Devoir national et réalisme politique
Les urnes ont fait tomber leur verdict impitoyable qui ne satisfait personne. Une très courte majorité pour Nidaa, talonné par le puissant parti d’Ennahdha qui perd la majorité au Parlement, l’émiettement, voire le laminage des forces démocratiques qui ont fait une mauvaise lecture de la situation et enfin l’exclusion des partis RCDistes.
Pour Nidaa qui a remporté ces élections sans grand panache, c’est un cadeau empoisonné dans la mesure il parviendra difficilement à constituer une majorité au Parlement avec ses 85 sièges sur 217.Il devra chercher 24 voix pour avoir la majorité requise de 109 voix.
A mon sens, il lui est difficile de compter sur les seules voix (15) du Front Populaire en raison de son programme économique trop à gauche et avec une orientation peu enviable pour une reprise de l’investissement national et surtout étranger. Remettre en cause le règlement de la dette tunisienne est un obstacle majeur à difficile à surmonter.
Peut-il compter sur les voix (17) d’UPL ?Déjà les déclarations de certains dirigeants de Nidaa montrent qu’ils ne «gobent» pas ce parti et lui dénient même la qualité de parti qui se montre déjà un peu trop gourmand puisqu’il réclame, à grands cris, des postes importants (économie, Finances que sais-je encore ?) que Nidaa n’est pas près de les lui accorder car il foisonne de compétences.
Nidaa pourrait, sur la base d’un programme clair constituer un noyau dur avec Affek. Mais les 8 voix d’Affek sont insuffisantes pour constituer une majorité.
Nidaa ne pourra pas compter sur les autres petits partis, à moins qu’il court le risque d’une instabilité gouvernementale.
Restent les voix d’Ennahdha (16 voix sur 70) pour atteindre une majorité stable composée de Nidaa (85 voix, Affak 8 voix, Ennhdha16 ).Là il y a des obstacles majeurs à dépasser. Nidaa perdra la confiance de ceux qui lui ont accordé leur confiance pour contrebalancer « l’ogre » qui s’est engagé à remettre en cause leur modèle de société. Ce dernier sera-t-il prêt de tenir un Congrès pour amender sa charte qui devra montrer qu’il s’est démarqué des frères musulmans et qu’il a décidé de faire une nette séparation entre le politique et le religieux ?Le Cheikh qui a montré plus d’une fois son réalisme politique ( question de la « chariaa »,complémentarité de la femme, révision du projet de Constitution du 1ER Juin (dont s’est enorgueilli MBJ), acceptation enfin du dialogue National, démission du Gouvernement etc.) est en mesure de le faire. Mais sa base est-elle prête de le suivre ?
Que reste-il à faire pour BCE?
A mon sens,il s’orientera tout droit vers la constitution d’un Gouvernement de technocrates indépendants qui appliquera un programme économique et social arrêté par les partis et les principales composantes de la société civile (UGTT et UTICA) d’où l’urgence qu’il y a à remettre en selle le « Dialogue National » autrement composé.
A mon avis, cet organe devrait comprendre, outre les représentants des principaux partis politiques, ceux des partis historiques qui ont été écartés par la technique du « vote utile » et des représentants de la société civile.
Le programme économique et social de Nidaa servira de base de discussion. Un dénominateur commun devra être dégagé et c’est ce nouveau programme qui servira de cadre à l’action du futur Gouvernement. Ce cadre sera soumis, bien entendu, à l’approbation du Parlement.
Je pense qu’en dehors de cette démarche, il n’y a point de salut car on engagera le pays dans une ère de turbulence dont on fera bien de faire l’économie !
Inutile de rappeler que le pays attend des réformes importantes et parfois douloureuses pour que le pays soit remis sur les rails.
Le pays a vécu l’expérience d’absence de vision économique, de la mollesse, des tergiversations, de la peur de prendre les grandes décisions et des contradictions entre les trois composantes du Pouvoir surtout avant le Gouvernement Jomaa ( affaire Baghdadi ) à qui nous devons lui rendre un vibrant hommage pour avoir conduit le pays vers des élections saines et hautement sécuriséesgrâce au concours de notre armée et de nos forces de sécurité que nous félicitons bien vivement.
Nous avons besoin d’un Pouvoir politique fort, sans être dictatorial, pour redresser le pays et le remettre sur la voie du travail et de la productivité qui conditionnent une redistribution équitable des richesses produites entre les citoyens et les régions.
Les élections présidentielles approchent à grand pas. Les candidats sont relativement nombreux.
Ceux qui ont perdu les élections législatives par égo, recherche du Pouvoir ou mauvais calcul politique doivent avoir la pudeur de s’écarter vu leur poids politique réduit à la portion congrue au lieu de brandir l’épouvantail du retour à la dictature, ignorant à dessein qu’après le 14 janvier 2011, ni les institutions mises en place, ni le bon et courageux peuple tunisien avec sa vaillante société civile, ni sa presse libre et courageuse parfois à outrance ne le permettront plus, plus jamais !.
Aux «indépendants» que les élections ont montré qu’ils n’ont plus de base pour les soutenir, d’avoir le courage de se désister et de se réserver pour d’autres fonctions au service de ce pays meurtri.Nous leur en serons reconnaissants.
Ce comportement responsable nous permettra de conforter le résultat des élections législatives et de nous faire gagner un temps dont le pays a tant besoin.
Renouvelons notre confiance à ceux que le peuple a désignés pour conduire le pays, faisons en sorte qu’ils bénéficient d’un préjugé favorable mais restons toujours aux aguets pour redresser la barre.
Vive la Tunisie !!!
Mokhtar El Khlifi
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Rien ne permettrait le retour á la dictature,dont acte. on a nommé la société civile, les institutions etc..mais pas l´armée pourtant c´est l´armée qui aurait refusé l´ordre de repression de la revolution donné par Ben Ali. Il y a eu aussi un gouvernement sous la Troika mais ne l´ pas utilisée contre le people, souvenons-nous de la liberté d´expression totale, la Constitution, est-ce que la liberté d´expression serait garantie avec Nidaa?
ET SI LES INDEPENDANTS SE RALLIENT A NIDA TOUMES