Perdants et gagnants sont concentrés depuis dimanche soir l’analyse des données du scrutin. Entourés de leurs états-majors, ils scrutent les taux de participation, les estimations à la sortie des urnes et les premiers résultats publiés au fur et à mesure par l’ISIE. Tous ou presque lancent leurs experts en statistiques pour essayer de comprendre leurs résultats et identifier ceux qui ont voté pour eux ceux qui les ont boudés. Quant aux deux finalistes, Caïd Essebsi et Marzouki, ils cherchent à cerner de près les gisements potentiels de voix à conquérir. Passés les premières émotions de l’annonce des estimations et en attendant la confirmation officielle par l’ISIE, ils sont déjà en mode alliances à nouer et report possible de voix à compter. Le duel pour Carthage sera serré.
Les perdants ont d’autres soucis. Si pour Hamma Hammami, Slim Riahi et Hachemi Hamdi, ayant réalisé, tout compte fait, un score « honorable », même s’ils aspiraient à plus, la question financière ne se pose pas. Ayant dépassé la barre des 3% de voix obtenues, ils ne sont pas redevables de rembourser la dotation électorale publique qui leur a été avancée. Les autres doivent d’une part justifier leur échec à l’égard de leurs équipes et électeurs et surtout, boucler leur financement et préparer leurs documents. Locaux, voitures et équipements loués, personnel recruté, commandes lancées auprès des fournisseurs et autres questions d’intendance sont à liquider. Il en va de même pour les législatives.
A vos comptes
Il y a plus important et urgent : solder leurs comptes de campagne. Selon Nidhal Ouerfelli, ministre auprès du Chef du gouvernement et porte-parole, 1312 listes aux législatives parmi les 1326 listes candidates, avaient bénéficié de la première tranche du financement public pour un montant total de près de 6 millions de dinars. Le recouvrement auprès des listes n’ayant pas obtenu 3% des voix est estimé à 4 millions de dinars.
Pour les présidentielles, chaque candidat est éligible à une dotation de 79.629 D et en a perçu la moitié, en première tranche, soit 39.629 D. Pour les deux finalistes retenus au second tour, le financement public sera à hauteur de 52.838, chacun.
Dans une injonction notifiée lundi,
la Cour des Comptes vient en effet de les inviter à déposer dans un délai n’excédant au plus tard 45 jours à partir de la déclaration des résultats définitifs des élections législatives leurs documents justificatifs. Les partis politiques et listes candidates ayant participé à la campagne électorale pour les élections législatives, sont tenus de présenter les pièces originales suivantes :
- Le relevé du compte bancaire unique ouvert au titre de la campagne électorale,
- L’état récapitulatif des recettes et des dépenses électorales signé par le candidat tête de liste et le mandataire financier, conformément au modèle préparé par l’ISIE et publié sur son site web et sur le site web de la Cour des comptes,
- L’état détaillé des manifestations et activités organisées durant la campagne électorale, approuvé par l’ISIE) ou déclaration néant en cas de non réalisation de manifestation,
- Le registre coté et paraphé par l’ISIE consignant l’ensemble des recettes et des dépenses d’une façon chronologique, sans rature ni modification tout en précisant la référence des pièces justificatives,
- Les pièces justificatives des recettes et des dépenses électorales,
- Les carnets des reçus des dons en numéraire et des dons en nature) ou déclaration néant en cas de non réalisation de recettes à ce titre.
Ces pièces doivent être accompagnées d’une comptabilité cumulée pour toutes les opérations effectuées dans les circonscriptions électorales concernées.
Ainsi va la démocratie !