Opinions - 24.11.2014

La victoire à la présidentielle le 28 décembre est inscrite dans le premier tour

Comprendre le vote des Tunisiens

Face aux 26 concurrents dont 5 se sont retirés pendant la campagne électorale présidentielle, le candidat de Nida Tounès Béji Caïd Essebsi obtient 42,7% des suffrages exprimés selon une totalisation des résultats à la sortie des urnes, établie par Sigma conseil et accède au second tour en compagnie de Moncef Marzouki  qui aurait eu selon le même institut de sondage 32,6% des suffrages. Le taux de participation est de 64,4%, suivant l’Instance supérieure indépendante pour les élections(ISIE). Un taux légèrement plus bas que lors des élections législatives (69%), il y a un mois. Les résultats de ce premier tour permettent de dresser la radiographie des électorats du second tour, de prévoir les reports de voix entre premier et second tour et de comprendre les motivations profondes du vote des tunisiens.

Généralement l’élection d’un président de la République est inscrite dans les résultats du premier tour. Ces derniers permettent d’anticiper ce qui pourrait se produire au deuxième tour prévu pour le 28 décembre 2014.
Le 23 novembre, le candidat de Nida est en tête, suivi de loin par son adversaire Moncef Marzouki (MM) qui a essayé tel un noyé de se raccrocher à son siège au Palais de Carthage, tant son mandat de président provisoire de la République a été calamiteux. L’écart entre les deux hommes et la réserve de voix plus importante en faveur de BCE au second tour laissent prévoir une victoire écrasante de ce dernier sur son rival qui à l’évidence s’est avéré incapable de convaincre les Tunisiens du bien-fondé de sa politique. Le verdict est sans appel. Malgré sa campagne agressive marquée par des attaques virulentes, MM n’a pas réussi à conjurer son impuissance.

Trois constats.

C’est un tournant dans la vie politique tunisienne. Les Tunisiens plébiscitent BCE et sanctionnent la gestion catastrophique de MM et son alliance avec les salafistes et la milice des ligues de protection de la révolution dissoutes par décision judiciaire.

Pendant les derniers jours de la campagne électorale présidentielle, les Tunisiens ont assisté à une bipolarisation du débat politique à telle enseigne que cinq candidats se sont retirés de la compétition. Les origines de cette bipolarisation résident dans les résultats des législatives du 26 octobre 2014 donnant 70,34% des sièges aux deux partis en tête : Nida Tounès suivi d’Ennahda. Le scrutin présidentiel confirme cette tendance; leurs deux candidats ayant accaparé 75,3% des voix exprimées.

Le premier constat est que l’électorat du premier tour de BCE a manifesté un vote d’adhésion à son projet de société avant-gardiste, à son état d’esprit d’homme d’Etat confirmé et de leader rassembleur. En même temps, la stratégie de MM consistant à égiter l'épouvantail du retour de l’ancien régime n’a pas fonctionné et paradoxalement s’est retournée contre lui.

Le second constat est que la position de BCE à la tête des élections présidentielles renforce le climat d’optimisme qui prévaut dans l’opinion publique en Tunisie et à l’étranger depuis le succès de Nida Tounès et les autres partis progressistes aux élections législatives du 26 octobre 2014.

Le dernier constat est que la victoire de BCE sur ses adversaires illustre sa bonne stratégie pour conquérir le pouvoir ainsi que la formidable efficacité de Nida Tounès, parti qu’il a fondé en 2012, et sa machine électorale performante.

Le sens du vote du premier tour

Les tunisiens ont voté largement pour celui qui incarne la crédibilité, la stabilité, la compétence, le pragmatisme, la sagesse et la défense des valeurs de la République et de la citoyenneté.

Les soubresauts de MM et ses partisans salafistes et milices des ligues de protection de la révolution, sont insuffisants pour renverser les reports de force qui vont donner une majorité plus que confortable à BCE lors du second tour de la présidentielle fixée au dimanche 28 décembre 2014.

La dégringolade de MM va se poursuivre au cours des semaines à venir. Les lignes bougeront très fort et très vite en faveur de BCE surtout avec l’entrée du camp des progressistes dans la bataille électorale à ses côtés. En effet, les intentions de vote pour le second tour sont très favorables à BCE.

Mohamed Salah Kasmi
*Ecrivain, essayiste, ancien administrateur général
et professeur de droit,
auteur de «Tunisie : l’islam local face à l’islam importé»
paru chez L’Harmattan, Paris, Octobre 2014.

 

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