Qui veut jouer la carte du séparatisme ?
Les Tunisiens et notamment ceux des gouvernorats du Sud vivraient-ils, sans le savoir, sur une mer de pétrole? C’est du moins l’idée que certains sites sur la Toile, proches d’Ennahdha, cherchent inlassablement à accréditer depuis le départ de ce parti du gouvernement. Citant des «experts» dont on n’avait jamais entendu parler jusque-là, ils nous révèlent que ces régions détiendraient des réserves équivalant à celles des pays du Golfe réunis. On nous parle d'un milliard de tonnes de pétrole. Converties en dollars, cela nous donnerait, toujours selon ces experts, cent milliards, soit cinq fois notre dette extérieures et trois fois notre PIB. De quoi faire de ces régions un eldorado, et de la Tunisie un pays de cocagne, un nouveau Dubaï, et non une nouvelle Grèce, comme les prophètes du malheur ne cessent de nous le prédire. De quoi en finir, aussi, avec le FMI, ses prêts à taux d’usurier, ses oukases qui nous empoisonnent la vie depuis des décennies, ces visites humiliantes de nos dirigeants à l’étranger pour quémander leur aide, et ces redevances (itawat) suspendues au-dessus de nos têtes, comme une épée de Damoclès.
Les quatre ou cinq gouvernements qui se sont succédé depuis la révolution, y compris ceux de la Troika seraient-ils à ce point incompétents et de surcroît masochistes pour avoir négligé cette manne tombée du ciel au bon moment et accepté les contrats léonins qui leur ont été imposés par les compagnies pétrolières?
Interpellé à l’Assemblée, au début du mois de mars, le ministre de l’Industrie n’a pas jugé bon de répondre à ces balivernes, mais a tenu à faire justice des accusations lancées par les mêmes sources selon lesquelles l'octroi de concessions aux compagnies pétrolières a été mal négocié. Sur cent barils de pétrole, 75 reviennent à l’Etat, ce qui constitue l’un des taux les plus élevés du monde.
Pourtant, les manifestations se sont multipliées ces dernières semaines dans le sud-est du pays, fief d'Ennahdha réclamant que ces richesses réelles ou supposées profitent en priorité à ces régions. Etonnée par cette combativité retrouvée après deux ans de calme malgré un taux de chômage record (75%), la veuve du dirigeant de Nidaa Tounès dans la région de Tataouine, Lotfi Nagdh rappelle sur sa page facebook que pendant toute cette période, l'UGTT a vu ses locaux attaqués et parfois incendiés à chaque fois où le syndicat essayait d'attirer l'attention sur les problèmes sociaux de la région. Ce qui ne fait que confirmer la connivence entre les protestataires et le parti islamiste..
On serait malvenu de reprocher à des populations frustrées pour avoir ajouté foi si facilement, tel un noyé qui s’accrocherait à un fétu de paille, à ces miroirs aux alouettes. Par contre, ce qui est condamnable, c’est le manque de scrupules de certains politiciens qui, par opportunisme, n’ont pas hésité à tremper dans cette vaste entreprise de mystification, d'autant plus que l’affaire a pris une autre tournure: on n'hésite plus à jouer la carte du séparatisme, comme hier au Soudan et comme on essaie de le faire, aujourd’hui, en Libye et en Syrie, en mettant à profit la faiblesse de l’Etat. Faute de clivages linguistiques ou religieux, on se rabat sur les conditions sociales des habitants de ces régions qui contrastent avec les richesses de leur sous sol. Au fait, cela ne vous rappelle-t-il pas le projet d’Ansar Echaria de diviser le pays en trois émirats qui a été dévoilé par le ministre de l'Intérieur ?
C’est d'ailleurs, ce à quoi s’emploient des sites dont on connaît la proximité idéologique avec les amis d’Abou Iyadh. Ils sont relayés par une chaîne proche d’Ennahdha qui parle d’une «deuxième révolution» et d’une «intifadha», appelant les habitants à sortir dans la rue pour faire prévaloir leurs droits et au besoin brandir la menace d'une sécession. Malheureusement, cela se passe dans l'indifférence générale, sans que les médias et a fortiori la population qui a d'autres chats à fouetter ne s'en inquiètent outre mesure. 0n comprend qu'Ennahdha fasse feu de tout bois en cette période préélectorale, n'hésitant pas au besoin à vendre des chimères. Après tout, cela lui avait réussi lors des élections avec ses 365 propositions et leur promesse de créer 400.000 emplois. Mais il est une ligne rouge qu’il ne faut pas franchir : l’unité du pays.
