Monsieur le Président, amendez les avantages du chef de l'Etat
Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, Me Abdessalem Kallel l’invite à amender ou abroger la loi n°88, du 27 septembre 2005, relative aux avantages alloués aux présidents de la République dès la cessation de leurs fonctions. « Emblématique de la corruption financière et morale, plaide-t-il, elle est incompatible avec les objectifs de la Révolution et en conformité avec la bonne gestion des deniers publics ». « Je suis persuadé ajoute-t-il, que, dans le droit fil de la pensée du leader Habib Bourguiba dont vous êtes l’éminent héritier et dont chacun connaît l’intégrité et le profond désintéressement, vous veillerez à ce que ce nécessaire amendement ait un caractère rétroactif, de sorte que soient supprimés les avantages octroyés par une telle loi et que nul ne puisse, désormais, s’en prévaloir, ainsi que l’exige le respect des sacrifices des martyrs et des blessés de la Révolution ».
Tunis, le 10/01/2014
Monsieur le Président,
Il m’est agréable, en ce début de votre magistrature, d’attirer votre attention sur la loi n°88, du 27 septembre 2005, que nous héritons du Président déchu.
Cette loi, pourtant emblématique de la corruption financière et morale, a été négligée depuis le 14 Janvier 2011. Il est essentiel, aujourd’hui, qu’elle soit abrogée ou amendée sans délai ni atermoiement. Il faut savoir en effet qu’elle permet au Président de la République de bénéficier, au terme de son mandat, d’avantages et de prérogatives exorbitants, sans exemples dans les pays développés. Sachant que ce texte a été adopté, au début de la législature de 2005-2006, à l’insu du peuple et avec la complicité d’un Gouvernement et d’un Parlement entièrement dévolus au Président déchu, la question qui se pose alors est de savoir jusqu’à quand faudra-t-il attendre pour mettre fin à une telle aberration.
L’une des décisions qui devaient, tout naturellement, être prises, dès le 23 Octobre 2011, était d’amender ou d’abroger cette loi, afin que ceux qui eurent alors à assumer la charge de l’Etat fussent en cohérence avec les objectifs de la Révolution. Il n’en a rien été : ni le Gouvernement de la Troïka, ni l’Assemblée Nationale Constituante, ni le Président Intérimaire n’ont estimé que cette loi constituait une anomalie et faisait fi des droits du peuple tunisien.
Cette loi octroie en effet au Président, suite à la fin de son mandat, une pension de retraite représentant près de cent fois le salaire minimum du citoyen tunisien. Ou, autrement dit, le SMIG atteint environ 1% du montant de cette pension, sans compter les avantages en nature, plus excessifs et déraisonnables les uns que les autres, dont continue à en bénéficier le Président à la fin de son mandat et les membres de sa famille et qui leur seraient assurés à vie. Le caractère exorbitant de ces avantages, qui vont du logement au personnel de maison, aux voitures, à la sécurité, à la couverture médicale, n’ont point d’équivalant, à notre connaissance, dans les pays avancés. Ils sont d’autant plus inacceptables que nous sommes un pays en développement et que le tiers de la population tunisienne vit au-dessous du seuil de pauvreté et n’aspire à rien tant qu’à l’égalité, à la justice sociale et à une vie digne.
Mon souhait, Monsieur le Président, est que vous preniez vous-même l’insigne initiative d’œuvrer à l’amendement de cette loi afin qu’elle soit en harmonie avec les objectifs de la Révolution et en conformité avec la bonne gestion des deniers publics.
Je suis persuadé que, dans le droit fil de la pensée du leader Habib Bourguiba dont vous êtes l’éminent héritier et dont chacun connaît l’intégrité et le profond désintéressement, vous veillerez à ce que ce nécessaire amendement ait un caractère rétroactif, de sorte que soient supprimés les avantages octroyés par une telle loi et que nul ne puisse, désormais, s’en prévaloir, ainsi que l’exige le respect des sacrifices des martyrs et des blessés de la Révolution.
Je ne saurais terminer, Monsieur le Président, sans vous renouveler mes sincères félicitations et mes vœux de bonne santé afin que vous meniez à bien votre haute mission pour la réalisation des objectifs de la Révolution, la consolidation des fondements de la démocratie naissante et la défense de notre Tunisie que nous aimons tant et que nous voulons éternellement libre, prospère et invulnérable.
Maître Abdessalem Kallel
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