il ne viendrait à l’idée de personne, dans cette euphorie, de recadrer la pratique d’une liberté absolue, après la «révolution».

Le comportement du citoyen vis-à-vis des autorités et de la chose publique, la pratique journalistique, l’exercice de l’action syndicale, la création d’association et de partis politiques, les ardents défenseurs des droits de l’homme, nationaux et étrangers et j’en passe, devraient se pencher sur les excès de liberté dont ils usent et les moyens d’y remédier.

D’abord,que diriez-vous des constructions à la va vite sans autorisations municipales, des transporteurs de gravas qui les déversent n’importe où et des citoyens jeunes et moins jeunes qui jettent dans la rue ce qu’ils pourraient mettre dans un sachet( bouteilles en plastique, papiers, paquets de cigarettes, gobelets, canettes, cahiers en fin de période scolaire etc)?

Heureusement que les nouveaux Gouverneurs, fraichement élus, ont eu pour instruction de rétablir la propreté dans nos villes devenues des poubelles à ciel ouvert particulièrement dans les cités qui entourent la capitale.
A un autre niveau, certains journalistes, sous le couvert de la liberté d’expression et dans le souci de faire un «buz», nous abreuvent d’informations qui se révèlent, plus d’une fois inexactes ou incomplètes, encourageant les  adeptes de «facebook» à déverser de leur côté, impunément, des informations ou des commentaires erronés sur nos politiciens, sans aucun égard.

Sur certains plateaux de télévision, sous  couvert de liberté des médias, des personnes osent défendre Ben Laden, reconnaissent la qualité de martyrs à des terroristes, ou encore s’abritent derrière des procédures judiciaires pour dénier aux agents de la sécurité le droit de qualifier  de «terroriste» quelqu’un qui, le doigt sur la gâchette avec sa ceinture de dynamite, est décidé de les tuer sauvagement.

On a entendu dire qu’il faudrait attendre que le juge se prononce sur le «dossier» pour avoir le droit de le qualifier de terroriste comme si le juge, saurait, bien plus tard et mieux, de quoi le qualifier alors qu’au au moment où la vie de l’agent était en périlce dernier ne devait pas savoir qu’il avait affaire à un terroriste.

Je crois qu’il est temps que la profession crée sa propre charte pour quele professionnalisme et le respect du lecteur et de l’auditeur soit la règle.

Sur un autre plan, certaines associations ou ligues s’abritent derrière la nécessité de défendre les droits de l’homme pour réserver un traitement « doux » à des terroristes alors que la loi anti-terroriste devrait, à mon point de vue, s’appliquer, dans toute sa rigueur, à ces hors la loi.

N’est-ce pas une façon d’encourager inconsciemment ou non, les jeunes à la pratique du terrorisme puisqu’ils sauront ainsi qu’ils peuvent bénéficier de tous les égardset qu’ils ne pourraient pas encourir la peine de mort. En effet, il y a encore aujourd’hui, d'ardents défenseurs de la suppression de la peine de mort même dans ces cas extrêmes.

La liberté, un acquis à préserver

Où va-t-on au nom d’une défense absolue des droits et des libertés sans tenir compte du fait que le pays passe par une période des plus difficile?

Ces organisations ne devraient pas perdre de vue que la situation que traverse le pays nécessite, certes, une veille de tous les instants contre certaines dérives, mais pas au point d’ignorer certaines vérités et certaines circonstances.

N’omettons pas d’évoquer aussi ceux qui arrêtent la production ou certains services. Peu importe que ces arrêts de travail soient autorisés ou non par les syndicats ou qu’ils émanent ou non des unités dans lesquelles les « grévistes » travaillent ou non. Toutes ces personnes n’ont-elles pas  encore compris que ni le salarié, ni son patron, ni le pays n’a intérêt à ce que ces arrêts de travail, de plus en plus nombreux ces temps-ci, continuent.
C’est vrai que la grève, gain social incontestable, devrait être, selon la loi, un ultime recours, après épuisement de certaines procédures qui ne sont pas respectées parfois. Je pense que malgré cela il faudrait qu’on arrive à suspendre, conventionnellement, ces grèves, au moins durant une année ou deux années.