Hédi Béhi
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Il ne faut jamais sous estimer les croyances du people, en tout cas ayons le courage et entrer en fête réellement car ce milliard de tonne de petrol donnerait plus de six cent milliards de Us dollars. Il 159 litres dans un baril et le baril aujourd´hui 101 dollar le baril. soit dans une tonne il ya six et quelque de barils, disons il ya six baril dans une tonne soit un milliard multiplié par six cent= six cent milliards de dollars. La séparation serait un dommage dans ce cas. A votre santé!
Cher collègue Hédi, « Sortez de votre léthargie, messieurs les dirigeants…Faites nous rêver ! », écrivait récemment sur ce même « Leaders » un autre Hédi (Sraieb) avec qui j’ai longuement discuté « économie » à la faveur de son passage en Tunisie. Mais l’appel de Hédi s’inscrivait dans une perspective diamétralement opposée à celle, pernicieuse, de ceux qui vendent des chimères et font miroîter l’Eldorado à nos Sudistes (au bout du rouleau … compresseur) à des fins électoralistes! Après tout, il est aussi facile (sinon plus) de vendre des houris du Paradis à des jihadistes écervelés et fanatisés que de vendre du rêve… le rêve d’une manne sortie du sous-sol (encore mieux que tombée du ciel) & prometteuse d'un Eldorado Hic & Nunc, ! Ceci d’une part… D’autre part,, et étant donné le tollé orchestré autour de la CORRUPTION tous azimuts dénoncée à coup d’articles sur le Web, de vidéos youtubiennes et encore mieux sur l’écran national, je pense (très modestement, très sincèrement) qu’il est temps de re-mettre sérieusement la question de nos richesses (sol/sous-sol et autres) sur le tapis… Mais quel tapis ? (je ne crois pas beaucoup aux ‘Conférences nationales’ qui bouffent de l’argent et restent, généralement, sans lendemains (Nous en avons déjà deux programmées, sur l’Economie et sur le Terrorisme, ‘sine die’) et encore moins aux ‘Commissions d’enquête’ qui repoussent la publication de leurs résultats aux calendes … tunisiennes !)… Ce tapis pourrait-il être un GROUPE de vrais Chercheurs Bénévoles, une sorte de ‘think tank’ regroupant de vrais analystes/chercheurs parmi ceux que notre pays possède de meilleurs (compétence/indépendance/dévouement…) pour diagnostiquer/analyser/proposer bénévolément des solutions, à condition que les résultats de leurs travaux soient soutenus/défendus à cor et à cri par la Société Civile…. et surtout publiées et non pas enterrés dans les tiroirs, à l’instar de certains pseudo-‘Instituts d’Etudes Stratégiques’ qui se tournent les pouces, chassent les mouches, ne Recherchent rien donc ne trouvent rien (bref, des coquilles vides), mais bouffent nos deniers Républicains!!! J’ai été long et ne sais plus si j’ai fermé la parenthèse… En tout cas le débat se poursuit… sur Leaders…
Allez, encore une nouvelle trouvaille : le sud qui veut tourner le dos au reste du pays en demandant son indépendance!! C'est vrai que le pays est tellement vaste qu'une session d'une partie de son territoire ne lui posera aucune difficulté. Au contraire, la nouvelle Tunisie (je veux dire ce qui restera de la Tunisie mère, CQFD)retrouvera son rang de premier exportateur dans la région !! Eh oui, on va pouvoir exporter nos patates, nos tomates, nos pattes,...à nos amis sudistes qui manqueront de tout! Ah oui, j'ai oublié l'eau; oui c'est très important l'eau douce pour nos amis du sud car il manque cruellement dans cette région du globe. Par ce biais, la Tunisie deviendra le premier pays exportateur d'eau au monde. Cerise sur le gâteau : tout ça se fera sans formalités douanières et avec une seule monnaie le dinar. Sauf si nos voisins du sud refusent; et là il ne faut pas discuter avec eux. Au contraire, il faut tout de suite construire un mur entre les frontières pour isoler ses traitres de sudistes surtout si Ennahdha prendra le pouvoir là-bas!!.
Rien d'étonnant ou plus exactement c'est étonnant de ne s'apercevoir de ça qu'aujourd'hui Ennahda et ses dirigeants sont venus en conquérants ,ils n'ont pas cessé de le répéter à chaque fois que l'occasion se présentait et de diverses façons ,directes ou camouflées dans des discours mielleux. Personnellement je ne suis d'aucun parti mais contre ceux là j e suis prêt à voter pour le diable .