Nidaa Tounès : gare à la déconcentration !

Cela va sans dire mais doit être dit: pour réussir une campagne électorale, il faut surtout une bonne communication. Cela implique notamment de bons débaters capables de défendre leur candidat dans les médias.

A quelques jours du scrutin du 2e tour de la présidentielle, Nidaa Tounès, comme grisé par sa victoire aux législatives  semble faire peu de cas de ces vérités d’évidence, trouvant bien du mal à garder sa concentration. Comment  interpréter autrement, le fait que ce parti soit devenu aussi peu regardant sur les personnes qu'il charge de le représenter les débats télévisés et au surplus se payant même le luxe de ne pas les briefer au préalable. Ce qui s'est passé lors de l'émission dominicale de Samir El Ouafi sur El Hiwar Ettounissi est assez révélateur à cet égard. Disons-le d'emblée, l'émission n'a pas failli à sa réputation : une foire d'empoigne où les arguments échangés volaient au ras du sol.

Fraichement débarqué au parti, le représentant de Nidaa, rompu pourtant aux joutes oratoires, mais mal à l'aise apparemment dans ses habits neufs de Nidéen de la 11e heure, a été souvent incapable de riposter aux contre-vérités que débitait inlassablement celui du C.P.R.  Etait-il si difficile de répondre que BCE n'avait  jamais qualifié les électeurs de Marzouki de terroristes, mais d'islamistes, un terme qui n'avait rien de péjoratif ou de rappeler que le président de Nidaa a sillonné le pays de long en large dans le cadre de sa campagne contrairement à ce que voulait faire accroire son interlocuteur.  Et que dire de cet invité, venu à le rescousse du  représentant de Nidaa lorsque celui du CPR aborda, comme d'habitude, l'âge avancé de Si Béji, qui nous annonça triomphalement que très bientôt, l'être humain pourrait vivre...250 ans ?

Pendant plus de 90 minutes à a eu droit à des échanges de cet acabit.  Seul rescapé du naufrage, Cheikh Mourou qui a reconnu à la fin de l'émission qu'il en sortait «plus inquiet que jamais sur l'avenir de la Tunisie». Nous aussi.