Il est vrai que l’Etat devra de son côté, s’engager à maitriser les circuits de distribution   (favoriser l’éclosion de coopératives de services agricoles de transport, de stockage et de transformation des produits, intégration progressive du commerce informel dans les circuits normaux, points de vente producteur/consommateur etc) pour maitriser la hausse des prix.

Le patronat, quant à lui, devra remodeler sa conception du management en associant, concrètement, le salarié à l’entreprise,  en se préoccupant du niveau de vie réel de ses collaborateurs et de leur épanouissement et en  ne se réfugiantplus derrière les limites prévues par les conventions collectives âprement négociées avec les syndicats.

Les syndicats devenus multiples doivent s’entendre entre eux, coordonner leurs actions dans l’intérêt du salarié, de l’entreprise et du pays et éviter de se livrer un combat de «parts de marché» préjudiciable à tout le monde.
Un brassard au bras du salarié n’est-il pas amplement suffisant pour inviter le patron à voir avec le syndicat ce qui se passe et s’entendre sur la solution à apporter au problème posé ?

Normalement si le patron est à l’écoute de ses employés, même le brassard n’aurait plus sa raison d’être surtout si les syndicats jouent pleinement leur rôle en inculquant au salarié le goût du travail bien fait et de la productivité et en lui faisant savoir que son intérêt réside dans la prospérité de l’entreprise !

Quant à l’imbroglio de la CPG et du Groupe chimique, il doit être résolu, une fois pour toute, autour d’une table réunissant l’Etat, les autorités régionales, le syndicat ainsi que les représentants des entreprises concernées, ceux des ouvriers actifs et non actifs  y compris  ceux qui n’ont aucun lien avec la CPG et qui se permettent d’arrêter la production.

A la limite, Je préfère que la CPG alloue aux demandeurs d’emploi une allocation chômage sur le produit de ses exportations à venir (à régler ultérieurement par l’Etat) plutôt que cette unité arrête sa production et perde ses marchés.

Enfin, un mot sur la liberté de créer un parti politique. Imaginez plus de 150 partis en compétition et la difficulté pour l’électeur de faire son choix. Ce ne sont pas les deux minutes de TV qui l’éclaireront. Bien des partis devraient quitter la scène en participant à des regroupements.Le pays n’a besoin,à mon humble avis que, de trois ou quatre partis. Je pense à Ennahdha et les salafistes non jihadistes, à Nida Tounes et qui, à la longue devrait regrouper tous les Destouriens après l’exercice de la justice transitionnelle et  enfin un grand parti démocrate progressiste qu’on pourrait qualifier de parti du centre. Le reste ce sont des égos assoiffés de Pouvoir ou des idéalistes n’ayant pas les pieds sur terre. Le système électoral devrait favoriser l’émergence de ces trois tendances.

On devrait avoir tous la clairvoyance et le courage d’en faire un bon usage surtout que notre pays a besoin de Paix et de labeur pour retrouver le chemin d’un développement en faveur de tous ses enfants.

Mokhtar El Khlifi
 

Tags : facebook   Libert   terroriste   Tunisie  
Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
1 Commentaire
Les Commentaires
T.B. - 28-03-2014 03:52

La liberté Mr. est une valeur inestimable, elle a été à l´origine de tous les bouleversements dans le monde; que se soit de l´esclavage, le passage d´un mode de production à un autre dont les philosophes on parlé. Il y a plusieurs sortes de paroles , il ya la parole romantique, économique, philosophique , sociale , littéraire etc.. Et en démocratie la liberté est absolument primordiale,il ya quelqu'un , peut être un écrivain, qui a dit quand l´homme cesse de jeter des pierres et à la place il jette un mot alors là commence la civilisation. Bien sûr il y a des problèmes à la suite d´une Révolution mais les Tunisiens devraient être heureux de n'avoir pas connu le sort de la Révolution Française où il y a eu en dix ans 7000 guillotinés et des centaines de milliers de tués. Dans une démocratie personne n´est au-dessus de la loi, le pays appartient à tout le monde; bien sûr il y a aussi une police qui a besoin de réformes, il y a l´armée aussi. Le problème est qu´il faut changer d´attitude, personne ne devrait être mieux placé pour décider du bien du pays. Nous tous voulons que la liberté existe, que le pays se développe ou quoi? La liberté est essentielle ´´mais c´est aussi difficile. En comparaison, les conflits sociaux, les inégalités sont faciles à régler.

X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.