Elections : entre "vote utile" et "vote sanction"
Trois ans après l'élection de l'assemblée nationale constituante (octobre 2011),la tunisie a été une fois de plus présente au rendez-vous avec l'histoire ce 26 octobre 2014 .
Une semaine avant cette date historique pour les Tunisiens, force est de reconnaître que l'ambiance était plutôt morose comparée à l'ambiance de 2011. En effet, durant ces trois années de règne nahdhaoui et celui de la troïka ,l'espoir de voir le pays se relever des divers marasmes sociologique ,économique et politique ,s'est réduit ,chez les tunisiens ,comme peau de chagrin.
Craignant que ces frustrations populaires n'affectent la participation des citoyens aux élections de 2014, la société civile s'est jeté corps et âme dans une campagne de sensibilisation et d'encouragement pour faire prendre conscience aux tunisiens de l'importance de l'enjeu et celle de leur participation au devoir électoral .Le pari n'a été que partiellement gagné.
En effet sur 8 millions d'électeurs potentiels, 5 millions 200 mille se sont inscrits et 3 millions se sont présentés aux urnes .On estime à 65 % le taux de participation : il n'y a pas vraiment de quoi s'extasier ,surtout lorsqu'on constate que le plus grand absent de ces élections sont les jeunes .
Bien sûr, on ne va pas bouder le plaisir de voir écarter par les urnes tout ceux qui ont voulu porter atteinte à la spécificité tunisienne . Ceux, qui ont voulu détruire l'état de droit et le remplacer par un état de foi. Ceux qui de leur temps ont assisté indifférents à l'assassinat de deux de nos meilleurs militants : Chokri Belaid et Mohamed Brahmi .Sans compter le bain de sang dans lequel ont baigné les héros de notre armée, de police et de notre garde nationale.
Les Tunisiens n'auront plus à supporter l'arrogance et la suffisance de cette coalition infernale formée par une majorité de personnalités aigries et qui profitaient des plateaux télé pour déversé leur haine et assouvir leur désir de vengeance . Personnalités incompétentes n'ayant réussi qu'à dégoûter les tunisiens de la "chose politique" et de l'ANC, le résultat est là: le taux d'abstention frôle les 35%.
Une peur viscérale s'est emparé du peuple tunisien à l'approche des élections ,peur de voir revenir le parti islamiste au pouvoir. cette crainte explique l'engouement des citoyens pour le vote utile. Un "vote utile" qui, au passage a fait pas mal de dommages collatéraux.
Une grande partie des électeurs ,ont affirmé dans plusieurs témoignages, avoir " laissé tomber provisoirement " leur parti d'origine et voté utile à la dernière minute, c'est à dire voter pour le parti Nidaa Tounes.
Malheureusement , ce vote a porté un coup de grâce à plusieurs partis qui ne méritaient nullement d'être évincés et qui avaient une légitimité suffisante pour être présents dans cette assemblée.
Une erreur assasine que beaucoup regrettent déjà maintenant et sûrement plus tard ,quand le problème d'alliance se posera parceque ce sont les "alliés" qu'on a sacrifié sur l'autel du "vote utile": ces alliés ,ex députés et autres partis démocrates militants ne méritaient pas cela.
La voie de la démocratie est ,certes jonchée d'échecs, mais aussi de réussites et les portes de sorties honorables existent.
Les victoires sont éphémères surtout en politique ,le parti islamiste Ennahdha en a fait l'expérience par le "vote sanction". Par contre les échecs peuvent, eux, aider à la reconstruction.
Il est vrai que Le paysage politique tunisien a changé en une image plus radieuse ,plus positive. Chacun de nous à voté ,chacun de nous à fait son choix en son âme et conscience(on l'espère!): c'est ce qu'il faut retenir.
Aux nouveaux dirigeants de ne pas avoir une mémoire courte et continuer a ignorer cette jeunesse plongée dans le désespoir.
Quand aux partis qui ont fais les frais de cette nouvelle "configuration électorale ",de nouveaux combats les attendent, ainsi va la vie politique.
Latifa moussa
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"Une peur viscérale s'est emparé du peuple tunisien à l'approche des élections ,peur de voir revenir le parti islamiste au pouvoir." Ce parti a quand même reçu 30% du vote (Nida autour de 38%) De quel droit Latifa Moussa ose-t-elle parler au nom du peuple tunisien??? Ça, c'est de l'arrogance.