Décidément les trafiquants ne lâchent rien. La recrudescence des trafics en tous genres n’a pas épargné les oiseaux. C’est ainsi que l’Association « Les Amis des Oiseaux » (AAO), alertée par une annonce de vente d’un Vautour percnoptère, a pu récupérer le jeune vautour et le mettre à l’abri, avant de le libérer, dimanche dernier dans la région de Zaghouan. Une belle histoire qui démasque un trafic crapuleux. Lisons le récit de l’AAO que préside Hichem Azafzaf.
Ces dernières années l’Association « Les Amis des Oiseaux » (AAO) a constaté une véritable flambée du trafic illégal des oiseaux sauvages en Tunisie.
Les criminels impliqués dans ce commerce lucratif inventent constamment de nouvelles méthodes afin de se procurer des oiseaux et les mettre en vente. Ils se servent des technologies nouvelles même s'il s'agit d'espèces rares et menacées.
Ainsi, an mois de septembre 2014 une annonce de vente d’un vautour percnoptère est apparue sur le site web de petites annonces « Tunisie Annonces ». Espèce globalement menacée en continuel déclin en Tunisie et très prisé pour ses vertus thérapeutiques imaginaires, ce petit vautour, ne risquait alors pas seulement de passer sa vie en captivité, mais d’être tué et mangé par un malheureux malade dans l’espoir irréaliste de guérir d’un cancer ou d’une autre souffrance grave. Il n’y avait pas de temps à perdre et après plusieurs jours de recherches l’Association « Les Amis des Oiseaux » (AAO) en coordination avec la Direction Générale (DGF) des Forêts a pu récupérer le jeune vautour et le mettre à l’abri.
Il faut savoir que le
Vautour percnoptère (Neophron percnopterus) est un oiseau nicheur migrateur jadis présent dans tous les massifs de la Dorsale tunisienne. C’est un charognard qui se nourrit essentiellement de carcasses d’animaux. Il joue ainsi un rôle important dans le maintien de populations saines d’animaux sauvages et domestiques. Il intervient en quelque sorte comme « police sanitaire ». En 1990 sa population nicheuse a été évaluée à 100 - 150 couples, mais depuis, cette population ne cesse de se réduire à cause du braconnage et du trafic illégal.
Après avoir passé les derniers deux mois en réhabilitation chez le vétérinaire de l’AAO, le jeune vautour est maintenant en bon état pour être
libéré le dimanche 7 décembre 2014. Comme l’espèce est connue pour faire de longs déplacements pour chercher de la nourriture, l’oiseau se déplacera probablement vite en dehors de la zone dans laquelle il va être relâché. Il pourrait s’installer ailleurs en Tunisie ou même tenter de migrer vers l’Afrique subsaharien. Ainsi, afin de suivre ses déplacements, l’AAO l’équipera d’un GPS.
Reste à signaler que l’AAO a déjà mis en garde les sites de petites annonces tunisiens qui continuent à publier la vente d’animaux sauvages contre cette pratique illégale. Le président de l’association, M. Hichem Azafzaf, lance un appel aux citoyens tunisiens : « La vente et l’achat d’animaux sauvages sont interdits en Tunisie et tout Tunisien conscient et patriote doit respecter la loi et dénoncer ces pratiques auprès des autorités compétentes. Pour ce qui est des oiseaux sauvages, c’est l’AAO qui collecte les informations sur les infractions. J’invite tous les Tunisiens de partager leurs observations avec nous afin que nous fassions cesser le trafic. »
Crédit photos: Claudia Feltrup-Azafzaf et Hichem Azafzaf
Mansour Lahyani - 09-12-2014 10:38
Bravo à la vaillante A.A.O., qui ne lève pas le pied mais continue sa chasse... aux ennemis de la Nature sauvage, que nous devons coûte que coûte préserver ! Il faudra, désormais, se consacrer à la répression d'une autre activité criminelle, celle des princes moyen-orientaux et toujours médiévaux, qui continuent leurs carnages d'oiseaux et autres animaux protégés dans les régions du Sud, et qui prouvent chaque jour qu'ils sont bien plus protégés que leurs pauvres proies !!
Adnène - 09-12-2014 19:53
Malheureusement ce trafic ne porte pas sur les oiseaux: tout y passe, caméléon, serpents, rongeurs ....rien n'échappe au trafiquants.
Il faut dire qu'ils sont encouragé par d'abord une couche d'ignorance à la limite de la débilité pour accorder des vertus ou des maléfices qui remontent aux périodes les plus obscures de l'humanité. Les structures répressives policières, douanières sont occupés par des questions plus graves, mais quand un dossier bien ficelé leur parvient ils n'hésitent pas à lui donner la suite judiciaire.
Mais ces problèmes ne trouvent pas leur solution dans la répressions judiciaire, une prise de conscience par l'éducation et une culture du respect de l'animal sont à implanter. C'est vrai le chemin est long, difficile surtout que les gens nantis qui ont réussi socialement en Tunisie (notamment l'ancien clan de Zaba)se prévalent d'avoir un animal sauvage le plus souvent "impressionnant" comme signe extérieur de richesse. Hélas souvent ce "signe de richesse" déjà mal traité tout au long de la filière de braconnage,l'ignorance du propriétaire des soins nécessaires .....font que l'animal meurt dans la pire des souffrances avec une tranquillité de conscience du propriétaire, qui est disposé à se faire fourguer un autre animal en remplacement. Ceci sans parler des charlatans qui font manger n'importe quoi à des malades désespérés .... donner à manger à un humain de la viande de vautour c'est criminel, il y a de réels risques d'intoxication et de maladies mortels.